Malgré la peur que la
situation dramatique de la Grèce commence à instiller dans les esprits
et les médias, nombre d'économistes, de politiciens et d'analystes
conservent un discours lénifiant, que l'on peut résumer aux phrases clé
suivantes: "non, les problèmes d'endettement ne sont pas
insurmontables", "une réponse européenne coordonnée d'aide à la Grèce
permettra de stabiliser la situation", "une sortie en douceur de la
crise est possible", "la reprise est là et va apporter les fruits de la
croissance dont nous avons besoin".
Tout chef d'entreprise sait que la dette est un instrument utile mais à manier avec précautions, et dans le respect de certaines règles de bon sens. Mais cela fait longtemps que les états ont abandonné toute sagesse dans l'usage de l'endettement public. Et c'est pour cela que la crise grecque - ou de la Californie, ou du New Jersey - n'est que la répétition générale des très graves ennuis qui attendent l'ensemble des économies occidentales. Essayons de comprendre pourquoi, au delà de la superficialité propre à notre société de l'information prête à consommer.
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DU BON USAGE DE LA DETTE
Le nombre d'économistes, généralement diplômés, qui affirment que "la dette publique est un faux problème", voire qu'elle n'en est pas un du tout, est absolument sidérant.
Tenez, il y a deux ans, dans un livre par ailleurs excellent, intitulé de façon pas du tout racoleuse "Sexe, drogue et économie", Alexandre Delaigue et Stéphane Ménia, alias "les éconoclastes", affirmaient que la dette publique était "un faux problème". C'était le seul chapitre réellement critiquable, de mon point de vue.
"Faux problème". Allez dire cela aux grecs aujourd'hui. Il est plus que temps d'expliquer en quoi ce type d'affirmation est dangereux.
Les auteurs, et ceux qui tiennent le même discours, nous justifient leur assertion par un calcul financier classique qui montre que seule compte la qualité de la dépense, de l'affectation des ressources, et que peu importe le mode de financement de ces ressources, la valeur créée à la fin est identique.
Mathématiquement, au premier abord, ce raisonnement est exact. Mais, faut-il le rappeler, la dette a la désagréable caractéristique de devoir être remboursée à échéances régulières. Voyons ce que cela change.
Quel est le raisonnement des éconoclastes ?
Je résume le raisonnement des éconoclastes, p.54 de leur ouvrage:
Vous disposez en outre d'une ligne de crédit qui vous coûte 10%
Vous devez acheter pour 100 euros de marchandises, par exemple des vêtements.
Première option: vous achetez au comptant. Un an plus tard (en supposant que vos vêtements ne se déprécient pas), vous avez 900 euros+10% = 990 Euros de fonds, et 100 euros de vêtements.
Deuxième option: vous gardez vos 1000 euros, vous empruntez 100 Euros, vous achetez les vêtements avec, et un an plus tard, vous avez toujours 100 euros de vêtements et un patrimoine net de (1000 euros +10%) Moins (intérêts 10 %sur 100 euros) - (dette à rembourser à échéance 100 Euros) = 1100-10-100=990 Euros. Tiens, exactement la même chose, nous disent les économistes.
L'économiste et le comptable
Le comptable vous dirait: Raisonnons en bilan plutôt qu'en flux. Dans la première option citée par les éconoclastes, toujours en négligeant la dépréciation des vêtements, votre situation à un an est la suivante:
actif | passif |
vêtements
: 100 Trésorerie : 990 | capitaux initiaux (#souscrits) : 1000 réserves nettes : 90 Soit au total : Patrimoine (#fonds propres) 1090 dette : 0 |
Total
des actifs : 1090 | Total du passif : 1090 |
Dans la seconde situation, le bilan à un an s'écrirait ainsi :
actif | passif |
Vêtements 100 Trésorerie 1090 | Capitaux
initiaux 1000 réserves nettes: 90 patrimoine (#fonds propres): 1090 Dette : 100 |
Total des actifs : 1190 | Total du passif : 1190 |
La différence est claire: dans les deux cas, votre patrimoine net est identique (ce que disent Ménia et Delaigue, qui n'ont donc pas tort, formellement), mais dans le second, le total de bilan est plus élevé que dans le premier et vous devez rembourser 100.
Certes, si dans le second cas vous remboursez 100 immédiatement, en pompant dans votre trésorerie, votre situation s'apparente immédiatement au cas numéro un. Mais tant que cette opération n'a pas été effectuée, les deux situations ne sont pas équivalentes. Les fonds propres sont identiques, mais le total du bilan n'est pas le même. Les situations ne sont donc pas stricto sensu équivalentes.
Pourquoi, dans ce cas, recourir plutôt à l'une ou l'autre des options ? Devez vous financer votre achat sur votre capital ou préférer la dette ? Avant d'aborder plus spécifiquement la question de la dette publique, voyons pourquoi et comment les entreprises, hors du monde financier, utilisent la dette.
Comment grossir pour une entreprise
Imaginons que vous soyez à la tête d'une entreprise. Dans ce cas, au lieu d'utiliser 100 Euros sur 1000 à acheter des vêtements, disons que vous achetez une machine. Dans la plupart des business models de type industriel, votre capacité à gagner de l'argent est directement liée à la taille de vos actifs. Pas uniquement, évidemment, sinon ce serait trop facile, mais enfin, si vous disposez d'un four à pain capable de produire 1000 pains par jour, vous pouvez produire 0, 800 ou 1000 pains, mais pas 1005 pains. Si vous voulez vendre plus de 1000 pains, vous devez acheter soit un deuxième four, soit remplacer votre four à 1000 pains par un modèle plus performant, s'il existe. Vous avez donc besoin de plus de ressources financières, donc d'accroître votre passif.
Par conséquent, si votre objectif est de faire grandir votre entreprise, vous devez augmenter la taille de votre bilan. Vous pouvez le faire de trois façons:
- soit en réinvestissant une partie de vos bénéfices: vous augmentez vos réserves.
- soit en invitant de nouveaux investisseurs à augmenter le capital de l'entreprise: vous augmentez le capital social en diluant les actionnaires existants.
- soit en augmentant vos dettes. Il existe plusieurs façons d'y parvenir, (dette obligataire, bancaire, fournisseur, sont les principales formes - inutile de détailler).
Donc, dans une entreprise privée industrielle classiquement gérée, les augmentations de taille du passif, qui permettront de financer la croissance de l'entreprise, se font principalement par une combinaison entre augmentation des réserves et augmentation des emprunts.
Naturellement, le chef d'entreprise espère, en augmentant la taille de son bilan, pouvoir accroître son volume d'affaires, et, s'il gère bien son entreprise, son bénéfice. Pour cela, il faut que son investissement lui rapporte plus qu'il ne lui coûte. Par exemple, si sa dette lui coûte 6% et son investissement lui garantissent un volume d'affaires lui rapportant 12%, il est largement gagnant. Inutile de dire qu'un tel succès n'a rien de garanti et qu'une part non négligeable des investissements n'amène pas les bénéfices escomptés. Bref, augmenter son bilan est risqué.
C'est d'autant plus risqué si vous avez choisi de grossir par endettement. Car lorsqu'une dette arrive à échéance, vous devez en rembourser le principal. Donc, mécaniquement, ce remboursement, lorsque son heure est venue, diminue le total de votre bilan. Si vous ne voulez pas vous séparer d'actifs d'un montant équivalent (trésorerie ou autre), vous devez compenser cette diminution du bilan.
Pour cela, soit vous avez fait des bénéfices, et vous aurez le choix entre remplacer votre dette remboursée par l'accroissement de vos réserves (bilan à peu près constant), soit de compléter ces réserves en renouvelant vos emprunts, voire en les augmentant, ce que votre banquier devrait vous accorder si vous êtes en bonne santé. Vous faites donc à nouveau grandir votre bilan, mais de façon saine, par utilisation conjointe de l'accumulation de réserves, d'emprunts de long terme.
Cas réels
Regardons le passif du bilan de deux grands groupes, Renault et Essilor, choisis au hasard, et à titre d'information, regardons quel est leur chiffre d'affaires 2009.
En milliards d'€ arrondi à la centaine de millions | Renault
(2009) | Essilor (2009) |
Capital Réserves cumulées Total Fonds propres* Dette long terme Dette court terme & autre passif courrant Total dettes | 1,100 17,400 16,500* 11,600 35,800 47,400** | 0,450 2,300 2,700* 0,450 1,000 1,450 |
TOTAL DU BILAN* | 64,000* | 4,150 |
C.A. 2009 Dettes financières LT / Ca | 33,700 33% | 3,200 14% |
** Je ne peux pas dire que la découverte des ratios d'endettement de Renault me rassure sur l'avenir de l'automobile sous pavillon français...
Naturellement, nous aurions pu obtenir d'autres ordres de grandeur avec des business models radicalement différents, tels qu'une start up du web, une agence de pub, une société de logiciel, mais on peut retenir quelques observations assez générales:
b) Le CA de Renault est d'environ 52% de son total de bilan, celui d'Essilor 77%. Dans l'industrie, ce sont des ordres de grandeur assez représentatifs.
c) Les dettes à long terme totales d'Essilor sont de l'ordre de 14% de leur CA. Celles de Renault de 33%, et c'est sans doute trop. Retenez bien cet ordre de grandeur.
d) La structure financière du passif d'Essilor est nettement plus rassurante que celle de Renault: la ratio dettes/CA, dettes/capitaux propres, ou dettes/bilan est nettement plus faible dans le cas d'Essilor, dont la part des capitaux dans le bilan excède 65%, alors qu'elle n'est que de 25% chez Renault. Naturellement, tous les constructeurs d'automobiles ont un encours "dettes fournisseurs" et "dettes revendeurs" assez élevé, dû à leur modèle d'entreprise et au type de produit commercialisé: il ne faut pas comparer chiffre pour chiffre Essilor et Renault, mais dans l'absolu, les deux structures financières ne recèlent pas le même niveau de risque pour les deux entreprises.
