Mauvais pressentiment: la panne d'inspiration semble pire que d'habitude.
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Mauvais pressentiment: la panne d'inspiration semble pire que d'habitude.
Rédigé par Vincent Benard | Lien permanent | Commentaires (11)
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Je relaie, faute de plus d'inspiration, le coup de gueule de l'ami H16 : l'état dépasse les bornes de l'affliction en faisant enlever des enfants à sa famille d'accueil parce qu'elle s'en occupait trop bien. La DASS est tellement nulle qu'elle ne supporte plus la concurrence des familles ? http://bit.ly/cBD4vp
Rédigé par Vincent Benard | Lien permanent | Commentaires (0)
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Un Guest Post signé Jean-Michel Bélouve
Le XXIème siècle pourrait devenir le siècle du tout-électrique, comme le XXème a été celui du
pétrole, et le XIXème celui du charbon. Si l’on veut que l’usage de
l’automobile électrique se répande, que le chauffage ne soit pas
générateur de gaz plus ou moins nocifs tout en restant une solution à
portée de toutes les bourses, que l’industrie utilise moins
d’hydrocarbures importés, il convient d’assurer au pays les capacités de
production d’électricité à énergie primaire non fossile, et, dans ce
domaine, les centrales nucléaires constituent actuellement, et pour de nombreuses années encore, la solution la plus éprouvée, la plus
performante et la plus compétitive (avec l’hydroélectricité, qui manque
de sites pouvant être équipés). De plus, le combustible nucléaire
constitue une ressource qui sera disponible pendant des milliers
d’années.
Entre la décision de construire une centrale nucléaire
et le démarrage de sa production, il s’écoule environ huit ans. Si l’on
pense que l’électricité doit voir sa part de marché croitre au détriment
des hydrocarbures, c’est maintenant qu’il faut décider d’investir.
Emmanuel
Grasland, dans Les Echos du 24 février, rend
compte d’un projet de Gaz de France-Suez pour la construction
d’une centrale de type ATMEA, technologie nouvelle et complémentaire
d’EPR car adaptée à des unités de plus faible puissance. Le but est
double : élargir la part de marché national et européen de GDF dans
l’électricité, et créer une vitrine qui permettra de vendre ce type de
centrales à de petits pays, tels que la Jordanie, pour lesquels les
centrales EPR sont surdimensionnées. La stratégie de GDF parait donc
cohérente : marché porteur, choix d’un créneau délaissé par son
concurrent EDF…
Oui, mais une décision de marketing industriel ne
se prend pas comme cela dans notre beau pays. Les Echos concluent
l’article en exposant le point de vue étatique :
Un industriel ne peut donc définir son plan de développement en fonction des opportunités de marché, de ses ressources propres et de ses objectifs commerciaux. Il doit en passer par les fourches caudines de nos gouvernants. Liberté d’entreprendre ? Vieux souvenir !
Quant à l'argument "compte tenu de la désindustrialisation de la France", il laisse particulièrement pantois. L’état l’accepte comme une fatalité, et se fonde sur cet argument pour s’arroger de décider, à la place de l’industriel, ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Imposer taxe carbone ou un "paquet européen énergie climat" aura il est vrai pour conséquence de brader nombre de filières industrielles dans lesquelles notre pays a dans le passé exprimé son savoir faire de belle façon. Adieu raffineries, sidérurgie, métallurgie, cimenteries, verreries, chimie, papeteries, cartonneries, allez régurgiter votre CO2 en Inde et en Chine, ou au diable vauvert. Alors dans ces conditions, pourquoi nos politiques approuveraient-ils un réacteur nucléaire de plus ? Non, qu'importe que des moyens d'accroitre notre production de façon rentable existent, ils nous parlent de "maîtrise de l'énergie", pour ne pas dire son rationnement. La pollution de la pensée politique par l'écologisme de la décroissance le plus extrémiste est hélas de plus en plus flagrante.
Et puis, l'on apprend au détour d'une phrase que le projet déplairait à la CGT, face à laquelle nos dirigeants successifs ont pris l’habitude de se coucher ! Halte au nucléaire, Greenpeace et la CGT l’exigent ! Seuls ont droit de cité auprès de nos élites bien pensantes les agro-carburants dont nos agriculteurs ne peuvent plus se passer (faute de pouvoir développer leur marché dans le secteur des OGM), les éoliennes tellement peu productives, le photovoltaïque qui s’amortit en 60 ans, et, pactole escompté pour demain, la séquestration du carbone.Rédigé par Vincent Benard dans divers, guest posts | Lien permanent | Commentaires (8)
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Il y a peu, un débat faisait rage dans les pages "éco" de la blogosphère anglophone pour déterminer si, oui ou non, il y avait en formation une bulle immobilière en Chine. Les tenants du "non" arguaient des formidables besoins d'urbanisation d'un pays d'un milliard d'habitants en plein épisode d'exode rural, justifiant pleinement la frénésie de construction qui s'est emparée de la Chine depuis 5 ans.
Mais un potentiel ne crée pas une demande solvable, et les "bullistes" estiment que les taux de vacance immobilière observés sont constitutifs d'une bulle.
Je vous ai déjà parlé d'Ordos, la ville fantôme construite au milieu de nulle part aux trois quart vides, à la fin de l'année dernière. Mais partout dans le pays, les constructions qui demeurent vides se multiplient.
