Economie:
le grand retour des stimulistes
Les médias, les
économistes "bien en cour", et certains politiciens nous affirment que "l'excès
de rigueur des gouvernements européens pourrait casser la reprise
naissante". Joseph Stiglitz (stimulitz ?), celui qui affirmait que Fannie Mae ne pouvait pas faire
faillite, ou un certain Olivier Blanchard, économiste en chef du
FMI, mènent la chorale anti-austérité, et sont cités, repris,
interprétés et souvent soutenus par tout ce que la presse compte
d'étatistes complaisants. L'ancien patron de l'université d'Harvard,
aujourd'hui conseiller de Barack Obama, Lawrence Summers, réclame un
second stimulus. Tim Geithner, le secrétaire au trésor (stimulator ?), qui n'a pas peur
du ridicule, vient faire la leçon aux Européens pour leur dire de
surtout ne pas casser la "croissance" (laquelle ?) et d'envisager une
reprise des politiques de stimulation...
Pour cette école
économique néo-keynesienne, "stimuliste", hors de la dépense publique,
point de salut ! Mais que vaut cette conjecture ? La rigueur publique
serait-elle l'ennemie jurée de la croissance ?
Quelques
indices qui permettent de douter
Avant d'aborder le fond de
ces questions, commençons par un coup bas -il faut savoir rendre les
coups que les étatistes ne se privent pas de nous distribuer-, en
constatant que ce sont ces mêmes personnes qui affirmaient que sans le
premier plan de stimulation de l'économie, celle ci s'arrêterait et que
le chômage exploserait. Hélas pour eux comme pour les autres, le résultat de leur
"stimulation" n'a pas été tout à fait celui qu'ils attendaient :
Bien sûr, "ils" rétorqueront que la prévision initiale était sans doute trop optimiste et que "sans leur stimulus, tout aurait été bien pire", mais tout de même, un tel fourvoiement de leurs modèles devrait les inciter à plus de modestie et peut à quelques remises en question...
De surcroit, on pourrait gloser à l'infini sur ce que ces gens appellent une "reprise naissante", et juste rappeler qu'en l'absence d'annonce de politiques de rigueur par la plupart des grandes économies, la perte de confiance des épargnants du monde entier dans certaines dettes souveraines aurait déjà envoyé par le fond la Grèce, et serait en train de découper la coque des autres paquebots bien vermoulus de la vieille Europe, qui sont d'ailleurs bien loin d'avoir atteint un port à l'abri des tempêtes, et je doute que cette perspective ne soit un facteur de mise en confiance des agents économiques, indispensable pour perpétuer la "reprise naissante".
Mais foin de sarcasmes, et examinons au fond pourquoi l'affirmation selon laquelle la mise au régime sec des états casserait la croissance est une contre vérité.
L'argent public ne pousse pas sur les arbres
L'argent que les états dépensent provient -en temps normaux- soit de l'impôt, soit de l'épargne que les investisseurs acceptent de leur prêter. Sachant que les déficits sont aujourd'hui ce qu'ils sont, une réduction de la dépense publique permettra de redéployer une partie de l'épargne aujourd'hui investie en dette souveraine vers d'autres placements émis par des entreprises privées.
Notez que je n'envisage pas aujourd'hui l'hypothèse d'une baisse des impôts, au sens des produits fiscaux. Non pas que des réformes fiscales de très grande ampleur ne seraient pas souhaitables dans les pays en grave difficulté financière, mais il n'est que peu envisageable, aujourd'hui, d'abaisser significativement le produit fiscal issu de ces réformes, tant que les déficits seront ce qu'ils sont.
Certains économistes, d'inspiration keynesienne, ont de l'épargne une vision négative. Ils semblent penser que "si les gens épargnent, ils ne consomment pas", et qu'il vaut mieux que l'état siphonne cette épargne, qui, selon eux, serait comme morte, pour arroser l'économie en dépensant, dépensant, dépensant. Avec l'économie Bisounours, tout devient simple...
