Bloguer est il mauvais pour la santé ? Je vais devoir me calmer, sans aucun doute, car je ne tiens plus la distance jusqu'à 1h du matin...
Donc, rapidement, juste deux brèves spéciales "Charles Gave", qui d'une part nous livre (enfin) une voix sensée et intelligente sur les CDS, ces outils accusés de tous les maux par les politiciens. Extrait:
Pourquoi l’interdiction des CDS ? D’après les incompétents surdiplômés qui envisagent cette mesure, le problème n’est pas la fièvre mortelle dont le patient est saisi, dù bien sûr au surendettement de nos Etats dont ils sont directement responsables, mais le thermomètre qui mesure cette fièvre. Il faut donc de toute urgence empaler le porteur de mauvaises nouvelles. Si les CDS sur la Grèce ont quadruplé depuis quelques mois, selon eux, ce n’est pas à cause de la mauvaise gestion des finances publiques hellènes, c’est parce que d’horribles spéculateurs (les hedge funds) achètent ces CDS massivement et donc font monter leur cours, créant de ce fait une panique financière dont ils comptent bien profiter (1). . Ces fonds spéculatifs seraient donc en train de faire de l’argent en spéculant contre les Etats, ce qui serait inadmissible. Sans les CDS, tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce raisonnement est atterrant de stupidité, tant il méconnait la réalité des marchés, ce qui nous amène à notre second point.
Imaginons une compagnie d’assurance européenne, ou une banque française qui aurait garanti à ses clients, il y a un an, une rentabilité de 3,3 % sur les contrats d’assurance-vie souscrits par ceux-ci, pour la durée du contrat. Les taux longs sur le 10 ans français sont aujourd’hui à 3,13%, contre 3,7 % il y a un an. Voilà notre compagnie d’assurance, ou notre banque, bien embarrassée. Comment payer du 3,3 % si on touche du 3,1% ? La différence ne peut venir que de ses fonds propres; ce qui veut dire que si la situation perdure, notre compagnie d’assurance fera faillite, comme cela s’est passé au Japon dans des circonstances similaires il y a dix ans. Heureusement, il y a la Grèce… Notre compagnie d’assurance se bourre d’obligations grecques à 6,1 % et achète un CDS à 10 ans sur la Grèce à 2,70. Sa rentabilité immédiate devient donc 6,10 (rendement) moins 2,70 (coùt de l’assurance) soit 3,4%, et voilà notre intermédiaire financier hors du trou dans lequel il était tombé par inadvertance. Notre brave banque ou compagnie d’assurance a substitué le risque grec par un risque sur l’intermédiaire financier qui, lui, veut bien prendre ce risque.
D'autre part, il a donné une conférence intéressante sur les vices cachés de l'Euro à l'école normale supérieure:
Charles Gave - Euro/Ligne Maginot, même logique
envoyé par les_ernest. - L'info video en direct.
(vendez vos actions dans les banques espagnoles, si vous en avez...)
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Très intéressantes interventions, comme toujours.
Je préciserai néanmoins un point : quand il dit que lorsqu'un pays à la maitrise de sa planche à billet, il ne peut pas faire faillite, il ne faudrait pas croire un peut vite qu'il peut se sortir de n'importe quel niveau d'endettement par la magie de la création monétaire.
Oui, techniquement il peut s'il le veut, rembourser sa dette passée en monnaie de singe. Mais ce n'est pas sans conséquence, car cela conduit à l'hyper inflation, qui peut être plus destructrice encore qu'un défaut de paiement sur la dette souveraine (qui lui peut etre partiel et négocié). Et ca conduit également instantanément à l'incapacité d'emprunter par le refus des créanciers de prêter de nouveau, ou par l'explosion des taux.
Avoir ou ne pas avoir la maitrise de sa planche à billet ne change rien sur le fond, aux conséquences du surendettement. Quoiqu'il arrive, et quelle que soit la manière, il faudra en passer par une contraction équivalente à l'excès de consommation cumulé. C'est un fait mathématique.
Je ne pense d'ailleurs pas que Charles Gave voulait dire que la planche à billet était la solution.