Impact de la crise pour Renault
Ajoutons que les chiffres de Renault se sont considérablement dégradés entre 2007 et 2009:
le CA est passé de 41 G€ à 33 G€, le résultat net de +2,7 à -3 G€, et du coup, les capitaux propres ont fondu de 22G€ à 16,5G€. Cela illustre le rôle d'amortisseur des capitaux propres. Renault, pour passer ce mauvais cap, a diminué son total de bilan, de 68 à 64 milliards, a fait fondre ses stocks -diminution de l'actif du bilan-, et a nettement moins augmenté sa dette que son déficit n'a cru. Sa situation est assez difficile (il ne faudrait pas que la marque connaisse de nouveaux exercices aussi mauvais, et l'importance du passif courant inquiète) mais loin d'être désespérée.
Pas de profit, pas de croissance durable
On voit donc toutefois que ces deux entreprises n'auraient pas pu atteindre leur dimension actuelle si elles n'avaient pas accumulé des réserves au cours de bon nombre d'exercices bénéficiaires; En ce qui concerne Essilor, je n'ai pas souvenir d'un seul exercice déficitaire ces 25 dernières années. Pas de profit, pas de croissance ! Pas de réserves, pas de sécurité en cas de retournement de conjoncture.
Mais si (comme Renault en 2009), elles se mettaient à accumuler des exercices déficitaires, elles n'auraient d'autre choix que de maigrir (ventes de filiale, gains d'efficacité dans l'emploi des ressources, etc...) pour survivre et faire face à leurs échéances de dettes.
Qu'est-ce que le profit ? De façon simplifiée, voici quels sont les grandes masses qui aboutissent au résultat net de l'entreprise.
+ Chiffre d'affaires
---------------------
- Achats externes courants = valeur Ajoutée
- Masse salariale (y compris charges sociales)
- Dotation aux amortissements (#dépréciation annuelle des actifs)
- taxes & impôts
- intérêts versés aux créanciers
---------------------
= Résultat net = (Dividendes actionnaires + Réserves si >0)
= (Réduction des réserves si < 0)
Vous voyez donc qu'une baisse du chiffre d'affaires assez brutale et plutôt inattendue sur deux ans, ne peut que se ressentir durement sur le résultat net, car il y a dans les coûts de nombreuses composantes fixes et incompressibles, mais que les fondamentaux de l'entreprise permettent de ne pas transformer intégralement le déficit en endettement, ce qui serait intenable.
Mais qu'en est il pour l'état ? La dette de l'état peut elle être comparée à la dette des grandes entreprises ?
L'INSOUTENABLE LEGERETE DES ETATS
Notons d'abord que l'état ne produit qu'une comptabilité de flux, le budget, et que la notion de bilan lui est étrangère. De plus, son compte de résultats ne fait pas apparaître de dotation aux amortissements mais une notion de budget d'investissement bien moins comptablement informative (ce qui fait que l'état ne sait pas entretenir correctement son patrimoine), et si l'état ne se verse pas d'impôt à lui même, il ajoute à ses achats externes des "subventions" aux autres organismes publics, qu'ils soient de sécurité sociale, locaux ou européens.
Plus amateur que la comptabilité publique, tu meurs.
Le solde budgétaire se calcule donc ainsi:
+ Recettes fiscales (principalement) et non fiscales (marginales), hors emprunts
+ Reversements de certaines institutions publiques (e.g. Europe)
--------------------
- Achats externes courants
- Masse salariale
- dotations/subventions aux autres institutions publiques
- interventions (social, subventions aux entreprises, etc...)
- budget d'investissement pour compte propre
- intérêt versé aux créanciers
--------------------
= Solde budgétaire (excédent si >0 - pour mémoire...- ; déficit si <0)
Un déficit budgétaire est donc comblé par l'emprunt. Il est donc, en complément de l'impôt, la seconde des deux sources principales de financement de l'activité de l'état (il en est d'autres plus marginales, non détaillées ici).
L'état ne publie pas de comptabilité de type patrimoniale et donc de bilan. Mais si on devait tenter d'écrire un "pseudo-bilan" de l'état français, l'on obtiendrait à peu près ceci:
actif | passif |
Actif immobilisé : inconnu dépréciation: certaine ! Participations: cotées : 105 Mds€ Stocks : pas de consolidation des inventaires publics Trésorerie: toujours sur le fil du rasoir. Retards de paiement fréquents dans les administrations publiques. | Capital
souscrit : zéro Réserves : hé, ho, ça fait 30 ans qu'on est en déficit ! Dette financière : 1500 Mds€* (sans parler des engagements non provisionnés des caisses de retraite, cf. rapport Pébereau) Dette court terme: Aucune consolidation des dettes fournisseur des administrations. |
Total du bilan : on-ne-sait-pas-! | pareil - De toute façons, la comptabilité, c'est intellectuellement indigne d'un génie français issu de l'Ecole Nationale d'Administration |
Comment voulez vous que le gouvernement gère l'état de façon saine avec une comptabilité pareille ? La seule certitude est que les seuls actifs "facilement" négociables de l'état, ses participations, représentent juste 7% de sa dette financière. Ahem.
Quant au "Chiffre d'Affaires" de l'état, selon que l'on considère l'état seul, ou l'ensemble des organismes publics du territoire Français, il tourne grosso modo autour de 300 (état seul) ou 900 milliards d'Euros (état+sécu+retraites+collectivités). Certes, comparer le produit d'un impôt au paiement forcé à un chiffre d'affaires est très déplaisant, mais comptablement, cela se justifie. Le Chiffre d'Affaires n'est rien d'autre que la mesure de la capacité à faire rentrer de l'argent dans la caisse.
Si l'on veut comparer l'état à Renault ou à Essilor, on constate que sa dette financière est égale à 166% du CA public total, environ, ou 5 fois celui de l'état stricto sensu. La dette de l'état est donc incroyablement supérieure à sa capacité d'obtenir de l'argent de sa... "clientèle", pardon, de sa base taxable.
Cumul des déficits
Comme l'état, en déficit Chronique depuis 1974 (36 années de suite !), ne sait pas faire de réserves, ou encore utiliser des excédents pour réduire sa dette, il enfile les déficits comme les perles depuis cette date, tout simplement parce qu'il n'a pas le courage de révéler aux français son coût réel.
Contrairement aux entreprises privées qui ne convertissent pas la totalité de leurs éventuels déficits en dette, parce qu'elles essaient alors de réduire le total de leur bilan, on l'à vu avec Renault -D'où l'utilité de tenir un bilan-, l'état se contente d'additionner les déficits à la dette, et, malgré quelques opérations de marché de l'agence France Trésor qui permettent de grapiller de ci de là quelques centaines de millions par an, la dette augment inexorablement du montant des déficits annuels.
Pire, cette augmentation de l'endettement a juste pour but de permettre de passer les fins de mois. Elle n'a absolument pas pour finalité de financer des investissements capables d'augmenter le "Chiffre d'Affaires" de l'état, contrairement à l'endettement des entreprises. Ce "chiffre d'affaires" de l'Etat est directement corrélé au PIB de l'état considéré, lequel ne sera en rien aidé par les emprunts effectués par l'état, bien au contraire.
Imaginez que Renault compense la baisse de son chiffre d'affaires par un recours exclusif au crédit pour présenter un budget constant "de relance" truffé de dépenses totalement improductives: tout gestionnaire d'entreprise verrait ses cheveux se dresser sur la tête, les actionnaires vendraient leurs actions en courant, les banquiers fermeraient leur porte... C'est pourtant ce que fait l'état depuis 36 ans, et tout le monde trouve cela normal. Cherchez l'erreur.
Pourcentages
L'état, pour masquer l'incurie de sa gestion, exprime son déficit en % du PIB plutôt qu'en pourcentage de son budget.
Le déficit, exprimé en % du PIB, paraissait "raisonnable" jusqu'en 2008 (#3%), mais l'était nettement moins exprimé en pourcentage du "chiffre d'affaires", puisqu'il représentait déjà plus de 15% de son "budget".
Aujourd'hui, le solde budgétaire de l'état, récession oblige, est hors de contrôle. Le résultat est que selon le périmètre retenu pour le "chiffre d'affaires" (300 ou 900 milliards), la dette de l'état, hors engagements non provisionnés, est égale de 1,6 à 5 fois son revenu, et que sur un an, cette dette va augmenter de presque 8% du PIB, soit 16 à 50% de ses revenus.
16 à 50% de son "CA" annuel selon le périmètre retenu : L'état ajoute à sa dette, chaque année, l'équivalent de la dette totale d'un groupe comme Essilor ou Renault, comparé à sa capacité de faire rentrer l'argent dans les caisses.
Tel est l'ampleur du "faux problème" de la dette publique.
Etranglement financier
Examinons un pays qui avait 100% de dettes comparé au PIB il y a deux ans, et 120% maintenant: la Grèce.
100% du PIB avec un taux d'emprunt moyen pondéré à 4% représentent 4% du PIB de l'état en question, à verser comme seuls intérêts de la dette. Cet état (tous niveaux confondus) prélève environ 40% de la richesse nationale sous forme d'impôts et assimilés, il doit consacrer 10% de ses recettes hors emprunts à payer les intérêts de sa dette, ce qui n'est pas négligeable.
Mais imaginons que, crise économique oblige, il arrive à cet état ce qui arrive à Renault: une chute de ses recettes (son "CA") de 10%. Contrairement à Renault, cet état ne se montre guère capable de se restructurer : son déficit, qui atteignait déjà 5-6% du PIB quand "tout allait bien", monte alors à 13% de son PIB !
D'un seul coup, cet état se met à ajouter 12 puis 15% de PIB, soit près de 40% de son CA annuel, chaque année, à sa dette !
Les créanciers vont tout à coup se dire que prêter à cet état est très risqué: le taux d'intérêt exigé va atteindre 6, puis 10%... Si la grèce devait emprunter à ce prix, même si elle devait réussir à réduire de 25% (!!!) ses dépenses publiques, elle se retrouverait dans quelques années avec l'intégralité de sa dette représentant 140 à 150% de son PIB, et des remboursements annuels d'intérêt représentant 15% et plus de ce même PIB, soit plus du tiers du total de ses recettes !