Naturellement, cette affirmation ne résiste ni à l'analyse, ni à l'observation. Car lorsque l'épargnant investit dans une entreprise, que ce soit en lui prêtant, en investissant dans une action existante ou en participant à une augmentation de capital, son argent change de mains, et celui qui reçoit l'argent va lui même soit dépenser, soit acheter des machines à un fournisseur qui lui même, paiera des salariés qui à leur tour, consommeront, et ainsi de suite.
Bref, l'épargne n'est que de la consommation légèrement différée. Mais lorsqu'elle est dirigée vers des acteurs économiques capable de l'utiliser pour améliorer soit leur productivité, soit le spectre des offres possibles, créant de nouveaux marchés, alors ces progrès de l'offre améliorent tout à fait considérablement le pouvoir d'achat de l'ensemble des agents économiques.
En contrepartie, si tout l'argent qui serait allé à ces investissements était siphonné par l'état, dont la capacité d'amélioration de la productivité est faible -la sienne comme celle du secteur privé- et dont les investissements, anémiques, se révèlent de surcroit fréquemment peu inspirés (un exemple), alors ce mouvement sain d'amélioration continue des offres serait brisé.
Et voilà pourquoi il faut au contraire que les états rendent un maximum d'argent à l'économie privée. Pourtant, aujourd'hui, tant les politiques d'aspiration de l'épargne par la dette publique que les menaces de hausses d'impôts marginaux sur les revenus et la formation de capital tendent au contraire à empêcher cette économie privée de faire les investissements nécessaires pour améliorer son offre. La "wealth machine" de nos sociétés est étouffée par l'excès de dépense publique.
Objections courantes
A ces arguments de bon sens, que nous répondent les enfants spirituels de Lord Keynes ?
"Oui, mais dans un climat de peur, les gens achèteront de l'or, et ce ne sera pas un investissement productif".
Pardon, mais le vendeur d'or, lui, fera quelque chose de la monnaie qu'il recevra en échange de l'or dont il se séparera. L'objection est donc rejetée d'un revers de manche. La seule épargne totalement improductive, c'est celle qui dort en billets sous un matelas. Même un compte en banque un peu trop garni "travaille", réserve fractionnaire oblige. Vous en connaissez beaucoup, vous, des vieilles dames qui dorment sur des matelas de pascals ?
"Oui, mais si l'état dépense moins, il va créer du chômage en licenciant des fonctionnaires et en réduisant les achats du public vers le privé"
Certes, mais de toute façon, le jour d'une mise en défaut de paiement, toute entité licencie et cesse de contracter avec des fournisseurs. Bien sûr, l'état pourrait ne pas licencier et arrêter de payer ses fonctionnaires, ce qui reviendrait au même, financièrement parlant. C'est d'ailleurs le chômage partiel des fonctionnaires que plusieurs états fédérés des USA ont choisi pour tenter de rétablir leur équilibre budgétaire.
Les emplois privés créés par l'investissement privés seraient à terme plus nombreux et plus soutenables que les mêmes emplois publics financés par le sur-endettement, puisque beaucoup plus productifs.
Mais cette médaille a un revers: comme l'épargne est de la consommation différée, les emplois nécessaires à la satisfaction de ces besoins seraient créés avec un léger retard par rapport aux emplois détruits dans la fonction publique et dans les sociétés dépendant de leurs contrats avec le secteur public, principalement dans le BTP ou l'armement.
Et cela, cela signifie de grosses difficultés politiques à court terme, pour un redressement à long terme que les citoyens électeurs ne croiront pas nécessairement. Ces difficultés, les politiciens n'ont que rarement le courage de les affronter.
Quelques éléments empiriques supportant la thèse anti-stimulus
Le sceptique de passage me rétorquera que : "Tout cela, c'est de la théorie, cher monsieur, et en quoi pouvez vous affirmer que les vôtres sont supérieures à celles de MM. Stiglitz ou Blanchard, qui ont des références que vous n'avez pas ?"