Ainsi, selon Bloomberg, 22% de l'immobilier commercial à Pékin (sur un total de 9,2 millions de m2) est vide, et pourtant, 1,2 millions de m2 supplémentaires sont en cours d'achèvement, portant le total de l'offre à 10,4 millions de m2... Les banques chinoises auraient de ce fait (le conditionnel est de rigueur avec les statistiques chinoises) une exposition au risque de 1,4 mille milliards de dollars, et les loyers qui ne rentrent pas dans les comptes des investisseurs pourraient multiplier par trois le taux de défaillance constaté sur les prêts hypothécaires. Et il n'y a pas que Pékin qui soit touchée.
La Chronique Agora, via seeking alpha, nous livre ce graphe montrant l'évolution de l'encours du crédit en Chine:
Selon l'article, citant une recherche récente portant sur 60 crises financières depuis 1860, une telle explosion soudaine des en-cours de crédit est l'indicateur le plus sûr de l'explosion soudaine d'une bulle.
Bien sûr, ces crédits n'ont pas alimenté que la spéculation immobilière. Bloomberg encore, comme je le faisais récemment, estime que les surcapacités industrielles chinoises atteindront des proportions gigantesques sous peu: aciéries, manufactures... Or, rien n'indique que les débouchés traditionnels de l'économie Chinoise (USA, Europe) ne retrouveront de sitôt le rythme de consommation qui était le leur dans le passé. Les économies émergentes et le possible futur marché commun sud est asiatique prendront un peu de temps pour pouvoir effectivement jouer un rôle de moteur de croissance de substitution de taille comparable.
Les chiffres du PIB chinois impressionnent, mais quelle est dans cette croissance la part des investissements immobiliers et industriels financés à crédit sans réels débouchés immédiats ? Je n'ai pu trouver de chiffre exploitable, mais tout porte à croire qu'une correction baissière doit être envisagée, et que le phénomène de surestimation du PIB que l'on a observé aux USA dans les années 2000 est également à craindre en Chine.
Du fait de cette difficulté à recueillir des chiffres agrégés corrects, il est impossible de prédire les effets mesurables de l'éclatement de cette bulle sur l'économie chinoise dans son ensemble: simple piqûre de moustique sur la peau du tigre, ou tremblement de terre ? Sans doute entre les deux. L'épargne chinoise, les réserves accumulées, et les savoirs faire industriels de pointe en cours d'acquisition ne laissent pas craindre un scénario du pire, mais les turbulences affecteront très durement les investisseurs qui se seront montrés peu sélectifs dans leurs choix.
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Mes précédentes notes sur la Chine:
Rédigé par Vincent Benard dans crises, economie, international | Lien permanent | Commentaires (4)
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Mais plutôt que de foncer sur ces sujets relativement médiatisés, je m'aventure sans plus tarder dans les eaux boueuses de l'économie d'outre Atlantique, dont la presse que l'on dit grande vous a beaucoup moins parlé que de la comptabilité publique de la Grèce ou que des JO de Vancouver, mais qui n'en reste pas moins, à mon avis, l'épicentre de fortes secousses mondiales à venir. La Chine et l'Europe viendront plus tard.
Immobilier US: le pire est encore DEVANT les banques ?Par où commencer ? Le problème des banques américaines (longuement exposé dans ce blog) vient de ce qu'elles ont trop prêté à des ménages en pariant non pas sur leur capacité à s'inscrire dans une chaîne de création de valeur capable de leur assurer un revenu compatible avec le paiement du crédit, mais en pariant sur une valeur toujours montante de l'immobilier acheté avec le crédit.
D'autres ménages qui avaient déjà payé partiellement leur maison se sont remis en situation de sur-endettement en "profitant" de la bulle pour s'engager dans du crédit "rechargeable" basé sur la valeur supposée de leur bien immobilier pour consommer plus de cuisines en granit ou de SUV. Ces crédits sont généralement référés sous le vocable HELOC, home equity line of credit, dans les comptes des banques.La somme des crédits purement immobiliers et HELOC a atteint environ 12 000 milliards de dollars à son apogée, dont environ 1500 ont été reconnus comme en faillite, donc passés par pertes et profits par les banques, et encore beaucoup vont subir le même sort. Sur la base des travaux de Wendell Cox, j'ai déjà cité le chiffre de 4 000 milliards de pertes potentielles liées à la sur-évaluation des achats immobiliers. Aujourd'hui, certains au FMI n'hésitent plus à avancer des chiffres de pertes globales du même ordre.
La plupart des prêts US prévoient que, sous réserve du respect d'un certain formalisme, l'emprunteur qui se retrouve dans l'impossibilité de payer ses mensualités ait le choix de laisser sa maison à sa banque, laquelle devra tenter de se rembourser de l'ardoise ainsi laissée sur le produit de la revente de la maison saisie. Sauf que le marché étant en chute libre, la banque se retrouve avec une perte importante à inscrire dans ses comptes (à l'actif de son bilan), et que la somme des pertes cumulées peut lui faire perdre tellement de valeur que son actif devient inférieur au montant de ses dettes: la banque est techniquement insolvable, à court, moyen ou long terme, et doit déposer le bilan.Le problème est que vu de l'acheteur, questions d'amour propre mises à part, il est très rentable de ne pas faire d'effort excessif pour rembourser sa banque, car dans un marché aussi déprimé, une famille aura intérêt à rechercher pour bien moins cher une location dans un logement équivalent ou à peine inférieur, plutôt que de rester en "valeur patrimoniale" négative, c'est à dire avec bien plus de dette à rembourser que la valeur résiduelle de la maison (cf. le schéma ci dessous, signé du talentueux C.H. Smith).