Rédigé par : ST | mercredi 17 mars 2010 à 12h19
Oui, je l'ai trouvé un peu flou sur le coup. Pour un peu, j'ai cru qu'il était favorable à la nationalisation des banques centrales et à la planche à billet. Autant «placer le pot de miel sous la garde l'ours»…
Rédigé par : Mateo | mercredi 17 mars 2010 à 13h31
Pour avoir assisté à des conférences de Charles Gave et lu ses livres, je peux vous dire qu il n'est pas partisan de la banque libre. Il pense qu'un monopole est plus crédible pour gérer la monnaie surtout pour l'acceptabilité de la monnaie par le public. C'est un vrai disciple de Friedman étant donné qu'il a été son élève. C'est toujours l'éternel débat, le monopole va t-il permettre une meilleure gestion qu'une concurrence privée... Réponse oui si le gestionnaire est "éclairé", mais dans la pratique cela fini toujours par magouille & co ou incompétence notoire.
Pour information le fils de Gave qui travaille avec lui dans sa société de gestion à Hong-Kong, s'est associé avec Paulson (le gars qui s'est fait 1Mds $ sur l'effondrement du subprime) pour spéculer sur les CDS des pays du club med et sur la baisse de l'euro ( D'après le wall street journal, ils auraient déja pas mal encaissé... je leur dit bien joué !!)
Rédigé par : vicken | mercredi 17 mars 2010 à 18h40
Pour l’Euro c’est le moment de vérité. Les allemands ont évoqués hier la possibilité de virer les mauvais pays de la zone euro. Je ne pense pas qu’ils veulent la mort de l’Euro, ils ont besoin de débouchés pour leur produits, par contre ils semblent vouloir imposer leur conception des choses.
Mais franchement un peu de rigueur et de bon sens allemand en France et ailleurs cela ferait pas de mal. Les français sont trop idéologiques et inconséquents.
Une remarque sur l’Espagne : elle respectait le pacte de stabilité avec des excédents budgétaires conséquent, c’est le secteur privé qui l’a planté. Comme quoi le pacte de stabilité est à revoir.
Rédigé par : JB7756 | jeudi 18 mars 2010 à 10h50
@JB7756
Je crains que le crash du privé en Espagne ne soit qu'une conséquence. L'avantage de l'Espagne était d'avoir des taux de croissance canon pendant 10 ans, alors que les taux directeur de l'euro et de ses banques était au raz des pâquerettes.
Moralité, ils ont bénéficié d'une manne d'argent quasi-gratuit jusqu'à ce que çà fasse boom.
Le problème n'est donc pas que le gamin ait crashé la Veyron contre un mur, mais bien d'avoir laissé le gamin prendre les clés, sortir la voiture du garage, prendre l'autoroute et monter à si vive allure.
Soit on éduque le môme soit on ne s'attend pas à de miracles si on lui laisse les clés.
Ca s'appelle le Moral Hazard en anglais...
@ST Pour avoir lu certains livres de Gave, je peux vous affirmer qu'il ne pense pas que la planche à billets soit la solution. Il adhère à essentiellement la majorité des idées de Friedman; système bancaire libre, anti-euro, non-statist...
Je maintiens que le premier à avoir vu çà c'était Weber lorsqu'il à dit que la professionnalisation de la politique mènera à un accroissement lent mais stable de la pensée court-termiste en politique. Mais il était Allemand et Libéral çà faisait trop pour le Mal Français.
Rédigé par : Vadrouille | jeudi 18 mars 2010 à 16h26
@Vadrouille
Je me demande bien à quoi pense les gouvernants face à une énorme bulle qui gonfle :
- L’idiot : ça monte, le chômage baisse, l’argent rentre à flot, c’est super !
- Le fataliste : on y peut rien, c’est le marché.
- Le cynique : pourvu que ça pète après les élections.
- Le pourri : bien entendu mon cher ami (banquier, entrepreneur, etc…), on va se faire un max de fric et après c’est le contribuable qui va raquer.
Rédigé par : JB7756 | jeudi 18 mars 2010 à 17h18
@ vicken
«Pour avoir assisté à des conférences de Charles Gave et lu ses livres, je peux vous dire qu il n'est pas partisan de la banque libre. Il pense qu'un monopole est plus crédible pour gérer la monnaie surtout pour l'acceptabilité de la monnaie par le public. C'est un vrai disciple de Friedman étant donné qu'il a été son élève. »
Et bien il baisse dans mon estime, sur le coup…
Friedman était clairement étatiste sur les questions monétaires (c'est peut-être pour cela que les politiques ne l'ont écoutés que dans ce domaine…).