Et d'ajouter : "Mais pouvez vous nier que les chiffres de reprise aux USA sont tout de même bien réels" ? Après tout, on parle de rythmes annuels supérieurs à 3%... N'est-ce pas la preuve que le Stimulus n'aurait pas quelques effets positifs ?"
Tout d'abord, rien ne permettra de savoir quelle aurait été la réaction de l'économie à l'absence de stimulus, ni d'établir le sens et l'ampleur de la causalité entre stimulus et croissance mesurée. Mais au delà de mes doutes sur la durabilité de cette reprise, analysons plus en détail la reprise en question: si l'on regarde les chiffres de croissance état par état (voir la carte interactive du BEA) aux USA, on constate que cette croissance se produit essentiellement dans les états de la middle America, ceux qui taxent le moins l'économie locale. Comment les thuriféraires du mieux disant dépensier public justifient-ils que si l'on découpe le territoire américain en entité plus fines, la carte de la reprise ne soit pas la même que celle des dépenses publiques marginalement les plus élevées ?
Plus précisément, depuis 2008, plus de 50% des emplois nouvellement créés aux USA l'ont été au Texas, état classé le plus "business friendly" par les chefs d'entreprises. Certaines sources évoquent même 70%, mais je n'ai pas pu remonter aux chiffres officiels soutenant cette assertion. Mais même 50% reste un chiffre très significatif, pour un état qui ne représente "que" 8% de la population de l'union. Or, le Texas est l'état ou le gouvernement local rajoute la plus faible couche d'impôts locaux aux charges fédérales.
"Mieux" encore, si je puis dire. Une étude récente (PDF, bonne synthèse HTML) de la Harvard Business School et du National Bureau of Economic Research (NBER) montre que lorsqu'un politicien d'un état devient président d'une grande commission sénatoriale (une de celle qui a de grosses enveloppes de subventions discrétionnaires à attribuer, "pork barrel" spending, en argot local), alors, sans surprise, l'état d'origine voit les subventions du congrès se déverser en plus grande quantité dans ses coffres, de 20% (pour une commission de la chambre des représentants) à 50% (présidence d'une commission sénatoriale). Rien de nouveau, nous connaissons ce phénomène.
Mais alors se produit un phénomène que les néo-Keynesiens devraient là aussi peiner à justifier: Durant la période où l'édile reste en charge de la grosse commission, les entreprises tendent à réduire leur investissement de 15% ! C'est d'autant plus étonnant que ce stimulus là, uniquement constitué de subventions fédérales, ne modifie pas les prélèvements locaux, toutes choses égales par ailleurs.
Les interprétations de ce résultat sont multiples*, mais la principale hypothèse des auteurs (Cohen, Coval et Malloy) est que le "stimulus" ponctuel crée un appel d'air pour des dépenses locales publiques tout à coup devenues finançables, et que ces dépenses publiques provoquent une éviction de l'investissement privé simplement parce que la demande de certains postes d'investissement étant artificiellement augmentée, les prix font de même d'autant, rendant les investissements privés moins rentables. En outre, les secteurs non subventionnés tendent réduire leurs ventes, puisque leur offre est en compétition avec des secteurs subventionnés pour conquérir le portefeuille de la ménagère. Par conséquent, tant les secteurs subventionnés (parce qu'ils ont de l'argent qui tombe du ciel) que les secteurs qui ne le sont pas (parce que leur clientèle leur est volée par les subventions qui vont ailleurs) ont moins d'incitation à former du capital par leurs propres moyens.
Or, l'investissement privé, malgré les inévitables erreurs de jugement que les agents économiques font parfois, est globalement bien plus producteur de richesse sur le long terme que la dépense publique.