5 millions de maisons forcloses à venir ?
Peine perdue. Selon le Wall Street Journal, citant une étude Standard & Poors et J.Burns Real estate (lire également l'interview de son Vice Président, Wayne Yamano), sur 7,7 millions de prêts immobiliers aujourd'hui en retard de paiement, 1,6 devraient éviter la banqueroute, 1,1 millions sont déjà en procédure de liquidation - donc inscrits au bilan des banques-, ce qui nous laisse encore 5 millions de prêts qui seront prochainement déclarés en banqueroute, et devront être inscrits comme tels dans les comptes des banques !
En effet, alors qu'une pause d'une année dans l'application des normes comptables "mark to market" avaient permis aux banques de se donner un peu de répit pour tenter de se "refaire un bilan", le retour, depuis le 1er janvier, d'une norme comptable (FAS 167) obligeant à inscrire les pertes en temps quasi réel nous promet de beaux "profit warning" et une véritable dégringolade des résultats annoncés debut avril pour le premier trimestre 2010, d'autant plus que la hausse des marchés d'actions artificiellement entretenue par les injections d'argent gratuit dans les comptes des banques par la FED semble bel et bien terminée.
5 Millions de prêts supplémentaires en banqueroute dans les prochaines années: cela représente un "inventaire caché" de maisons à vendre aux enchères de l'ordre de 15 à 27 mois ! Ces inventaires cachés sont majoritairement concentrés dans les quatre états les plus bullaires de l'union, la Californie, la Floride, l'Arizona, le Nevada (graphe WSJ).
Finalement, la révision annoncée n'a été "que" de 617 000, mais la tendance est là. Rien n'indique qu'elle puisse s'être retournée entre avril 2009 et mars 2010, période pour laquelle le BLS livrera le bon chiffre royalement en février 2011 ! Il serait miraculeux que l'emploi dans les start ups ait été vigoureux ces douze derniers mois.
Car un autre indicateur de l'activité générale, l'immobilier commercial, est toujours lui aussi dans le rouge. Une commission d'enquête du Congrès a estimé les pertes potentielles des banques entre 2010 et 2014 à environ 200-300 milliards de dollars supplémentaires dans ce secteur. Or, un boom des entreprises "innovantes" tend généralement à être suivi de près par une expansion des services de proximité (intermédiaires, agences de com', etc...) consommateurs d'espace commercial et de bureaux.
Et naturellement, cela renforcera le cycle de déflation du crédit précédemment décrit. Et sans possibilité pour les entreprises de remplacer le financement par la dette par une meilleure disponibilité du capital...
Si l'on ajoute que "l'économie verte" qui devait créer des milliers d'emplois ne révèle rien d'autre qu'une bulle subventionnée elle aussi en train d'éclater, et les moteurs de croissance par l'innovation de l'économie américaine paraissent pour l'instant tourner au ralenti.
conclusion: 8 - 8 < 0--------------
Lire également sur le même sujet:
Rédigé par Vincent Benard dans crises, economie, international | Lien permanent | Commentaires (13)
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De retour après une semaine sans Internet, ou presque. Bizarrement, j'ai survécu. Et maintenant, respirer un bon coup, lire mes 1272 mels en retard (bcp sont des listes de diff, donc je peux ne pas lire), et essayer de me remettre à écrire. Vaste programme.
Rédigé par Vincent Benard | Lien permanent | Commentaires (1)
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Je vous abandonne, chers lecteurs, pour une semaine. J'ai grandement besoin de repos... Pour mieux revenir je l'espère en pleine forme dans quelques jours.
Pour patienter jusque là, vous pouvez toujours naviguer dans les archives, ou le dossier "crise financière", ou celui sur le climat, et désolé, le dossier "logement" bien rangé promis n'est pas prêt, mais il y a une catégorie logement à part.
Sinon, il y a le Best Of qui aurait lui aussi besoin d'une remise à niveau. Sans oublier de procrastiner devant quelques vidéos dûment sélectionnées.
Bon surf !
Rédigé par Vincent Benard dans divers | Lien permanent | Commentaires (19)
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Dans un avis juridique publié sur son site internet vendredi, la BCE estime qu'"il y a lieu de maintenir la confidentialité des informations portant sur les prêts ou les autres facilités de liquidité accordés par une banque centrale (...) y compris l'aide d'urgence en cas de crise de liquidité, afin de contribuer à la stabilité du système financier dans son ensemble et de préserver la confiance du public en période de crise"
Elle ajoute "qu'une évaluation de la nécessité de divulguer l'information au cas par cas est susceptible de mener à une impasse lorsqu'une réaction rapide s'impose".
Ainsi donc, la BCE souhaite modifier ses statuts (voir son avis, PDF, §2), pour, dit-elle, "éviter une panique financière". En cas de sauvetage d'une banque, si des rumeurs de ses difficultés filtrent dans le public, une ruée sur les guichets ("bank run") est à craindre, avec comme double risque celui d'une faillite en cascade des banques créancières, et d'une impossibilité de maintenir l'ordre public.Et si vous en avez encore le courage,
Rédigé par Vincent Benard dans crises, economie | Lien permanent | Commentaires (18)
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Le site Contrepoints publie les résultats d'un sondage effectué pour le quotidien du PCF l'Humanité, lequel affirme que 69% des Français seraient favorables à "la réquisition des logements vacants" (source). Quand bien même la façon de poser la question semble avoir été biaisée, ce résultat, quoiqu'inquiétant, n'est guère étonnant, tant les associations activistes ont réussi à truster le débat audiovisuel, et il est difficile de contester la rhétorique pourtant simpliste de "Droit Au Logement", par exemple, sans passer pour le pire des sans-coeur.