Et encore, stricto sensu, l'état en question ne prélève "que" 20% du PIB, car le reste est prélevé par des collectivités locales ou des caisses d'assurance sociales et l'état ne peut pas y puiser comme bon lui semble ! Question: comment un état en récession, qui ne peut donc pas augmenter massivement les impôts sous peine de tuer son économie, et qui doit payer en intérêts chaque année une part de ses recettes qui gonfle hors de toute proportion raisonnable, peut il ne pas se trouver en défaut de paiement ? Réponse: IL NE PEUT PAS. L'état grec est en faillite, point barre, même s'il n'y a pas de procédure de dépôt de bilan officiel, comme pour une entreprise.
L'état grec est obligé de planter soit ses créanciers, soit ses fonctionnaires, soit ses retraités et autres bénéficiaires de versements sociaux, soit l'Euro (dans le cas où la BCE rachèterait, hors de ses statuts actuels, directement des obligations grèques en créant de la monnaie ex nihilo). Et sans doute un peu tout le monde, à diverses doses. Certes, officiellement, il n'y aura faillite que si la première option est retenue. Mais cela ne change rien au fait que la Grèce est incapable de faire face à la somme de ses engagements actuels, ce qui est bel et bien une situation de défaut de paiement.
Vous comprenez, maintenant, pourquoi la dette publique, lorsqu'elle est accumulée sans retenue, devient un... vrai problème ? Passé un certain "seuil", la moindre récession de l'économie, si elle entraine le moindre doute des investisseurs sur la capacité de l'état à honorer ses intérêts se transforme en véritable catastrophe.
Bon, me direz vous, mais c'est la Grèce... Les grecs sont, de notoriété publique, des gens peu sérieux. Ce n'est pas à des allemands, des américains, ou des génies français que de tels malheurs pourraient arriver, pas vrai ? On peut encore redresser la situation. Non ?
Où en est on ailleurs ? Le pavé dans la mare de la banque des règlements internationaux.
Toutes ces considérations théoriques sur l'insoutenabilité des dettes publiques sont plus qu'amplement confirmées par les projections de la banque des règlements internationaux, qui est en quelque sorte la "banque centrale des banques centrales". C'est entre autre la BIS (BRI en français) qui est à l'origine des règles de Bâle, présentées et éreintées ici.
L'étude de mars 2010 (PDF) vaut d'être lue. Il faut bien voir que ce genre d'organisme international dont les membres, mêmes lorsqu'ils sont sous statut privé, ont des liens très étroits avec les gouvernements, utilisent en général un langage policé, prudent et mesuré, nécessitant de savoir lire entre les lignes.
Mais pas dans l'étude en question ! Le résumé est lapidaire (Caractères gras ajoutés):
Nos projections de ratios de dette publique nous conduisent à conclure que la voie suivie par les autorités fiscales dans nombre de pays industriels est insoutenable. Des mesures drastiques sont nécessaires pour contrôler la croissance rapide actuelle et future des engagements des gouvernements, et réduire leurs conséquences néfastes pour la croissance à long terme et la stabilité monétaire.
"Insoutenable", "mesures drastiques"... Quels sont les éléments qui permettent à la BIS de se montrer aussi catégoriques ?
Tout d'abord, la crise et les réactions des gouvernements, les sauvetages et relances, ont provoqué un emballement, il n'y a pas d'autre mot, de la dette publique. Voici quelques exemples de variations de la dette publique entre 2007 et 2011 (estimation) :
- USA: 2007 : 62%. 2011: 100%
- UK : 2007: 47% 2011 : 94%
- Grèce: 2007 : 104% 2011: 130%
- Espagne : 2007 : 42% - 2011: 74%
Puis la BIS s'intéresse à l'évolution de la dette sur trente années selon trois scénarios:
(2) Réduction modérée des déficits publics de 1% du PIB chaque année pendant au moins 5 ans
(3) Réduction des déficits plus stabilisation du pourcentage du PIB consacré aux prestations de retraite
Les graphes ci dessous parlent d'eux mêmes (cliquez dessus pour agrandir) :
Le scénario 1 mène clairement à des niveaux de dette insoutenables qui ne se produiront jamais: les emprunteurs auront déserté le marché obligataire bien avant. En effet, voilà ce qu'il signifierait en matière de paiement des intérêts annuels en pourcentage du PIB:
Aucun pays ne pourrait consacrer 10 à 30% de son PIB au seul remboursement des intérêts de sa dette, avant même de payer ses policiers, soldats, instituteurs !
Peut-on encore retourner la situation ?
Mais le plus intéressant est d'examiner les deux autres scénarios:
Le scénario 2 (réduction graduelle des déficits) n'empêcherait pas l'explosion de la dette à des niveaux difficilement soutenables dans tous les pays étudiés sauf... l'Italie. Il n'est pas habituel de trouver cette habituée du "club med" aux places d'honneur, mais les italiens peuvent dire merci au refus de leur gouvernement de se lancer dans des "plans de relance" pour "vaincre la crise". Le gouvernement Italien devrait avoir un budget en équilibre dès 2011.
Silvio Berlusconi est très loin de l'idéal libéral par bien des aspects, mais c'est un chef d'entreprise qui sait ce qu'est une dette, lui, et les keynesiens doivent trouver à qui parler lorsqu'ils lui affirment que la dépense publique est le remède à la crise. Ceci dit, les gouvernements qui l'ont précédé ont tellement endetté l'Italie que je ne suis même pas certain de partager la légère pointe d'optimisme de la BIS concernant la péninsule.
Le scénario 3 de la BIS, plus drastique, permettrait d'inverser la tendance dans tous les pays étudiés SAUF CINQ:
- France,
- Japon,
- Royaume uni
- USA
- Irlande
Et il opèrerait tout juste une stabilisation de la situation en Grèce et en Espagne.
Autrement dit, cinq pays sont dans une situation tellement potentiellement désastreuse que même un plan d'austérité d'une ampleur jamais vue ne pourrait complètement stopper l'emballement de leur dette. Et pas de chance, nous en faisons partie.
Enfin, la BIS a calculé quel niveau d'Excédent budgétaire moyen les différents états devraient adopter pour ramener leur dette au niveau de 2007 en 5, 10 ou 20 ans:
Naturellement, ces prévisions ne sont valides que si aucune rechute dépressionnaire ne vient à nouveau dégrader les comptes des pays considérés, ce qui, à horizon de 20 ans, est absolument inenvisageable dans des pays flirtant constamment avec les limites du surendettement.
Conséquences concrètes
Que conclure de cette avalanche de tableaux, chiffres et courbes ?
Que tous ces pays seront obligés de couper sévèrement dans leur masse salariale publique, leurs interventions économiques et sociales, dans les années à venir, et que cela n'empêchera peut être pas des situations de défaut partiel sur les dettes financières - Le marché obligataire de ces états est à fuir absolument, et avec lui les produits financiers qui, de par la loi, sont tenus de posséder ces produits dans leur portefeuille: l'assurance vie, pour la France, est le placement perdant des années à venir.
Que les dettes publiques de la France, des USA, et du Royaume Uni ne méritent pas leur notation actuelle.
Que toute la réglementation actuelle de la banque et de l'assurance fondée sur l'écart de risque entre les obligations d'état et les autres produits est à jeter à la poubelle. Il est aujourd'hui bien moins risqué de posséder des actions ou des obligations Essilor (pour Renault, c'est à voir...) que des obligations du trésor français ou britannique. Pourtant les lois obligent les banques et assurances détentrices de ces produits financiers émis par le secteur privé à constituer plus de réserves en capital que si elles détenaient des bons d'état.
Par conséquent, la plupart des pays vont évoluer pendant quelques années entre les scénarios 1 et 2 : l'on voit mal comment des crises graves sont évitables, soit par défaut de paiement de certains états, soit par dérapage hyper-inflationniste.
Certes, si la Grèce met en place réellement son plan d'austérité, cela pourrait avoir une vertu pédagogique pour les autres pays.
Mais d'une part, qui nous dit que la Grèce n'essaiera pas de tricher une fois de plus, de faire semblant, de ménager la chèvre financière et le chou de sa politique intérieure, de retarder les échéances inévitables ? D'autre part, l'impression dominante est que les opinions mondiales, et plus particulièrement celles des employés des secteurs publics des grands pays industriels, n'ont pas compris ce qui était en train de se passer.
Posez la question à un fonctionnaire français: il est généralement persuadé que ce qui arrive aux grecs "n'arrive qu'aux autres", que cela ne peut arriver dans son pays si bien géré, avec un modèle social que le monde entier lui envie. Il résistera bec et ongles aux propositions d'austérité qui pourraient être faites avant la crise fatale, parce que, c'est bien connu, "Il n'ya a qu'à faire payer les riches et les banquiers". Et comme tous ont bien appris que "C'est la faute à la déréglementation débridée et à la pensée unique ultra-libérale sauvage", nous ne sommes même pas sur la voie du bon diagnostic.
Et maintenant ? Et demain ?
Les scénarios possibles sont nombreux et ont déjà été évoqués ici.
Le scénario le plus probable, politiquement parlant, est que le plan d'aide à la Grèce du FMI et de l'Europe ne fera que retarder l'inévitable. Les chiffres de la BIS sont clairs: les tendances actuelles, si elles sont poursuivies ou même seulement infléchies, mènent à la faillite généralisée. Seule l'échéance est difficile à anticiper.
Dans un tel cas, tous les pays deviennent des canards boiteux incapables d'aider le plus mal en point d'entre eux. Une des hypothèses les plus crédibles est celle d'un rachat direct, par la BCE et les autres banques centrales, par usage de la création monétaire ex nihilo, des dettes publiques qui ne trouveront plus preneur sur le marché financier privé, soit directement, soit par acceptation de titres de qualité "illusoire" par la BCE comme collatéral de prêts aux banques commerciales, ce qui reviendra au même. En clair, des variations subtiles autour du thème de "la planche à billets". Le défaut partiel sur les dettes publiques des grands pays européens sera évité, les gouvernements transférant leurs difficultés financières sur les épargnants et les salariés payés en Euros. Exactement comme s'ils faisaient défaut sur leur dette, mais sans l'afficher officiellement.