Pis même, de nombreux programmes d'investissement publics, mal gérés, engendrent par la suite des frais de fonctionnement élevés qui conduisent les villes et états à relever leurs taxes simplement pour pouvoir les faire tourner. Le résultat est qu'une fois que l'élu quitte la présidence de sa commission, alors que le flux d'argent public de Washington retrouve des valeurs "médianes", l'investissement privé ne retrouve son niveau d'origine qu'avec un décalage dans le temps.
La conclusion empirique de Cohen, Coval et Malloy est claire, et je la résume ainsi: "Les données disponibles montre que l'arrosage d'argent public ne stimule pas le développement du secteur privé par l'investissement". Voici leur conclusion en V.O:
i.) reducing investments in new capital,
ii.) reducing investments in R&D, and
iii.) paying out more to shareholders in the face of this reduced investment opportunity set.
Further, we find that when the spending shocks reverse (through a relinquishing of chairmanship), most all of these behaviors reverse. Finally, we also find some evidence that firms scale back their employment, and experience a decline in sales growth. Our findings demonstrate that new considerations — quite apart from the standard interest rate and tax channels — may limit the stimulative capabilities of government spending.
L'économie stimulée prélève donc une taxe sur l'avenir pour adoucir le présent.
Ce résultat empirique est cohérent avec plusieurs autres recherches plus anciennes déjà citées ici, et notamment celle de J. Gwartney et al. pour l'OCDE**: les états dont les taux de dépense publique sont les moins élevés tendent à avoir des taux de croissance plus élevés, quand bien même d'autres facteurs peuvent amplifier ou au contraire contrarier cette tendance.
Enfin, je ne puis passer sous silence le récent papier de Rogoff et Reinhart, dont toute l'éconosphère a parlé, qui constate empririquement - sans l'expliquer - qu'à partir de 90% de dette publique, au moins un point de croissance est perdu.
Sur le continent Européen, les résultats les moins mauvais durant la crise ont été obtenus par la Pologne (bonne synthèse ici) et la Suisse (budget excédentaire, déflation de 1.4%, prélèvements obligatoires de 30% du PIB...). Deux pays qui ont refusé toute fuite en avant dans la relance, préférant se montrer ferme sur les dépenses pour compenser les déficits liés à la brutale chute des rentrées fiscales née de la crise.
L'on pourrait multiplier ad infinitum les exemples empiriques de mise en échec de l'école économique stimuliste.
Cesser d'étouffer l'économie privée, un impératif
Réduire significativement l'embonpoint de la dépense publique réduirait certes le pouvoir d'achat des employés publics, augmenterait certes, en cas de licenciements bruts de focntionnaires, le chômage parmi une population qui n'y est pas du tout intellectuellement préparée, ce qui n'est pas négligeable et obligera les gouvernements à gérer cette restructuration intelligemment. En ce sens, à très court terme, les keynesiens ont raison: l'effort d'adaptation à la nouvelle donne coûterait quelques dixièmes de points de PIB au départ.
Mais cela donnerait au secteur privé un formidable message d'encouragement à l'investissement:
Au contraire, le maintien de politiques de fuite en avant dans l'endettement ne fera que créer l'illusion de la croissance pendant quelques mois, provoquera quelques bulles (consommation, financières) insoutenables, et génératrices à terme d'une inflation mortelle pour les moteurs privés de création de richesse.
Le "redressement sans douleur" est une vue de l'esprit
Mais face à cette voie saine mais difficile de redressement, les politiciens voudraient qu'il existe une alternative sans douleur ni risque électoral. Le marché politique étant ce qu'il est, il y a donc des économistes vivant du conseil aux politiques qui se sont fait les chantres de la sortie de crise facile, sans drame social, dans la joie et la bonne humeur.
"Stimulez, relancez, il en restera toujours quelque chose !", semblent ils nous dire. Et lorsque la dette deviendra insoutenable ? "Un p'tit coup d'inflation, et hop, oubliée, la dette !".