Pourtant, cette réquisition, loin de résoudre les problèmes des mal logés, signerait sans aucun doute la fin définitive de leurs espoirs de trouver un logement décent. Il faut donc combattre à toute force cette ineptie. Voici pourquoi.
Incantations vs. Chiffres
Tout d'abord, comme le montrent les chiffres les plus récents de l'Insee ou d'EDF (cités par Contrepoints), les logements réellement vacants sur une longue durée et aux endroits ou il y a pénurie effective sont relativement rares. La vacance est de l'ordre de 6%, et les données d'EDF (citées par Contrepoints) montrent que la vacance est plus forte en zone rurale, les grandes agglomérations concentrant l'essentiel de la tension sur le marché du logement se situant généralement nettement en dessous de cette moyenne (cf carte ci dessous).
En outre, moins de 25% des logements vacants sont réellement des logements vacants ET non remis sur le marché par leurs propriétaires (cf tableau ci dessous). Soit moins de 500 000, alors que la pénurie était estimée en 2006 par la fondation Héritage et Progrès à au minimum 1,5 millions de logements - à condition qu'ils soient situés là où se trouve le marché - pour à la fois loger les 900 000 foyers "aux portes du logement" et purger le parc de logements des unités les plus insalubres, tout en assurant une bonne rotation des logements au gré des déménagements professionnels des ménages.
On voit donc que d'un point de vue purement mécanique, la réquisition des logements vacants ne règlerait en rien la situation de la plus grande part des foyers mal logés actuels.
Un signal dramatique pour l'avenir
Mais il y a pire: une telle réquisition enverrait un signal absolument dramatique aux investisseurs potentiels: "si vous ne faites pas de votre propriété l'usage qui convient le mieux au désir des clientèles politiques dans les petits papiers de l'état, alors l'état vous la prendra".
Un tel facteur de risque placé sur un investissement dont la rémunération est naturellement faible, de surcroît obérée par une fiscalité peu avantageuse, réduirait dans des proportions dramatiques l'incitation à investir dans le locatif privé, et exacerberait la pénurie que nous connaissons.
Il y a derrière cette proposition des attendus et des implications éthiques et institutionnelles bien plus graves que des considérations économiques, fussent-elles majeures. Une telle mesure créerait un précédent extrêmement grave contre le droit de propriété, qui est pourtant, nos politiciens ne l'oublient que trop fréquemment, un des piliers des droits de l'homme, ce que rappelle fort justement l'article II de la déclaration du même nom de 1789: "le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression".
Pourquoi la propriété ?
Les concepteurs de la déclaration n'ont pas fait figurer la propriété au même rang que la liberté par hasard, ou par esprit scandaleusement petit-bourgeois. Tout individu consacre une part importante de son activité d'homme libre à épargner. Pourquoi ? Parce que la maison ou les économies ainsi accumulées lui permettent de former du capital permettant de lui assurer un avenir meilleur.
De fait, la propriété est le fruit naturel de la liberté. Priver l'homme de ce fruit, c'est lui confisquer son avenir, c'est rendre totalement inopérante sa liberté, c'est prétendre que l'individu ne produit que pour satisfaire d'autres besoins que les siens, c'est le considérer comme un esclave.
S'il n'y a plus de limite à ce que l'état, par ailleurs déjà fiscalement bien gourmand, peut prendre à ceux qui épargnent et créent des actifs durables, alors l'exercice de la liberté perd son intérêt. Dans un tel contexte, les individus se contenteraient de produire ce qui serait juste nécessaire à leur subsistance mais ne consentiraient guère d'effort supplémentaire, quoi que cela leur en coûte en terme de difficultés quotidiennes.
Pas de propriété, pas de prospérité
C'est sur ces fondements totalement contraires aux aspirations naturelles des hommes que fonctionnaient, ou plutôt dysfonctionnaient les sociétés communistes. Mais cet exemple "évident" n'est pas le seul à pouvoir étayer cette thèse. Le prêtre écrivain Virgil Gheorghiu notait que la culture religieuse roumaine s'est surtout incarnée dans l'iconographie, facilement transportable, car la Roumanie fut régulièrement envahie par ses voisins, et les roumains, souvent obligés de ce fait de migrer, ne pouvaient former de capital. Aussi s'en sont ils tenu à ce qu'ils pouvaient emmener avec eux en cas de malheur.
Sans aller jusqu'à ces extrêmes, l'économiste péruvien Hernando de Soto montre que dans les sociétés du tiers monde, où la reconnaissance légale des titres de propriété est disfonctionnelle, autrement dit, où la propriété existe difficilement, les entrepreneurs du secteur informel forment peu de capital car celui ci peut leur être facilement retiré faute de titre légalement certifié par des institutions sûres. Ils conservent donc des business de petite taille qui alimentent une économie de bidonville, mais ne peuvent pas facilement prospérer et faire prospérer leur communauté.
La réquisition: l'arrêt de mort de l'investissement neuf privé
Réquisitionner les logements vacants serait donner à la société un signal extrêmement fort indiquant que ceux qui nous dirigent choisissent de nier l'importance de la propriété, donc de la liberté, et donc de soviétiser la société française. Dans ces conditions, qui serait assez fou pour investir dans un logement locatif, même avec les plus grosses carottes fiscales possibles ?