Une variante consisterait à créer un cartel européen des états prétendûment bonne santé, en charge de prêter l'argent aux pays malades, argent que la BCE lui prêterait en échange d'un dépôt en collatéral des obligations "toxiques" des états les moins fringants. Pour sauvegarder les apparences, les pays bénéficiaires de ces prêts devraient mettre en place un plan d'austérité, comme la Grèce aujourd'hui.
Bref, de la création monétaire dépourvue de contrepartie ayant la moindre valeur. Au vu des sommes considérables en jeu (on parle de dettes supérieures à 100% du PIB, tout de même), cela finira par casser la tendance déflationniste induite par le dégonflement des bulles de dettes privées et relancera une inflation dont on peut craindre qu'elle échappe rapidement à tout contrôle, d'autant plus que, du fait du plan d'aide, les opinions des pays "secourus" se croiront tirées d'affaire et n'auront aucune raison de ne pas faire pression sur leur gouvernement pour assouplir les mesures d'austérité.
Cette inflation sera-t-elle de l'ordre de celles que l'on a connues dans les années 70 avec leurs taux à 10-20%, ce qui est très ennuyeux mais pas irrattrapable ? Rien n'est certain, mais les ordres de grandeur des "sauvetages par la planche à billets" font plutôt craindre un scénario de type Russie des années 90 où Yougoslavie de la fin des années 80, avec des inflations supérieures à 100%, totalement hors de contrôle.
Et dans les deux cas, l'évolution de ces pays a été particulièrement indésirable vu de nos yeux d'occidentaux habitués au confort des social-démocraties au développement sans histoire: explosion de la très grande pauvreté, guerres civiles ou éclatement de la nation, croissance incontrôlable de l'économie mafieuse, régimes politiques autoritaires et corrompus déguisés en démocraties... Sans même parler de la façon dont a fini l'Allemagne des années 20-30... Espérons que notre "mémoire collective" de la démocratie nous permettra d'éviter ces écueils, et d'envisager une sortie de crise dans la douleur mais dans une relative sérénité, comme ce fut le cas en Suède au début des années 90. Mais rien n'est moins sûr, pas plus en France qu'en Grèce.
La fausse croyance, largement partagée par les politiciens et les déplorables économistes néo-keynésiens qui ont leurs faveurs, que "la dette publique n'est pas un problème", va au final plonger nos sociétés dans une crise d'une ampleur sans précédent, dont les soubresauts de 2008 n'étaient que le hors d'oeuvre.
Une fois de plus, les états providence, dont les hommes nous ont affirmé qu'ils avaient la solution à une crise qu'ils ont attribué au grand méchant marché, se révèlent être le problème numéro un des sociétés occidentales. Ces états tentaculaires et ultra-dépensiers nous ont entrainé dans le piège mortel des dettes publiques insoutenables.
Maintenant qu'ils vont, à l'évidence, bientôt dépasser les limites de leur capacité à pressurer les contribuables pour générer les recettes nécessaires au paiement des intérêts de ces hyper-dettes, les pompiers pyromanes de l'état s'agitent, accusent "les spéculateurs", les "défaillances de marché", mais refusent de traiter leurs populations avec le respect dû à des adultes, en reconnaissant leur situation de faillite, et en se livrant à un examen sans concession des missions que les états doivent maintenir coûte que coûte et de celles qu'ils doivent abandonner ou privatiser. Ils refusent, dans l'adversité, de "réduire le bilan", comme le ferait tout chef d'entreprise qui se respecte. Criminelle lâcheté ! Pour sauver les apparences, ils préparent quelques mesurettes qu'ils présenteront comme des ruptures. Ainsi bricolé, le système durera quelques mois ou quelques années de plus. Jusqu'à ce que les tensions qu'il affronte deviennent plus fortes que lui.
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Lire plus:
L'étude de la BIS: "The future of Public Debt, prospects and Implications", PDF, 26 p.
Un résumé en anglais de l'étude BIS: John Mauldin
Sur Ob'Lib', nov 2008 : Crise: le plus dur est devant nous. Il est urgent de changer de cap économique !
Ob'Lib': Une Flat tax pour la Grèce ? - Non au sauvetage des états européens mal gérés ! - dossier sur la crise financière
Campagne "Réduisons la dette publique" du Parti Libéral Démocrate
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Wow ...
Bon ben je vais ptet aller me recoucher alors. Je crois que vais me faire porter pale.
Trève de plaisanterie sur un sujet qui en appelle de moins en moins : je suis bien d'accord avec le constat et la conclusion et il est plus que temps qu'on regarde la vérité en face. En effet, même pour les pourfendeurs de la dépense public, ceux qui tiennent le discours du "attention, si on continue comme ça on va droit dans le mur", il parait utile de reconnaitre que le mur est inévitable. Le problème est l'excès de dette, et l'excès de dette est déjà là : ce n'est pas l'excès de dette de demain qui nous menace, c'est celui d'hier et d'aujourd'hui. Le mal est déjà fait. Et il n'y a qu'une seule solution au problème : réduire la dette (d'où la stupidité absolue de penser qu'on a résolu les problèmes de la Grèce en ... lui prêtant 120 milliards d'euros : on vient juste de donner un tonneau de whisky à un alcoolique chronique, en annoncant que maintenant il était sur la voie de sobriété).
Il n'y a pas d'autre solution à l'excès de dette que la réduction de cette dette. Aussi vrai qu'il n'est pas possible de se soulever de terre en tirant très fort sur sa ceinture.
Espérons au moins qu'on reconnaitra un jour que le vrais libéraux qui n'ont eu de cesse de critiquer sur le fond l'Etat Providence avaient vu juste.
Espérons également que nous n'aurons pas la faiblesse de croire que les problèmes auxquels nous allons devoir faire face trouvent leur source dans les politiques des 10, 20 ou même 30 dernières années : elles résultent in fine de graines plantées au début du siècle dernier, avec la naissance de l'Etat Providence appelé par sa nature à une croissance sans fin, et la mise en place d'un système monétaire et bancaire compatible avec la croissance infinie de la dette qu'il allait engendré.
Rédigé par : ST | lundi 03 mai 2010 à 10h13
Pour info, des conclusions a peu prêt similaires de l'ours tropical hier : http://tropicalbear.over-blog.com/article-europe-usa-le-miracle-japonais-ne-se-repetera-sans-doute-pas-49654068.html
Rédigé par : ST | lundi 03 mai 2010 à 10h22
@ Vincent
Tu as oublié la conclusion logique de tout ça, empruntée à un célèbre "confrère": «Ce pays est foutu» ©™
@ ST
«Espérons au moins qu'on reconnaitra un jour que le vrais libéraux qui n'ont eu de cesse de critiquer sur le fond l'Etat Providence avaient vu juste.»
Non, la conclusion qui sera tenue, par les médias ou les politiciens, ce sera "c'est la faute des méchants spéculateurs capitalistes mangeurs d'enfants". C'est déjà la conclusion qui est tenue concernant la crise grecque. Il n'y a pas de raison que ça change.
«Espérons également que nous n'aurons pas la faiblesse de croire que les problèmes auxquels nous allons devoir faire face trouvent leur source dans les politiques des 10, 20 ou même 30 dernières années : elles résultent in fine de graines plantées au début du siècle dernier, avec la naissance de l'Etat Providence appelé par sa nature à une croissance sans fin, et la mise en place d'un système monétaire et bancaire compatible avec la croissance infinie de la dette qu'il allait engendré.»
Diagnostic on-ne-peut plus exact. Mais encore une fois, ce n'est pas ce diagnostic qui sera retenu. C'est utopique de croire le contraire.
Enfin bref, j'aurais dû faire ce que je voulais faire il y a 2 ans: acheter de l'or. (Ça m'avait paru "compliqué" à l'époque, j'aurais dû aller au-delà de cette complexité). Et je parle de "vrai" or, physique, pas de bons, car avec des bons, l'État trouvera le moyen d'en voler une partie quand la faillite sera là. Bon, manque pus qu'à faire des économies pour pouvoir acheter de l'or… :D
Car l'État volera d'une façon ou d'une autre (impôts, inflation…), directement ou indirectement (voler excessivement "les riches" revient in fine à créer les conditions du chômage et de la pauvreté pour l'ensemble de la population et/ou à faire reporter les coûts de ce vol à la dite population) la population ayant des biens et/ou du capital. Alors si vous avez des économies, convertissez-les en biens dont la valeur n'est pas diluable à volonté par la force publique et qui peuvent être cachés à la dite force publique. L'or me paraît l'idéal pour ça.
Rédigé par : Mateo | lundi 03 mai 2010 à 10h51
Pour l'hyperinflation , une petite étude pourrait être faite sur les cas passés si instructifs .
Quelques exemples :
1920 Allemagne de Weimar
1918-1919 Russie et révolution bolchevique
1945-1946 Chine et arrivée de Mao
1946 Hongrie
Sous l'aspect argent , l'hyperinflation semble une espèce de solution ... Mais l'essentiel se passe sur le plan population avec des aspects dramatiques .
Avec le développement de la crise , on passe progressivement d'une crise financière à une crise sociale majeure .
Et les bouleversements sont considérables . L'histoire en donne des exemples .
Rédigé par : Wladir | lundi 03 mai 2010 à 12h29
Il y a des fonctionnaires qui lisent votre blog et qui ont conscience de la situation (bon d'accord, j'en suis ;) ). Je pense que le déni de réalité au sein de la société française, et même européenne, est (malheureusement!) plus large que la seule caste des fonctionnaires.
Il suffit d'ouvrir le journal pour s'en rendre compte, on ne parle pas d'économie ou de dettes, on parle de la retraite à 60 ans comme une loi d'airain, on parle de la burqa et des syndicats qui comptent leur "force". La grande catastrophe du moment, c'est la marée noire en Louisiane; pas le raz-de-marée économique en Grèce (pas assez vendeur encore, attendons les émeutes...)
De toute façon vue l'aspect critique de la situation, il ne reste plus qu'à aller placer de l'argent en sécurité (zone dollar) et à croiser les doigts pour que tout chavire ensuite (une fois qu'on sera prêts ;) ). Je me demande si je ne vais pas investir mes économies dans l'or...