La croyance - sincère ou feinte, vaste débat...- des "stimulistes" et des politiciens qui les écoutent est qu'il serait possible de se sortir du piège de la dette publique sans effort, qu'un petit coup d'inflation à 4-5% pendant 5 ans, avec un retour de la croissance - qui viendrait d'on ne sait où, mais passons... - réduirait suffisamment la dette, en termes relatifs, pour voir l'avenir en sifflotant, avec juste quelques réajustements en douceur des périmètres et modes d'action des états providence. C'est notamment la thèse défendue par Olivier Blanchard, déjà cité.
Evoquons le risque inflationniste que comporte ce raisonnement. Ni O. Blanchard, ni B.Bernanke, ni personne, ne dispose d'une manette permettant de régler avec certitude le niveau d'inflation. Quelle quantité de monnaie les banques centrales doivent elles imprimer sans contrepartie de valeur pour que l'inflation reparte, atteigne les 5% voulus, et surtout ne s'emballe pas dans une spirale de perte de contrôle où la valeur annuelle de l'inflation oscillerait de façon totalement imprévisible entre 8 et 20%, sans même parler d'hyper-inflation ?
Observons ce qui s'est passé aux USA: la politique de Quantitative Easing mise en oeuvre de la fin 2008 à maintenant n'a pas provoqué de hausse des prix à la consommation, et n'a pas empêché une chute du crédit privé. En revanche, elle a sans aucun doute contribué à l'incroyable remontée des marchés d'actions depuis le point bas de mars 2009. Lorsque la banque centrale créée de la monnaie artificielle, elle contrôle plus ou moins la quantité de monnaie créée, mais pas la destination de cette monnaie. Mais puisqu'un Q/E de cette ampleur ne produit pas, pour l'instant, l'inflation attendue par les Cassandre, combien de monnaie additionnelle faudra-t-il injecter dans les circuits financiers pour parvenir aux niveaux d'inflation souhaités ? Et dans ce cas, ne risque-t-on pas de rencontrer un point d'inflexion fatal transformant la création de bulles d'actifs en inflation généralisée et incontrôlable ?
Dans un cas pareil, tout calcul économique à long terme devient impossible: les banques ne peuvent plus prêter sans prendre d'énormes marges de sécurité, les politiques d'investissement des entreprises deviennent plus frileuses... Le risque devient alors que les états voient leurs assiettes fiscales s'effondrer, les forçant à accélérer les politiques de monétisation des dettes, et ainsi de suite.
Et qui peut sérieusement croire que 4 ou 5 ans d'inflation supérieure à la normale n'entraîneraient pas une relance des revendications salariales publiques (et privées également, d'ailleurs) ? Une politique de réduction des déficits serait alors bien plus difficile à vendre que dans un contexte de relative stabilité des prix...
Avant qu'une hyper-inflation ne se produise, nul doute que des événements plus ou moins brutaux ne viennent à changer l'inflexion des politiques de "relance par le surendettement". Les banques centrales devraient relever leurs taux à un moment ou un autre, peut être plus brutalement que d'habitude. Les divergences au sein de la zone Euro seront telles que certains gouvernements seront soumis à une pression populaire très forte pour en sortir. On voit mal les Allemands accepter un retour vers une monnaie "Weimar" sans réagir, encore qu'en la matière, des mauvaises surprises sont toujours possibles. Après tout, je croyais moi même que l'Allemagne réussirait à s'opposer à toute vélléité de monétisation des dettes européennes, et je me suis trompé.
Mais quand bien même l'inflation resterait sous contrôle grâce à la science infuse des banquiers centraux, que j'aurais alors sous estimée, il n'en restera pas moins que si on se réfère aux multiples observations empiriques du passé, le siphonnage de l'épargne opéré à la fois par l'endettement de l'état et par l'inflation réduira de façon considérable les capacités d'investissement des agents économiques privés, par effet d'éviction. Et sans croissance, pas de financement des déséquilibres démographiques et donc des retraites, pas de résorption du chômage, pas d'accroissement du niveau de vie, pas de moyens d'affronter les défis du futur...