Car si d'un côté le risque de se faire prendre un logement vacant serait élevé, de l'autre, il serait tentant pour un aspirant locataire de se placer volontairement en difficulté quelques semaines, puis de faire jouer le "Droit Au Logement Opposable", autre source de malfaisance démagogique, pour obtenir la réquisition d'un logement vacant dont le loyer serait de facto fixé par l'autorité administrative très en dessous de son prix de marché, plutôt que d'aller le louer dans une agence immobilière...
Dans de telles conditions, il n'existerait plus de relation saine possible entre un offreur et un demandeur de logement. Le marché du logement mourrait à petit feu, comme il l'a fait pour des raisons différentes techniquement (contrôle des loyers) mais identiques philosophiquement, entre les deux guerres.
En revanche, le marché gris des logements non déclarables, donc non saisissables, c'est à dire des taudis, des caravanes, des caves, prospérerait dans des proportions incontrôlables. Ce qui serait le prétexte à renforcer la criminalisation des mauvais loueurs... Et donc à placer le logement au mains d'organisations mafieuses. La liste des effets pervers que l'on peut anticiper suite à une mesure de réquisition autoritaire parait sans fin.
Les menaces ne résoudront pas la crise du logement. La liberté, si.
Pour augmenter le nombre de logements offerts sur leur marché, il ne faut pas brandir de nouveaux épouvantails tels que la réquisition des logements vacants au visage de ceux, aujourd'hui de plus en plus rares, qui pourraient être des investisseurs alimentant l'offre de logement locatif. Il faut au contraire réduire le niveau de risque législatif lié à ce type d'investissement afin de le rendre plus intéressant et désirable pour des investisseurs en quête de rendement faible mais régulier.
Comment ? En libérant l'offre de logement des chaînes et boulets que le législateur lui attache depuis plus de 100 ans.
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Pour en lire davantage:
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Rédigé par Vincent Benard dans droit, justice, economie, logement | Lien permanent | Commentaires (17)
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Il est impossible de suivre le rythme des découvertes de biais, d'erreurs manifestes et de mensonges délibérés mis au jour au sein du dernier rapport 2007 du GIEC. Depuis que, fin novembre 2009, les mels du Climate Gate ont défrayé la chronique dans la presse anglo saxone, y compris dans des organes très réchauffistes comme le Guardian (En France: quasiment rien...), des centaines de sites et blog, souvent d'excellente qualité, consacrés à la recherche des malfaçons de la science officielle du GIEC, prolifèrent. Résultat, Anthony Watts et Climate Audit ne constituent plus les seules source d'information référentes de qualité. Climategate.com, sppiblog.org, eureferendum pour ne citer qu'eux, complètent admirablement les blogs vétérans.
Bourdes du GIEC : la compil'
A ce stade, un point nécessairement non exhaustif sur toutes ces malfaçons détectées dans les rapports du GIEC est nécessaire.
Rappelons que les rapports du GIEC se divisent en trois sections:
Les rapports 1 et 2 sont très copieusement mis à mal. Du coup, le troisième rapport n'a plus guère d'intérêt...
Groupe I : discrédité par le Climate Gate
Le Climate Gate, qui a confirmé des soupçons de fraude qui courraient depuis plusieurs années [depuis que McIntyre et McKitrick avaient découvert les erreurs graves des modèles mathématiques utilisés par Michael Mann], prouve sans ambiguité que les données de températures depuis la fin du XIXème siècles ont été sciemment trafiquées par un petit groupe d'activistes utilisant leur savoir scientifique pour délibérément tromper l'opinion et les décideurs politiques sur l'ampleur du réchauffement observé depuis la seconde moitié du XXème siècle.Stern Gate ? Le rapport de Sir Nicholas Stern sert de bible à tous les alarmistes qui, sur la base des cataclysmes annoncés par le rapport II, nous disent qu'il faut dès à présent lutter contre nos émissions de CO2.
En 2007, Roger Pielke Jr écrivait un papier détectant une possible "faute de frappe" aux conséquences facheuses, puisqu'elle évaluait le coût de la possible augmentation des hurricanes liés au réchauffement climatique à 1,3% du PIB, alors que l'étude de référence vis à vis de ce chiffre citait 0,13%... une erreur de facteur 10 !
Or, le rapport Stern a été subrepticement corrigé, sans publication d'erratum, sans excuse, après que les rédacteurs aient eu connaissance du papier de Pielke. Or, le problème vient de ce que dans ce cas, les coûts calamiteux du changement climatiques cités par le rapport Stern ne correspondent plus aux pourcentages corrigés... Voilà qui méritera des investigations ultérieures, que je n'ai pas encore eu le temps de conduire.
Conclusions
On ne peut que se demander pourquoi toutes ces erreurs vont dans le sens d'un alarmisme accru, pourquoi dans plusieurs cas, ces erreurs ont été maintenues dans le rapport du GIEC alors que des scientifiques honnêtes les avaient dénoncées. J'ai déjà évoqué les propos d'un scientifique indien proche du "boss" Rajendra Pachauri, le Lyssenko de Dehli, Murai Lal, avouant que les citations catastrophistes sur l'Himalaya avaient été conservées dans le rapport alors que "tout le monde" savait qu'elles étaient fausses, pour "frapper l'opinion et pousser les décideurs à agir".Le Climate Gate : une affaire à suivre dans les prochains jours ! J'ai
eu un peu de mal à tenir le rythme mais d'ici une semaine, je compte y
revenir. De même je vais tacher d'alimenter un peu plus fréquemment le fil de "la gazette du climategate".