Bon maintenant l'échéance est imprévisible, vous l'avez dit vous même, mais je pense que nos politiques tenteront toutes les magouilles jusqu'à ce que cela ne soit plus possible de nier (un peu comme les Grecs qui ont d'abord maquillé leur compte pour ensuite demander de l'aide...). Ca nous laisse un peu de marge pour acheter de l'or...
Rédigé par : Guillaume | lundi 03 mai 2010 à 12h48
Bon au lieu de se tirer une balle dans la tête tout de suite, je pense que l’on peut faire un calcul sur le taux d’inflation minimale nécessaire pour effacer ces dettes sur une période de temps donné ?
Alors combien ?
@Wladir
Tous les évènements d’hyper inflation cités sont liés à une crise politique. Pour les années 1920 en Allemagne, c’est le refus de payer les réparations de guerre et l’occupation de la Rhur.
C’est une conséquence de la guerre comme tous les autres événements cités.
Rédigé par : JB7756 | lundi 03 mai 2010 à 12h56
Donnez mois les pleins pouvoir je règle ça ...
6 mois pour rationaliser les finances (peut-être moins avec un peu de chance), les 6 mois suivants pour challenger les mesures prises.
Reste 1 ans jusque 2012, de quoi poser les bases d'un état plus clean, fonctionnant comme une pme.
Rédigé par : S | lundi 03 mai 2010 à 13h41
@S
"Donnez mois les pleins pouvoir je règle ça ..."
On a connu ça en 1933. Ca a très mal fini.
Donc, qui que vous soyez (je ne vous connais pas, vous avez peut être les meilleurs intentions du monde), non.
Rédigé par : JB7756 | lundi 03 mai 2010 à 14h00
Et imaginons que la BCE fasse marcher la planche à billet mais juste pour les états.
Mais qu’en même temps les salaires, les pensions et l’accès au crédit restent sous contrôle (conseil du FMI). Que les états fassent aussi une taxe spéciale sur les banques (en projet) pour limiter l’injection de devises dans l’économie réelle. En gros on étatise totalement le système financier. J’ai plutôt l’impression que c’est ce qui se passe. Alors que se passera t’il ?
Car pour qu’il y ait une vrai inflation, il faut que les salaires montent. Sinon le cycle inflationniste ne peut s’enclencher. Au pire on a des bulles qui gonflent et qui éclatent, un peu comme maintenant en fait.
Rédigé par : JB7756 | lundi 03 mai 2010 à 14h38
@ JB7756
Attention à ne pas confondre inflation et augmentation des prix (ou alors parler d'inflation des prix). Les médias, Les politiques et les économistes qui les conseillent entretiennent volontairement ou involontairement cette confusion.
On ne le répètera jamais assez, mais l'augmentation des prix est la CONSÉQUENCE de l'inflation et non l'inflation elle-même.
Mais cette augmentation des prix est très loin d'être uniforme. À un point tel que l'on peut avoir une forte inflation tout en ayant un "indice des prix" qui augmente faiblement. Et c'est d'ailleurs ce qui s'est passé aux États-Unis et ailleurs: les bulles d'actifs, telle que celle du secteur immobilier, n'ont pas ou peu été compté dans l'indice des prix. Pourtant il s'agissait bel et bien d'une perte de pouvoir d'achat…
Enfin bref, si création de monnaie ex-nihilo il y a, cette masse monétaire se retrouvera bien quelque part. Tôt ou tard. Elle ira gonfler les prix des produits de consommation courants ou créera une bulle dans le secteur immobilier, ou dans le secteur des énergies vertes, ou que sais-je encore…
Mais au final, de VRAIS biens et services verront leur prix augmenter.
Donc faire tourner la planche à billets n'est non seulement pas une solution, mais c'est une des pires, une des plus sournoises. Mais il y a des chances que ce soit celle que choisiront nos gouvernants, car elle permet plus facilement d'accuser les autres (les méchants spéculateurs, les vilains capitalistes, les agences de notation etc.).
Il n'y a pas de miracle, il faudra payer nos dettes, d'une façon ou d'une autre. On ne peut vivre éternellement à crédit. La récréation est finie, ou sur le point de l'être de façon (très) visible par la population.
Il n'y a qu'une seule façon d'augmenter la richesse d'une population: les gains de productivité, c'est-à-dire produire plus de richesses en en consommant mois (biens matériel, services, ressources humaines etc.). Tous les adeptes de la pensée magique qui affirment le contraire sont soit des incultes soit des escrocs.
Rédigé par : Mateo | lundi 03 mai 2010 à 15h23
@jb
> je pense que l’on peut faire un calcul sur le taux
> d’inflation minimale nécessaire pour effacer ces
> dettes sur une période de temps donné ?
Ca semble difficile sans sombrer dans l'hyperinflation. Si tu relis l'article que je citais plus haut de Loic Abadie, on comprend que depuis deux ans ce sont les opérateurs étrangers qui financent 100% de notre déficit budgétaire. On voit également que "Les recettes nettes (fiscales et autres) couvrent ainsi à peine plus de 50% des besoins de notre état, le reste n'étant que de la fuite en avant dans la dette !". Si on met le doigt dans l'engrenage de l'inflation, les taux d'intérets vont exploser, les investisseurs susceptible de continuer à nous financer vont disparaitre : il faudra y aller à fond et financer du jour au lendemain d'un déficit monstrueux par la planche à billet. Je ne vois vraiment pas comment empêcher la machine de s'emballer.
> Et imaginons que la BCE fasse marcher la planche
> à billet mais juste pour les états. Mais qu’en
> même temps les salaires, les pensions et l’accès
> au crédit restent sous contrôle
et les prix à la consommation etc etc ... Si tu fais marcher la planche à billet, l'Euro s'écroule, le prix du pétrole et des matières premières explose, nos importations en provenance d'asie aussi : comment contenir la hausse des prix dans un tel contexte ? Les salaires seront obligés de suivre sous la pression, et la grande cavalcade de l'inflation aura commencé.
Il n'y aura pas de Stagflation. Ce ne sera pas comme dans les années 70, ni comme au Japon dans les années 90 : le contexte n'est plus le même.
Rédigé par : ST | lundi 03 mai 2010 à 15h26
@ST & Mateo
> Si tu fais marcher la planche à billet, l'Euro s'écroule,
> le prix du pétrole et des matières premières explose,
> nos importations en provenance d'asie aussi : comment
> contenir la hausse des prix dans un tel contexte ?
Comme la plupart des pays « riches » sont dans ce cas, on pourra appliquer ce système à l’échelle mondiale ce qui minorera les effets néfastes. Il n’y aura plus de monnaie ou de marché refuge.
On pourrait avoir un système de type soviétique à l’échelle globale : régulation totale avec argent mais magasin vide (pour faire simple).
Avec quand même moins de corruption et plus de liberté d’entreprendre ce qui amoindrira le coté magasin vide. Et si il faut se passer des produits chinois, on s’en passera.
Rédigé par : JB7756 | lundi 03 mai 2010 à 16h59
@ JB7756
On ne peut pas "minorer les effets néfastes". On ne peut que les reporter sur d'autres, à la limite.
Tu auras beau faire toutes les lois du monde qui interdisent ou qui "minore" la gravité, les objets continueront de tomber.
Il faut sortir de la pensée magique.
Rédigé par : Mateo | lundi 03 mai 2010 à 17h41
>
Résultat: Vive le marché noir !!!
Rédigé par : oscar | lundi 03 mai 2010 à 18h30
"On pourrait avoir un système de type soviétique à l’échelle globale : régulation totale avec argent mais magasin vide (pour faire simple).
Avec quand même moins de corruption et plus de liberté d’entreprendre ce qui amoindrira le coté magasin vide. Et si il faut se passer des produits chinois, on s’en passera."
Résultat: Vive le marché noir, avec tout ce que cela implique................
Rédigé par : oscar | lundi 03 mai 2010 à 18h35
@Mateo :
Merci, merci et encore merci : vous êtes le premier qui semble comprendre le problème de la définition de l'inflation comme "hausse du niveau général des prix" ! J'ai essayé d'en discuter avec tant d'économistes (autrichiens), sans jamais me faire comprendre. La larme me monte à l'oeil, va !
Oui, l'inflation est stricto sensu une diminution de la valeur de la monnaie, qui a entre autres pour conséquence une hausse du "niveau général des prix", si cette expression a un sens quelconque (parle-t-on d'un "niveau général des minijupes", ou d'un "niveau général des oeuvres d'art" ?). Mais prendre l'effet pour la cause m'a toujours semblé de la bien mauvaise science.
Rédigé par : Jan Laarman | lundi 03 mai 2010 à 19h13
En fait si certains veulent éviter la faillite, il faudrait qu'ils dégagent des excédents budgétaires. En France, avec quasi 150 milliards de déficit prévu, il faudrait envisager 170-180 milliards de réductions des dépenses dès la première année, soit réduire les dépenses de 40 %, ce que fait comme par hasard la Lettonie.
Au passage, il y a quelques jours, on apprenait dans l'Immonde que les quatre pays au monde avec les dettes les plus problématiques étaient dirigés par des socialistes : la Grèce, le Pakistan, l'Argentine et le Vénézuéla. On s'étonne ensuite que les agences de notation soient si méchantes avec ces Etats.
Rédigé par : Théo2Toulouse | lundi 03 mai 2010 à 19h14
@ Jan Laarman
De rien, mais ce n'est pas moi qui ai "inventé" ça. C'est en lisant les économistes autrichiens, justement.
Je m'étonne qu'en discutant avec des économistes ceux-ci ne vous comprenaient pas lorsque vous disiez que la hausse des prix était la conséquence de l'inflation et non l'inflation elle-même, car c'est justement la vision autrichienne de l'inflation:
- http://en.wikipedia.org/wiki/Inflation#Austrian_theory
- http://en.wikipedia.org/wiki/Austrian_School#Inflation
Mais peut-être avez-vous fait une faute de frappe et que vous vouliez dire "avec tant d'économistes (non autrichiens)"?
Rédigé par : Mateo | lundi 03 mai 2010 à 19h29
@theo2toulouse
>En France, avec quasi 150 milliards de déficit >prévu, il faudrait envisager 170-180 milliards de >réductions des dépenses dès la première année, >soit réduire les dépenses de 40 %.