«C'est toujours l'éternel débat, le monopole va t-il permettre une meilleure gestion qu'une concurrence privée... Réponse oui si le gestionnaire est "éclairé", mais dans la pratique cela fini toujours par magouille & co ou incompétence notoire.»
Tu auras beau avoir les meilleurs "experts" au monde, ils ne pourront jamais recréer la totalité de l'information que le monopole monétaire aura détruite, de la même façon que les apparatchiks ne pouvaient déterminer la "bonne" quantité de clous à produire, du fait de la destruction de l'information-prix. Même avec leur pléthore de bureaucrates travaillant à plein temps pour tenter de déterminer la "bonne" quantité de clous… ou de monnaie à produire.
Le "prix" de la monnaie est une information éminemment diffuse, que seuls la liberté, les individus, leurs rencontres, leurs échanges, c'est-à-dire le marché, sont capables de fixer "correctement".
Rédigé par : Mateo | jeudi 18 mars 2010 à 17h34
@JB7756
Si ma remarque se voulait déplaisante, je m'en excuse ce n'était pas mon intention...
En revanche si vous me laissé approfondir mon idée; il y aura sans doute certains raccourcis faciles et d'autres que vous aurez déjà faits, mais voici:
La professionnalisation de la politique de par sa rémunération entraine au fur et à mesure un but avoué qui est celui de l'élection. Pour être élu ils n'avancent donc plus leurs idées mais à fortiori l'idée ou l'adaptation de son idée qui assurera leur élection, leur gagne-pain. Cette tendance qui va faire s'assimiler la politique au plus vieux métier du monde est inévitable et entraine subséquemment une action immédiate, dénuée de vision à long-terme. Le tout vivant dans un monde ou l'information ponctuelle, les ragôts sont rois, on obtient une sorte de danse qui cherche à se donner de l'intérêt tout en essayant de garder une place au sein du cirque.
On shake bien fort avec deux glaçons et on obtient progressivement une société que beaucoup de gens déplore, un poid étatique accru au fur et a mesure des années, inéluctable, indéniable et ce grâce à cette magie qu'on appelle parlement. Ce même symbole qui fait voter les lois, que vous vous devez de respecter, une sorte de religion qui gagne en dogme et en prêche chaque année...
Bref, pour répondre à votre question : " à quoi pensent les gouvernants ? "
Peut-être sont-ils tous comme çà en même temps. Je ne sais pas, je ne suis pas à leur place. Donc je spécule et si je spécule en écoutant ce qu'ont dit les gens qui eurent raison jusqu'à présent et bien j'en arrive à la conclusion qu'on fonce droit dans un mur. Lequel ?
Je ne sais pas mais çà va faire très, très mal.
(et peu importe l'artifice qu'ils developperont afin de justifier leur... existence)
V
Rédigé par : Vadrouille | jeudi 18 mars 2010 à 21h33
@Vadrouille
Je ne suis pas du tout froissé. Que les politiciens soient des professionnels, c’est pas gênant pour moi. Il vaut mieux des pro que des amateurs.
En fait on élit le meilleur candidat mais pas le meilleur président, c’est ça le problème. Mais comment choisir le bon leader quand en plus chaque personne a une idée différente et pas souvent exacte de ce qu’il faut faire.
Dans une dictature, si le dictature est mauvais c’est une catastrophe. Dans une démocratie si les dirigeants sont mauvais, ça va pas aussi loin. Je pense que Napoléon III était un bon dictateur mais qu’il s’est laissé prendre au piège des ambitions guerrières.
Le problème de Sarkozy, c’est qu’il n’a pas de vision à part vouloir être président. Alors il suit les idées à la mode et parfois contradictoires que lui soufflent ses ministres, ses conseillers, ses amis, sa femme (ses maîtresses ?). On ressent maintenant clairement qu’il est de plus en plus perdu, dépassé.
La question est : y a t’il encore un pilote dans l’avion ? Chaque administration mouline des trucs dans leur coin qui s’agglutinent avec des choix politiques ponctuels pas toujours bien réfléchis et des pressions des lobbies privés. Et tout cela donne une politique brouillonne, illisible et inefficace.