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(*) MAJ Lundi Soir: La première version de ce texte comportait une blague que d'aucuns qualifieraient de basse et perfide sur un certain F. Hollande qui a provoqué le courroux-courroux de certains lecteurs d'une sensibilité différente et goûtant peu l'exquis raffinement dont je fais parfois preuve surtout vers une heure du matin quand je suis prêt à m'endormir sur mon clavier. Bien que le personnage ne mérite aucune compassion, la blague était effectivement hors sujet (voir commentaires) - soucieux d'éviter que les commentaires ne partent en vrille sur une question tout à fait secondaire, je change la phrase.
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Rédigé par Vincent Benard dans climat, environnement | Lien permanent | Commentaires (57)
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Mon analyse des errements de la fondation Abbé Pierre est reprise par "le cri du contribuable" - http://bit.ly/caM5pG
Rédigé par Vincent Benard | Lien permanent | Commentaires (2)
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Remarquable édition spéciale du Glenn Beck Show consacrée aux crimes communistes et nazis, et soulignant avec une force tout à fait remarquable les racines partagées du communisme et du nazisme, et leurs préoccupations eugénistes communes. Moins fouillé que le désormais célèbre "livre noir du communisme" de Stéphane Courtois, format oblige, mais terriblement percutant. Espérons qu'une traduction ou un sous-titrage soit envisageable. Ah au fait, pour les non initiés à l'anglais d'Amérique, "liberal" signifie "gauchiste" là bas, tout comme "progressive"...
La vidéo (source: youtube) comporte 6 parties (la dernière est anecdotique) - enchaînement automatique - dont 5 sont tout à fait recommandables, et une un peu ennuyeuse (inutilement larmoyante à mon goût). Mais ce sont surtout les deux premières qui retiennent le plus mon attention, non pas que les autres soient moins bonnes, mais elles sont moins originales - Les plus érudits n'apprendront que peu, regretteront sûrement que Lénine soit oublié dans le palmarès de l'horreur, s'étonneront peut-être de ne pas trouver un Pol'Pot dans la liste. Mais en 3/4 d'heure, un documentaire ne peut pas tout dire.
En tout cas, ce documentaire est excellent d'un point de vue pédagogique, et risque
de faire sensation auprès de vos amis gauchistes, surtout ceux qui
fréquentent le Hitler's, pardon, le Lenine's Café.
Résumé :
(*) On trouve assez facilement en ligne de "magnifiques" exercices de masturbation intellectuelle prétendant établir la non-équivalence morale du nazisme et du communisme. Tenez, en voici un parfaitement typique de ce biais, dont certains passages sont proprement hallucinants - par exemple et en résumé : "Hitler recevait passivement les applaudissements du peuple à la fin de ses diatribes, alors que Staline s'auto-applaudissait, montrant ainsi que le communisme assimilait au moins théoriquement le leader au peuple". Le reste à l'avenant...
(**) Karl Marx a d'ailleurs écrit "La question juive" (1843), ouvrage antisémite primaire parfaitement nauséabond. Il est ahurissant de découvrir sur internet des "intellectuels" de gauche qui défendent ce livre, le ramenant à un simple appel à dépasser la question religieuse. Hallucinant.
(***) Il y eut un premier massacre des Ukrainiens par famine provoquée sous Lenine en 1921-22, juste un peu moins de morts que l'holodomor des années 30.
(****) remarque personnelle: prenez la diatribe de George Bernard Shaw, et remplacez son bilan "production consommation" par "empreinte écologique", et vous obtenez un John Holdren, un Erik Pianka ou un Michel Tarrier.
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Trouvé via le blog canadien Antagoniste
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Rédigé par Vincent Benard dans histoire, socialisme, communisme | Lien permanent | Commentaires (17)
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Le rapport "mal logement" de la fondation Abbé Pierre 2010 vient de paraître, et l'on ne peut que partager les constats qu'il effectue, quand bien même tel ou tel chiffre pourrait être discuté à la marge: la situation des ménages à revenus modestes, voire simplement moyens, en France, par rapport au logement, est absolument dramatique et totalement indigne d'un pays qui se veut évolué et qui n'a de cesse que de porter aux nues son modèle prétendument social. Pire, malgré une légère décrue des prix par rapport au sommet de la bulle, les chiffres du mal-logement ne montrent aucun signe d'amélioration.
Examinons les conséquences pratiques de cette obligation.
Calcul théorique
Imaginons donc un programme de 100 logements, qui reviendraient tous au prix de 150 000 euros en l'absence de la règle des 30% à leur constructeur, lui permettant de les vendre à 170 000 euros pièce Hors Taxe (la transaction moyenne en France a atteint 192 000 euros en 2005, nous sommes donc dans des ordres de grandeur réalistes). Imaginons maintenant que le législateur impose à 30 de ces unités d'êtres vendues seulement 100 000 euros HT à un organisme social, pour lui permettre de la louer à un prix très inférieur à celui du marché. Après tout, la "maison à 100 000 Euros" a été le slogan de bataille de M. Borloo et de Mme Boutin lors de son passage au ministère.Mais, me direz vous, ce n'est qu'un raisonnement. Se vérifie-t-il dans les faits ?