Comme tout le monde vous avez du recevoir dernèrement votre feuille de déclaration des revenus ?
Vous y découvrez le camembert des dépenses de l'Etat.
J'aimerais que vous puissiez me dire dans quelles portions du camembert, vous envisageriez de récupérer ces 170 milliards d'économie dont vous parlez ?
Ensuite avez vous consulté le camembert des recettes ?
Ne trouvez vous pas que pour un pays du rang de la France , les recettes correspondant à impot sur les sociétés et à impots sur les revenus des personnes physiques est singulèrement faiblard ?
Rédigé par : maurice b. | lundi 03 mai 2010 à 20h31
@maurice b.
> J'aimerais que vous puissiez me dire dans quelles
> portions du camembert, vous envisageriez de
> récupérer ces 170 milliards d'économie dont vous
> parlez ?
C'est évidemment impossible si vous conservez le périmètre du champs d'intervention de l'Etat. Ce ne sont pas des économies, comme dans "on sert les fesses, on met les petits plats dans les grands". C'est abandonner des secteur d'intervention dans lequel l'Etat n'aurait jamais du entrer. Quelques pistes ? les subventions agricoles, la politique du logement, la politique familiale, la culture pour ne citer que quelques exemples.
> Ne trouvez vous pas que pour un pays du rang de
> la France , les recettes correspondant à impot
> sur les sociétés et à impots sur les revenus des
> personnes physiques est singulèrement faiblard ?
Peut importe en réalité le panachage de la provenance des recettes. Ce qui compte c'est le montant global des prélèvements obligatoires. C'est la pression fiscale globale. Et voyez vous j'ai du mal à la trouver faiblarde.
Enfin, le propos de cet article et des différents commentaires ci dessus n'est pas de se poser la question de savoir si c'est possible ou non de réduire le périmètre de l'intervention de l'Etat : c'est de dire que ce n'est plus possible de faire autrement. Point. De gré ou de force, c'est ce qui va se passer. La question est juste de savoir dans quel niveau de douleur et de souffrance cela va se faire. Mais ca se fera, aussi surement que 2 et 2 font 4. Il n'y a pas de baguette magique pour faire disparaitre la dette. D'une manière ou d'une autre, par les uns ou les autres, elle sera remboursée.
Rédigé par : ST | lundi 03 mai 2010 à 22h55
Autres pistes .
Beaucoup trop d'argent pour la défense .
Beaucoup de gaspillages dans la recherche .
A force de multiplier les priorités , le mot "priorité" n'a plus de sens .
Donc quelles sont les vraies priorités ? Que doit-on laisser tomber ? Si on refuse de faire des choix , tout se lézarde .
Rédigé par : Wladir | mardi 04 mai 2010 à 13h18
Bonjour Vincent,
je me pose quelques questions sur la dette publique que je n'ai jamais réussies à élucider. Peut-être pourrez-vous me rendre ce service :
- la dette française telle que couramment exprimée (environ 80% du PIB) incorpore-t-elle la dette des collectivités locales?
- qu'en est-il aux états-unis? On parle là aussi de 80% de dettes, ce taux incorpore-t-il les Etats, les comtés, les villes etc.?
- je ne vois pas apparaître dans votre article de pondération par rapport à la dette des ménages, voire des entreprises. Pourtant j'imagine que la situation n'est pas la même entre un pays avec une dette de 100% du PIB et des ménages surendettés, et un pays avec une dette de 100% du PIB et des ménages raisonnablement endetté?
Merci d'avance pour vos éclaircissements.
Rédigé par : Simon G | mardi 04 mai 2010 à 19h18
@ Simon G
Très bonnes question. La dette publique Fr incorpore les collectivités et la sécu. Etat+Sécu hors collectivité = environ 1300 MDs, collectivités 200 (je vous le fais de mémoire)- L'état est garant des dettes locales, en contrepartie il peut mettre sous tutelle une collectivité aux abois incapable de faire face à ses échéances. La plus célèbre affaire de ce genre a été la ville d'angoulême, lorsque le maire s'appelait JM Boucheron.
Aux USA, le chiffre est celui de la dette fédérale, par contre il inclut les engagements de retraites par répartition (appelée là bas "social security") futurs, ce qui n'est pas le cas du chiffre français.
Bref, les deux chiffres ne sont effectivement pas directement comparables.
- pondération: effectivement, l'article n'en comporte pas. La différence est importante certes, il vaut mieux être à moitié malade que complètement, mais le défaut de paiement d'une entité sur-endettée est indépendant de l'endettement des autres. Et de toute façon, si un état fait défaut, compte tenu du niveau d'engagement des banques vis à vis de cet état, ça peut faire très mal même si les ménages sont peu endettés, surtout lorsqu'un quart de la population est salariée du secteur public, et un autre quart travaille pour des boites dépendant largement des commandes publiques.
Rédigé par : vincent | mardi 04 mai 2010 à 22h27
@Simon G
Je me permet de soulager Vincent des réponses techniques :
> - la dette française telle que couramment exprimée
> (environ 80% du PIB) incorpore-t-elle la dette des
> collectivités locales?
Oui. Pour info, les collectivités locales, c'est 10% de la dette publique, mais ca monte.
> qu'en est-il aux états-unis? On parle là aussi
> de 80% de dettes, ce taux incorpore-t-il les
> Etats, les comtés, les villes etc.?
Non, les dettes locales (Etats, villes etc.) ne sont pas comptée dans le chiffre de 80% de dette. A l'inverse, il est important de noter que dans la dette Federal, celle qui est donnée à 80% du pib, 40% du total de la dette est une dette de l'Etat Fédéral envers lui même. Pour simplifier, la sécurité sociale américaine est largement excédentaire depuis sa création, et les fonds excédentaires sont placés en bons du trésors. Si on veut comparer à la France, il faut enlever cette dette qui n'en est pas vraiment, ou à l'inverse, intégrer dans la dette publique française les obligations non provisionnées de la sécu et des retraites.
> je ne vois pas apparaître dans votre article de
> pondération par rapport à la dette des ménages,
> voire des entreprises. Pourtant j'imagine que la
> situation n'est pas la même entre un pays avec
> une dette de 100% du PIB et des ménages
> surendettés, et un pays avec une dette de 100% du
> PIB et des ménages raisonnablement endetté?
Vous avez en partie raison. Ce qu'il est plus important en réalité que la dette totale, c'est la dette extérieure, c'est à dire l'endettement total public et privé auprès d'acteurs étrangers.
Ensuite, certes toutes les dettes comptes, mais si les dettes privées sont localisées, faire défaut dessus comporte moins d'effet pervers que pour des dettes publiques. C'est d'ailleurs ce qu'il aurait du se passer aux Etats Unis avec la crise des subprimes si le gouvernement américain n'avait pas stupidement décidé de faire exactement l'inverse : les ménages auraient dus faire défaut, les banques récupérer les maisons, pour beaucoup faire faillite, et la situation aurait pu être assez vite assainie. Les implications d'un défaut sur la dette publique sont nettement moins facile à gérer.
Au final, tout joue. L'ampleur de la dette publique est important. L'ampleur de la dette privée est important. L'ampleur de la dette extérieure est importante (demandez aux islandais). Et oui l'essentiel des pays occidentaux ne se ressemblent pas dans la structure de leur dette, mais ils se ressemblent tous par l'excès de cette dette.
Rédigé par : ST | mardi 04 mai 2010 à 22h42
ah flute, on s'est télescopé avec vincent. les deux réponses se complètent cependant, tout en allant dans le même sens.
Rédigé par : ST | mardi 04 mai 2010 à 22h43
@ ST: zut, il me faut un pare-chocs neuf !
Rédigé par : vincent | mardi 04 mai 2010 à 22h49
Et que cela donne-t-il si l'on regarde les endettements nets des Etats, en tenant compte de leurs engagements réciproques ? En effet, de la même manière que pour Renault et Essilor, la prise en compte des immobilisations (financières, les autres sont plus difficiles à valoriser dans le cadre d'un Etat) peut changer du tout au tout la vision de la santé de l'institution.
Pour prendre l'exemple des fonds d'investissement leveragés, les sommes empruntées peuvent être colossales proportionnellement au "chiffre d'affaires", mais ce qui compte au final c'est la différence entre la charge de la dette et la performance réalisée (dans le cas où l'on fait abstraction du risque de contrepartie).
Quoi qu'il en soit, les conclusions politiques des évènements à venir seront certainement croustillantes (il faudra bien que cessent les régimes politiques fondés sur la démagogie et la fiction de l'Etat comme moyen de vivre aux dépens d'autrui).
Rédigé par : Erwin | jeudi 06 mai 2010 à 03h07
@ erwin:
le problème est qu'il y a très peu d'engagements directs d'état à état. L'emprunteur est un état, le prêteur est une banque, une assurance, un Hedge fund, qui investissent soit leurs fonds propres, soit l'argent de leurs déposants, soit leurs fonds de réserve d'indemnisation des sinistres, dans du papier public. Il n'y a donc que très peu de dettes croisées d'état à état. Donc pas d'annulation bilatérale possible.
Rédigé par : vincent | jeudi 06 mai 2010 à 07h32
Question stupide : l'idée à circulé que les Grecs auraient pensé se séparer d'îles pour faire face à leurs prochaines échéances de remboursement de la dette... cela ne les dispenserait pas d'un plan d'austérité, mais a le mérite de réduire l'ampleur de (la propriété de) la dette. Une sorte d'atomisation de la dette en quelque sorte... Est-ce une piste étudiable pour au moins rendre la dette soutenable ? Et la France, si elle se dessaisissait de la Corse et des DOM-TOM pour se recentrer sur l'Hexagone (avec plan de rigueur, of course) reviendrait-elle à un niveau d'endettement réversible (moyennant révision du "state model", of course) ? je vous l'avais dit, question stupide, mais pour faire passer la pilule, tant pis pour les Corses et l'Outre-mer (quand faut trancher, faut trancher). Autrement dit, l'abandon de territoires (et des dettes qu'ils portent), est-ce une voie de désendettement ?