Un Thatcher à la française devrait se battre contre l’administration, les lobbies privés (agriculteurs, industriels, médecins, taxis…) et son propre parti. On peut le faire seulement si on dispose d’un immense pouvoir, d’une volonté de fer et d'une vision claire et correcte ou alors dans une situation d’urgence extrême.
Rédigé par : JB7756 | jeudi 18 mars 2010 à 22h15
@JB7756
Vous parlez de quelqu'un qui n'éxiste pas ou d'une race qui s'est éteinte... Thatcher s'est battue pour des idées qui étaient les siennes, elle ne s'est pas battue pour être élue. Elle n'a pas considéré son sarcerdoce comme un "Job"(sic).
Sarko appelle sa fonction; un job. Alors que c'est exactement le contraire, çà devrait être une charge, un service pour son état, un sacrifice en somme. Il n'a rien compris, ne comprendra rien, ni feront les tops, les maitresses, les conseillers, les milliardaires, les copains patrons de restaurants...
Vous faites appel à certaines qualités que ce "sauveur" devrait avoir. Personne ne les a.
Personne en France n'a l'envie de se battre contre eux avec de vraies idées dans leur bac à sable et je les comprends.
L'establishment est en place et ils vont se vautrer, je ne les plaindrai pas.
Rédigé par : Vadrouille | jeudi 18 mars 2010 à 22h39
Je me dois de dire que ce fut grâce à vous entre autres que je découvris Charles Gave que j'écoute et lis avec plaisir. Pour répondre à ceux qui le trouvent un peu flou sur certains points, notamment le fait qu'un pays qui peut imprimer sa propre monnaie ne peut faire faillite, je rappellerais simplement l'histoire des assignats en France sur laquelle il revient dans "Libéral mais non coupable". Voir aussi ce qu'en a écrit Sharana Johnson:
http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-la-monnaie-papier-en-france-l-histoire-des-assignats.aspx?contributor=Doug+Casey.&article=779628882G10020&redirect=False
Que l'usage de la planche à billets ne change rien au fond aux conséquences du surendettement, revient à mon sens à poser deux questions: qui détient la dette? Sous-entendu les nationaux ou les tiers, et en quelle monnaie est-elle libellée?
Sur le fond, créer l'euro a consisté à transformer une variable en constante dans les équations différentielles qui représentent les équilibres économiques des pays concernés. L'encadrement des autres variables par tout un tas de mécanismes (pacte de stabilité, indépendance de la banque centrale avec pour seul mandat la maîtrise de l'inflation, etc.) limite drastiquement les solutions disponibles aux états qui n'ont plus beaucoup de souveraineté en l'espèce. Si on tient compte de surcroit des blocages propres à chaque nation, les solutions ne peuvent venir que d'un relâchement de contraintes structurelles internes ou externes. Ces dernières étant doublement verrouillées par les processus de décision propres à l'UE et l'euro, il devient quasiment obligatoire à terme de choisir entre deux scenarii: l'alignement sur le modèle du plus "vertueux" (entendre celui qui permet la modification de paramètres économiques généraux à moindre coût), ou une intégration complète des pays de l'UE, incluant l'homogénéisation complète de toutes les dimensions influençant l'économique, une périphrase un peu longue pour dire création d'un état supranational européen intégré.
Au point de se demander si ce n'est pas le but recherché par une partie de ceux qui ont contribué à encadrer ces variables d'ajustement.
Rédigé par : simple citoyen | lundi 22 mars 2010 à 09h52
@simple citoyen
Effectivement j’ai entendu clairement au moment du référendum de Maastricht que l’union monétaire était un moyen pour conduire, contraindre, à l’union politique.
Donc oui c’est un projet politique. Est ce que l’union politique va se réaliser pour autant ? Pour l’instant c’est mal parti.
En même temps si les allemands ont choisi de favoriser l’offre et donc l’exportation, ils doivent bien comprendre qu’il faut qu’ils financent en retour leur client sinon ils ne trouveront plus de débouchés.
Autrement dis les allemands ont choisi de travailler pour les autres, ils faut qu’ils assument ce choix. Donc la remarque de Lagarde n’est pas si stupide que cela.
Rédigé par : JB7756 | lundi 22 mars 2010 à 12h27