Confirmation empririque
Et bien oui. J'ai déjà eu l'occasion de mentionner les travaux de Stringham et Powell (PDF) ou Stringham et Means qui ont étudié les résultats de politiques similaires, appelées "inclusionary zoning", en Californie, laquelle est de loin l'état le plus cher de l'union même en période d'éclatement de bulle de crédit, à cause de réglementations foncières parmi les plus restrictives au monde."During the period we studied, the number of California cities with inclusionary zoning laws increased from 15 to 56. We compared the changes in housing prices and supply in these cities to those without a similar ordinance. The cities that adopted inclusionary zoning laws saw a 20 percent jump in housing prices and a 10 percent decrease in the number of new units built. This is the basic law of supply and demand at work. Affordable housing mandates have had an unintended consequence: they have discouraged homebuilding, and the diminished supply of housing has driven prices up.
When forced to sell at below-market rates due to this type of zoning, homebuilders must choose between decreasing the number of affordable units versus taking a loss. And, not surprisingly, they almost always choose decreasing the number of affordable units, which they accomplish by reducing the total number of planned units. In other words, since inclusionary zoning laws require developers to sell a percentage of all units they build at below-market rates in order to get permission to build market-rate units, the policy forces them to cut back on everything. With the number of new homes thus limited, buyers end up paying more for their homes."
Les effets des contrôles "évolutionnels" tels qu'ils existent aujourd'hui, et dont le renforcement est proposé par la fondation, même s'ils sont moins dramatiques que la version dure des anciens contrôles, n'en sont pas moins documentés. Voici la réaction du marché immobilier français et parisien dans les années qui sont suivi la mise en place des lois Quillot de 1982. La reprise constatée en 1988-89 correspond à la réaction du marché à leur abrogation par Pierre Méhaignerie en 1987:
Précisons,
en toute honnêteté, qu'il est difficile d'isoler dans cette chute de
l'investissement ce qui relevait des contrôles "Quillot" et ce
qui était imputable à toutes les autres mesures ahurissantes et
économiquement sans précédent (et espérons sans suivant !) prises par
le gouvernement très à gauche du duo Mitterrand-Mauroy.
Toute
limitation arbitraire du prix entraine une limitation de l'intérêt des
offreurs. Plutôt que de chercher à limiter l'appétit de bailleurs
placés en position de force par la rareté relative de l'offre, la
Fondation devrait se demander si libérer les freins fonciers,
réglementaires et fiscaux à la création d'offre supplémentaire ne
constituerait pas une meilleure voie.
Hélas, la Fondation persiste dans l'erreur anti-bailleurs...
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Rédigé par Vincent Benard dans logement | Lien permanent | Commentaires (16)
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Aujourd'hui, un Guest Post signé Emmanuel Martin, docteur en économie, et responsable du projet "un monde libre.org" -
La fondation Abbé Pierre a publié ce 1er
février son rapport sur l’état du mal-logement en France (source).
L’association caritative y dénonce l’inaction des pouvoirs publics face
à la crise du logement, et appelle à "réguler le fonctionnement des
marchés du logement". Réglementations supplémentaires, subventions
supplémentaires (au financement par les ménages et à la construction
sociale), "droits" supplémentaires seraient la solution à ce réel
problème : On peut y lire que "l’intervention publique s’est toujours révélée
indispensable (…) pour lutter contre les dysfonctionnements dans le
domaine du logement."
Pourtant, à l’analyse, cette position se révèle très discutable. Elle demande en effet toujours plus de réglementations plutôt que de considérer les effets pervers … des réglementations déjà en place. Elle part de l’a priori très à la mode, surtout depuis les inepties largement répandues sur les origines de la crise économique, que les marchés fonctionnent mal par définition. Il est vrai que les marchés ne fonctionnent pas de manière parfaite : il y a des ajustements, des erreurs et des corrections. Mais en moyenne cela ne marche pas si mal dans un cadre réglementaire intelligent. Cependant, lorsque, contrairement à toute logique, les marchés échouent durablement à coordonner les besoins des uns avec les capacités des autres, c’est qu’il y a une raison : on les empêche tout simplement de le faire par des réglementations inhibitrices.
Le marché du logement est un exemple symptomatique où des réglementations mal pensées perturbent les ajustements entre l’offre et la demande. La hausse du coût du logement est en effet fortement liée à l’activité réglementaire du foncier. Sur la décennie qui a précédé la crise, le prix du terrain constructible a été en gros multiplié par six. Alors que naturellement les terrains ne sont pas rares, c’est la politique foncière qui crée artificiellement la rareté et fait flamber les prix. Sous les recommandations de planificateurs urbanistes et les pressions de certains écologistes, l’offre de terrains constructibles a été restreinte : peut-on réellement blâmer le marché si son offre est rationnée politiquement ? L’économiste de l’urbanisme Vincent Bénard (son livre) estime par exemple avant la crise (sur l’année 2005) à un tiers cette hausse artificielle du prix directement imputable à la restriction, décidée par le politique, du foncier constructible.
En effet, les Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) des communes sont censés planifier des années à l’avance la demande de logements de la commune, ce qui est une tâche évidemment impossible et qui gèle l’offre pendant des années, empêchant l’adaptation à la demande. Par ailleurs, alors que certaines petites communes pouvaient encore avoir une marge de manœuvre et exercer une espèce de concurrence, les Schémas de Cohérence Territoriale (SCOT) au niveau de plusieurs communes ont encore accru le poids du carcan réglementaire et raréfié d’autant l’offre. Il serait plus rationnel et efficace de libérer le foncier, en protégeant uniquement les zones sensibles (et en indemnisant leurs propriétaires), et en faisant respecter des règles raisonnables de construction ailleurs.