Rédigé par : Bras coupé | jeudi 06 mai 2010 à 23h32
@ Bras coupé: la grèce est elle effectivement propriétaire de ces iles ? intégralement ? Et est-ce à la hauteur des enjeux ?
pour la corse et les DOM, l'état n'est en pas propriétaire de la terre en général, il ne peut les revendre. Donc là n'est pas la solution.
Rédigé par : vincent | vendredi 07 mai 2010 à 00h07
@Bras coupé :
Pour la Grèce, il s'agissait en effet d'iles désertes, comma la Grèce en possède des milliers, et qui peuvent être revendues pour faire des projets immobiliers touristiques par exemple.
Pour se séparer de la Corse ou des Dom Tom, ce n'est pas une vente qu'il faut faire, mais un processus d'indépendance : la France n'y gagnerait aucun argent (autre que les éventuelles économies fait sur les subventions futures à ne pas verser pour des territoires qui coutent plus cher qu'ils ne rapportent au trésor public). C'est en aucun cas une solution pour notre problème global de dette public.
Rédigé par : ST | vendredi 07 mai 2010 à 08h14
Bonsoir,
j'avoue avoir un peu de mal à comprendre quelles peuvent être les conséquences pratiques pour un ménage d'une hyper-inflation. Ou, plus exactement, comment un ménage peut-il s'en protéger au mieux...
L'or a été cité, mais la résidence principale n'est-elle pas la première des sécurités ? Emprunter, au début d'une période d'hyper-inflation, c'est cadeau, non ?
Rédigé par : Xavier | vendredi 07 mai 2010 à 20h14
@ Xavier: Nous parlons bien ici d'hyper-inflation, c'est à dire de 50%, 100% et plus.
tant que les taux ne reflètent pas le taux d'hyper-inflation, ça peut paraitre cadeau effectivement. Il faut donc emprunter AVANT l'hyper-inflation. Une fois que c'est parti, les banques ne prêtent de toute façon plus. D'ailleurs, un arrêt du crédit sera un bon indicateur d'anticipation de l'H.I.
A condition de :
0) Ne pas acheter trop cher. Desfois qu'on se gourre et que l'hyper inflation redoutée n'arrive pas. Aucune prévision ne peut être sure à 100%.
1) Garder son emploi. Les périodes en question sont rarement fastes, niveau emploi. (sauf si vous travaillez pour l'export) - Produire perd de l'intérêt quand on est payé en monnaie de singe.
2) En général, dans ces phases là, l'investissement s'arrête, faute de calcul économique possible: les revenus tendent donc à baisser en valeur relative, quand on en a encore. Bref, on mange nettement moins bien... En 1923, les allemands se faisaient payer deux fois par jour pour être certains que leur fric ait encore un peu de valeur le soir... Et les vacances, je vous raconte pas: impossible d'établir un budget prévisionnel.
Oh, et puis, le paiement a 90 jours, on oublie. Les faillites pour cause de trous de tréso tendent à augmenter.
3) Plus question d'acheter des produits importés: qui veut vendre dans une zone hyper-inflationniste ? Adieu écrans plats, ananas frais... Dans un monde mondialisé, ou l'on achète ce que l'on mange et ne consomme pas ce que l'on produit, ça peut devenir problématique: pénuries de porc hollandais ? bon, on mangera du poulet, on en a plein. De ce point de vue là, en France, on n'est pas encore trop mal.
4) Le cout de la sécurité augmente: protéger ses biens devient un impératif vital, beaucoup de gens désespérés n'hésitent plus à voler. Voire à tuer pour voler. Et je ne donne pas cher de l'efficacité policière dans de telles conditions.
5) etre doué pour le troc. ça prend un peu de temps en général.
6) Affronter à intervalle régulier des pénuries: essence, médicaments... En effet, les fournisseurs sont aux prises, eux aussi, avec la difficulté de se faire payer dans une unité de compte ayant un peu de valeur.
6) En général, l'hyper-inflation pave la voie à des gens charmants: Hitler, Pinochet, Milosevic, Poutine, pour ne citer qu'eux. Car les désordres sont tels que les gens sont prêts à se jeter dans les bras de tout "homme providentiel".
Bref, je préfère encore la peine que me coûte de payer ma maison en monnaie "normale".
Rédigé par : vincent | vendredi 07 mai 2010 à 21h24
@Vincent J'ai mal touné ma question. Désolé. Ma question était plutôt : comment se protéger le moins mal possible ?
Rédigé par : Xavier | samedi 08 mai 2010 à 08h08
@ Xavier:
Ah ? désolé. j'avais mal compris, toutes mes excuses.
L'article de G. Dryancourt pour Turgot
http://blog.turgot.org/index.php?post/Dryancourt-comment-survivre
traite la question. C'est une très bonne base de réflexion.
Rédigé par : vincent | samedi 08 mai 2010 à 09h06
@Vincent et Xavier
Wow, la phrase d'introduction d'henri lepage est exactement la description exacte de ce qui va se passer, dit de la façon la plus claire qui soit : "Nos sociétés se verront un jour ou l'autre imposer un formidable sacrifice de pouvoir d'achat contre lequel nous ne pourrons rien.". Tout ceux qui cherchent des "solutions" pour éviter ce sacrifice, cette baisse de pouvoir d'achat sont dans l'erreur et dans l'échec programmé. La solution est dans la recherche de la meilleur manière de mettre en oeuvre positivement cette baisse de pouvoir d'achat inéluctable
Rédigé par : ST | samedi 08 mai 2010 à 10h33
Quelques remarques puisque ce post commence par une référence à mon livre.
Le thème du chapitre consacré à la dette consiste à dire que la dette publique est un faux problème PARCE QUE tous les modes de financement de la dépense publique (dette ou impôts) sont équivalents. A ce titre il n'y a pas de problème "spécifique" de la dette, la vraie question est uniquement celle de la dépense publique. Il ne me semble pas que ce post soit en contradiction avec cette idée.
Pour le voir, essayez d'imaginer, étant données les projections d'évolution des dépenses publiques de la BIS citées ici, l'ampleur de la hausse d'impôts qui serait nécessaire pour payer pour cette dépense publique en conservant le budget à l'équilibre. A mon avis, on se rapproche des 70-80% du PIB en taux de prélèvements obligatoires. Ce n'est pas sur un blog libéral qu'il est nécessaire d'insister sur les conséquences d'une telle situation; comparée à cette situation, la dette n'est pas une si mauvaise affaire.
Evidemment cela suppose que la dépense publique continue d'évoluer au même rythme, ce qui n'est pas certain. En pratique cependant, l'économie politique de réduction des dépenses publiques ne conduit pas à l'optimisme.
Reste donc la solution d'absorption des dettes par l'inflation. Sans vouloir m'autocongratuler, j'avais prévu cette issue il y a deux ans, au début de la crise :
http://economistes.blogs.liberation.fr/chiffrage/2008/12/intressante-tri.html
Et je ne pense pas qu'on en arrive à l'hyperinflation qui est un phénomène plus politique qu'économique. Et parce que 4% d'inflation pendant 4-5 ans suffiraient amplement.
Rédigé par : alexandre delaigue | lundi 17 mai 2010 à 14h53
@alexandre delaigue
Vous avez parfaitement raison de dire que derrière le problème de la dette il y a un problème de dépense publique. Cependant, ce n'est pas pour autant que les modes de financement de la dépense publique sont pour autant équivalent.
D'abord, vous le dites vous même, on aurait pas pu financer la même chose par simple hausse d'impot : financer les dépenses par l'impot est par conséquent une meilleure stratégie pour éviter la fuite en avant, car l'impot fait plus mal plus tot. Le côté indolore de la dette (en tout cas au début) est particulièrement pernicieux.
Ensuite, l'augmentation des dettes publiques à ceci de pernicieux qu'il détourne l'épargne de l'investissement privé, effet qu'on a trop souvent tendance à sous estimer.
Je ne reviendrai pas sur l'argument comptable de Vincent dans cet article qui démontre à mon sens très bien la différence réelle que cela crée sur le long terme (la comparaison avec une entreprise est ici très intéressante).
Pour finir, penser aujourd'hui qu'on puisse sortir de l'excès de dette sans précédent dans lequel nous nous sommes plongé par 4% d'inflation pendant 4 ou 5 ans me semble incroyablement optimiste. D'abord parce que l'activation de l'inflation va faire remonter les taux immédiatement, et que toutes ces dettes publiques ne sont pas des bons à 10 ans qui expirents tous dans 10 ans. Il nous faut renouveler ces crédits par tranche chaque année, et cela nous conduira à une spirale infernale dans laquelle nous réemprunteront à des taux toujours plus importants. Il sera incroyablement difficile de mettre un terme à ce qui sera finalement une nouvelle fuite en avant.
En outre, la croissance de la dette et l'inflation sont les deux faces d'un seul et même phénomène. L'inflation ne peut être la solution, car il est le problème. L'inflation ne nous a pas aidé à sortir de l'endettement dans les années 70, il l'a créé.
Rédigé par : ST | lundi 17 mai 2010 à 17h07
@ A. Delaigue: merci d'être passé !
@ ST: là, tacle par derrière:
"Ensuite, l'augmentation des dettes publiques à ceci de pernicieux qu'il détourne l'épargne de l'investissement privé, effet qu'on a trop souvent tendance à sous estimer." -
mais si la même somme est prise aux épargnants potentiels sous forme d'impôt, l'effet d'éviction est le même. A moins, évidemment, qu'on prenne l'impôt aux plus modestes qui n'ont pas les moyens d'épargner, mais là, politiquement, c'est mort. C'est donc bien le niveau de la dépense qui créée l'effet d'éviction et pas spécifiquement le recours à la dette: 1 point pour A.D. ici. Je sais, ta réaction sera sanguinaire.
@ Alexandre Delaigue: Je reviendrai répondre plus longuement en seconde partie de soirée, pour cause familiale. Et désolé, mais je ne suis pas d'accord avec vous et les 50 années de sagesse orthodoxe économique derrière votre propos, faut il que je sois immodeste, tout de même.
Rédigé par : vincent | lundi 17 mai 2010 à 19h49
@ Alexandre: bon, De retour au clavier.
"Le thème du chapitre consacré à la dette consiste à dire que la dette publique est un faux problème PARCE QUE tous les modes de financement de la dépense publique (dette ou impôts) sont équivalents."
je bute sur le mot "équivalents" - comme je l'ai écrit, il est plus exact de dire "équivalent en flux et presque équivalent en bilan en année 1", et de moins en moins équivalent au fur et à mesure que le temps passe et que les déficits se cumulent. Les bilans de deux états qui dépensent pareil chaque année mais se financent l'un en totalité par l'impôt, le second en cumulant de la dette, finissent par diverger et ne plus être du tout équivalents.
Le problème est que la dette créée de l'incertitude. comme me l'a un jour dit un lecteur (je trouve la métaphore bonne), "je prend à pierre pour donner à paul" n'est pas identique à "je verrais demain à qui je vais prendre pour rembourser jacques à qui j'ai emprunter pour donner à paul".
L'incertitude: y aura-t-il toujours quelqu'un pour dire "OK, je prête" ? l'état pourra-t-il toujours payer les intérêts si ceux ci se mettent à valoir X% de ses recettes ? En cas d'accident conjoncturel, l'état pourra-t-il payer ses factures ou ses créanciers ? Etc....
Et que cette incertitude rende difficile le refinancement de la dette existante ou l'acceptation par les prêteurs de nouvelle dette à un prix acceptable, et vous êtes en difficulté.
Cette incertitude sera d'autant plus forte que vous cumulerez dette et déficit. Cette incertitude finira par couter très cher. demandez aux grecs.
Ceci dit, OK pour dire que maintenant qu'on s'est mis dans la mouise, on ne peut s'en tirer que très graduellement, sauf faillite en bon ordre. Une augmentation brutale des taux d'imposition aurait un rendement fiscal négatif !
Par contre, je viens d'essayer de reproduire sur un coin de table votre "cinq ans à 4-5% suffiraient amplement". Chou blanc total - Quelles sont vos hypothèses de croissance, et "suffiraient amplement pour quel résultat" ?
Et puis personne n'a de manette permettant de calibrer l'inflation à 5%: si on commence à se vautrer dans la facilité de la monétisation, qu'est-ce qui forcera les états à s'arrêter à 4+5% et à faire un vrai effort de résorption des déficits ? Et comment peut on être certain de ne pas se retrouver d'ici quelques années à un bon 15-25% ?
On avait essayé dans les années 70...
d'autre part, si vous aviez dit "la dette publique est un problème exagéré tant qu'elle reste dans certaines limites", ou encore, "le problème de la dette publique tel qu'il est souvent présenté n'est pas le véritable problème", j'aurais pu comprendre. Mais lorsqu'un politicien lit en toute lettres "la dette publique est un faux problème", il a envie d'y croire, de préférence en ne cherchant pas à comprendre le contexte entourant la phrase. Voilà pourquoi je dis qu'il est dangereux d'employer une telle expression: le politique en déduira que "c'est open bar, puisque Fitoussi/piketty/delaigue l'ont dit".
@ ST: tu as 100% raison (1 partout)sur cet autre point: à dépense égale, il vaut mieux tout financer par l'impôt: ça fait mal tout de suite et ça interdit la fuite en avant. On en revient au problème de base: le problème de base est celui du niveau de la dépense publique et de l'éviction qui en résulte.
Rédigé par : vincent | lundi 17 mai 2010 à 23h44
@vincent
> là, tacle par derrière:
Carton !
> mais si la même somme est prise aux épargnants
> potentiels sous forme d'impôt, l'effet d'éviction
> est le même. (...) Je sais, ta réaction sera
> sanguinaire.
:-) même pas.
Je pensais exactement à la même chose en l'écrivant, mais je n'avais pas le temps de faire trop long. Ce que je voulais dire, c'est que l'effet d'éviction est assez largement connu et documenté pour l'impot (trop d'impot tue l'impot etc..). On a intuitivement conscience qu'on peut pas tout capter en impot, que ca tuera la production privé. Par contre, l'effet d'eviction est sous estimée voire complètement ignoré pour la dette. C'est une des raisons supplémentaire qui va pousser nos dirigeants à en faire usage plus que de raison, avec le côté indolore au départ (pour celui qui la crée, pas pour celui qui aura à la rembourser).
La preuve : Alexandre Delaigue justement nous soutient d'un côté qu'impot et dette, c'est pareil. Pourtant il estime ensuite qu'on aurait jamais pu financer autant de dépenses par l'impot, et pourtant il pense qu'on peut se sortir d'un tel endettement par une inflation modérée sur une courte période. C'est finalement qu'il pense que la dette est un bien meilleur moyen de financer les dépenses que l'impot. On pourrait se gaver pendant des années et des années, accumuler des montagnes de créance impossibles à financer par l'impot, et s'en défaire par une pirouette finalement assez indolore. Si c'est vrais, moi je dis, en avant l'inflation, et dans 4 ans, on remet ça !
Rédigé par : ST | mardi 18 mai 2010 à 07h48
Quelques remarques toujours.
Certes, pour le gouvernement considéré comme une entité autonome, dette et impôt ne sont pas équivalents. Je me place pour ma part du point de vue du citoyen-contribuable : pour lui, qu'on lui prenne ce qui sert à payer les dépenses publiques maintenant ou plus tard avec les intérêts est équivalent. D'autant plus qu'il a la possibilité d'acheter des titres de la dette publique. Je l'ai déjà dit, mais il y a un moyen très simple de faire disparaître la dette publique : que chaque français en rachète sa quote-part. Dès lors, il n'y aurait plus de dette publique, seulement des gens qui se doivent de l'argent à eux-mêmes. Nous ne le faisons pas, parce que ce serait une utilisation singulièrement stupide de nos patrimoines.
En bref, la seule différence est de présentation : mon unité pertinente est le contribuable et sa situation, la votre est le gouvernement. Sauf que le gouvernement n'est pas une entreprise mais un mandataire des contribuables, comme le rappelle la métaphore que vous avez cité en début de post. Certes, il arrive au mandataire en question de dépenser plus que ce que le contribuable ne lui demande : je doute que ce soit le cas en France, où il existe une large majorité de gens favorables à une dépense publique élevée.
Quant à l'argument consistant à dire "sans la dette la dépense publique aurait été moins élevée" il me semble singulièrement dépourvu de sens. Dès lors qu'il existe un consensus pour dépenser, autant le faire avec le moins de conséquences dommageables possibles. Une dette à 100% du PIB me semble infiniment moins dommageable pour l'économie nationale et les libertés individuelles qu'un taux de prélèvements obligatoires à 80% du PIB.
Pour mémoire, c'est très exactement le raisonnement des britanniques après les guerres napoléoniennes : la dette publique nationale était à 350% du PIB. Confrontés au choix entre augmenter les impôts pour en accélérer le remboursement ou la maintenir, les contribuables anglais ont choisi la seconde solution, et on ne peut pas dire que ce choix ait été mauvais, au contraire.
Dernier point : il est faux de penser que la dette permet de dépenser sans compter et sans contrôle. La dette met les finances publiques sous le contrôle des marchés financiers, qui est beaucoup plus attentif que celui de contribuables qu'il est aisé de duper. Nous en avons la preuve en ce moment même.
Rédigé par : alexandre delaigue | samedi 22 mai 2010 à 16h01
Comme l'a dit Jacques Généreux l'esprit de Munich régnait sur Bruxelles, la nuit du 9 et 10 mai 2010, les responsables politiques européens avaient le choix entre le déshonneur et la guerre ! Ils ont choisit le déshonneur et ils auront la guerre !
Alors qu'il pouvait déclarer la guerre au intérêt financier, à la finance folle, à la spéculation! Ils ont choisi l'austérité pour rembourser un dette injuste !
Vous voulez connaitre le rôle des établissements bancaires et financier dans la crise financière alors rejoins moi mon groupe http://www.facebook.com/group.php?gid=104166076293247&ref=ts
Non à la soumission au chantage des intérêts financiers
David CABAS
http://www.davidcabas.fr
Rédigé par : David CABAS | lundi 24 mai 2010 à 03h43
@David Cabas
Evitez ce genre de troll ici ou vous faites semblant de partager l'opinion d'un article pour renvoyer en fait sur des sujets et des points de vue qui nous sont totalement étranger, ou alors ayez au moins la décence de les exposer ici.
Maintenant, pour que ce soit clair pour les autres lecteurs de ce blog :
M. Cabas développe sur son blog et page facebook les idées de Jacques Cheminade qui est le disciple français de Lyndon Larouche. Lyndon Larouche est un fervent opposant à la FED, certes mais il est également un ancien membre du Socialist Workers Party. Le fondement de sa pensée originelle est le marxime. Il est opposé au capitalisme de libre marché. Sa figure politique préférée est Roosevelt et il est persuadé que le New Deal a sorti l'amérique de la crise, de telle sorte d'ailleurs qu'il pense que les solutions à la crise actuelle sont à aller chercher dans le new deal de roosevelt.
Maintenant, pour la route, un petit extrait de la pensée de M. Larouche :
" Well, what Roosevelt did is this. Roosevelt was an American. And when people think about U.S. economy, they think really about the British economy, not the U.S. economy. Now what we are operating in the United States is largely the British model. The economics that is taught in our universities is the British model. It's not the American model. So that's where the problem lies.
Now, in the American model, our policy is that money has no intrinsic value. Money is given value properly by government, and the government protects that currency by managing, managing prices and so forth, to prevent the currency from becoming crazy."
Government managing prices ??? C'est justemment le coeur de la logique du système des banques centrales que de mettre les prix sous influence. Ce que Larouche veut simplement c'est reprendre les clefs de la FED pour les remettre dans les mains du gouvernement américain, non pas parce qu'il veut changer le système, l'impact qu'ont les banques centrales sur l'économie, mais seulement parce qu'il pense que la Fed est aux mains de la reine d'angleterre, ou de je ne sais quel complot mondial judeo-maçonique.
Rédigé par : ST | lundi 24 mai 2010 à 11h06
Je confirme ce que dit ST : David Cabas voit des spéculateurs partout et des complices de méchants banquiers partout...
Rédigé par : Patrick AUBIN | lundi 24 janvier 2011 à 15h50