Mais les bureaucraties publiques qui vivent de la production de cette activité réglementaire n’ont évidemment aucun intérêt à cette libération du foncier. Mais surtout, sans parler de la corruption dans certaines mairies, les maires doivent choyer un électorat souvent récalcitrant à l'arrivée de nouvelles populations : c'est la logique du snob zoning. Se pose alors ici un problème sérieux de démocratie.
Cette libération du foncier permettrait une baisse des prix et un accroissement naturel de l’offre qui se répercuterait en baisse des loyers dans le locatif, où d'autres réglementations vont à l’encontre de la facilité à se loger. Le législateur a voulu par exemple protéger une minorité de mauvais payeurs, et a institué l’impossibilité d’expulser de novembre à mars. Les associations telles que la fondation Abbé Pierre s’en félicitent, sans réaliser que cette impossibilité, si elle a protégé une minorité, a en réalité fragilisé une majorité de locataires modestes. On a en effet créé un coût potentiel pour les propriétaires qui doivent alors s’assurer contre les mauvais payeurs en demandant des garanties de plus en plus strictes aux candidats à la location, ce qui empêche une part non négligeable de gens modestes de pouvoir louer. Inutile de préciser les inégalités flagrantes qu’a généré cette législation.
Par ailleurs, encadrer l’évolution des loyers, après la signature du bail, avec des indices (construction, puis inflation) empêche effectivement les prix (loyers) de refléter correctement la rareté, c’est à dire la demande relative en locatif. Il y a évidemment des rattrapages de loyer entre deux locataires, mais autant dire, du fait de l’incertitude induite pour les propriétaires, que l’investissement est alors plus timide. Enfin, toutes les carottes fiscales (Robien, Scellier) ne font que distordre encore plus le marché en encourageant à investir … mais pas en fonction de la demande réelle, donc pas là où il le faut. Quitte à vouloir favoriser le logement des plus modestes, autant que la puissance publique fournisse des « chèques-logement » : leur effet distordant sur le marché sera minimum.
Effectivement, comme le souligne la fondation, « les politiques ne doivent (…) pas seulement s’attacher à apporter des réponses ponctuelles et limitées à divers dysfonctionnements, mais permettre de traiter les causes profondes de la crise du logement ». Mais les causes profondes ne sont sans doute pas celles envisagées par la fondation : elles sont bien plus à chercher du côté des obstacles que l’on met délibérément, avec la main sur le coeur, au fonctionnement du marché du logement. Il est temps que les associations caritatives et les politiques prennent conscience des effets pervers des réglementations qu’ils ont soutenues par le passé et qui ont créé les problèmes d’aujourd’hui. Il faut remettre les choses à plat, simplifier les réglementations : libérer le marché immobilier pour qu’il fonctionne enfin de manière saine et puisse répondre aux besoins de logement.
© 1-1-2010 , Emmanuel Martin
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Plus sur le même sujet: rubrique "logement" de ce blog
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Rédigé par Vincent Benard dans economie, guest posts, logement | Lien permanent | Commentaires (5)
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L'intervention massive du gouvernement américain dans l'économie par
le biais du plan Paulson n'a atteint aucun de ses objectifs économiques
et a engendré dérives graves, tout en contribuant à perpétuer les
problèmes structurels qui ont conduit à la crise. Telle est la
conclusion du rapport de l'inspection générale américaine en charge de
la surveillance des fonds du désormais célèbre plan TARP. Plongeons
dans les eaux troubles des cascades d'argent public.
Programme TARP : un rapport qui fait mal
Le rapport du Superviseur Général du programme TARP, "Troubled Assets Relief Program", également appelé "plan Paulson", déjà critiqué ici,
vient tout juste de sortir (daté du 30 janvier). C'est un document
volumineux de plus de 140 pages hors annexes. Heureusement, Mish Shedlock l'a déjà décortiqué, et en voici l'essentiel.
Rappelons
que le plan TARP a consisté en 787 milliards de dollars alloués par le
congrès au trésor américain pour venir en aide de diverses façons aux
grandes banques au bord de la faillite, y compris de façon indirecte
via un programme de soutien aux propriétaires de maisons en difficulté.
Incidemment, le plan TARP a aussi servi à soutenir General Motors et
Chrysler.
Le rapport constate certes que le plan TARP a sans
doute empêché que quelques très grosses institutions ne déposent le
bilan. Toutefois, la tonalité du reste du rapport laisse entrevoir que
les rédacteurs ne sont pas certains que cela ait été une bonne chose.
Le rapport accumule en outre les constats accablants. Extraits:
Les banques jugées "trop grosses pour être laissées en faillite" sont aujourd'hui encore plus grosses... Grâce à l'argent du plan Tarp (et aussi parce que les concurrents plus petits, eux, font faillite, NdVB.).
Les institutions sauvées n'ont donc pas été incitées à prendre moins de risque... Et le marché reste persuadé que l'état interviendra en cas de malheur: pourquoi se soucier du risque dans ces conditions ?
Des soupçons de fraudes massives
Mais le "meilleur" est à venir:Plus de détails: Le rapport du SIGTARP (PDF) - Le long résumé de Mish Shedlock
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Rédigé par Vincent Benard dans crises, international | Lien permanent | Commentaires (5)
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