Sortir de l'économie du stimulus permanent
Le redressement facile, décontracté et joyeux grâce aux stimuli budgétaires et au retour de l'inflation que nous vendent les éco-stimulistes est une vue de l'esprit, pour une seule raison: la crise a commencé quand nous avons accumulé des excès de dettes, publique comme privée, et ces excès devront être purgés d'une façon ou d'une autre. Tant que le bilan des entreprises, des ménages et des états n'aura pas été assaini, aucun redémarrage soutenable ne sera possible. L'économie dans laquelle nous avons vécu ces dernières années est celle du stimulus permanent. La croissance que nous avons ainsi achetée à crédit était factice, et il en ira de même avec celle qui viendrait des stimuli à venir si nous écoutions leurs hérauts. Toute dette finit par devoir être payée par quelqu'un, d'une bonne ou d'une mauvaise façon, et au delà d'un certain seuil, la douleur est inévitable.
Non, une réduction drastique des dépenses publiques ne cassera pas la croissance à long terme, même si elle fera un peu mal à court terme à quelques uns. Non, de nouveaux plans de relance ne feront aucun bien durable à l'économie. Oui, la rigueur pour le secteur public est le seul moyen de remettre en marche le seul vrai moteur de progrès à long terme de l'économie, celui de l'investissement privé productif. Faire croire aux gens qu'ils pourront surmonter cette crise comme si elle n'existait pas est une escroquerie démagogique qui risque d'être très lourde de conséquences.
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* Pour ma part, j'ai bien une autre explication d'ordre plus général, cf. cette récente note: toute intervention clientéliste de l'état dans l'économie porte en elle le germe de sa déstabilisation par rapport à une économie d'échanges libres et sans distorsion publique.
** Cette recherche a analysé les couples "dépenses publiques-croissance" de plus de 20 états sur 40 années, les dernières se terminant avant l'an 2000. Par conséquent, le résultat n'est pas biaisé par la décennie 1998-2008, où la bulle immobilière sans précédent a conduit à surestimer les chiffres du PIB et à sous estimer l'inflation réelle.
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Un article très intéressant (comme toujours), juste (comme presque toujours) mais sans doute un peu trop théorique et dans lequel j'aimerais relever deux erreurs.
La première est vague mais je dirais que votre article n'analyse pas assez le role du processus de prise de décision dans les politiques publiques. En français plus clair : comment permettre à un homme politique libéral d'être élu, ou comment s'assurer qu'un escroc keynésien soit puni.
Si on définit le cout politique des politiques keynésiennes, ainsi que leurs bénfices politiques, ce sont les plus rentables possibles : on fait des cadeaux à tout le monde, mais particulièrement aux soutiens du régime (fonctionnaires, militants associatifs, syndicats, ...), dont les dépenses ne sont pas financées. Le merveilleux mécanisme de dette permet même de croire que le sdépenses sont gratuites, ce qui est vrai en un sens. Ceux qui en bénéficient ne sont pas ceux qui les paient, quand bien même chacun paie des dépenses dont il ne bénéficie pas.
Je vais relever une erreur plus précise :
"Il n'est que peu envisageable, aujourd'hui, d'abaisser significativement le produit fiscal issu de ces réformes, tant que les déficits seront ce qu'ils sont"
Bien sur que si, et merde pour la dette. Il n'est pas possible de baisser les dépenses si on n'associe pas ceux qui font les efforts de rigueur aux gaisn espérés. En l'occurence, affecter au contribuables (via une baisse annuelle et réactualisée de la TIPP flottante) 50% ou + des baisses de dépense publqiue, c'est le genre de mesure à même de rendre la réforme possible.
A l'inverse, en réaffecter 100% au désendettement c'est rendre peu visible l'intérêt desdits efforts "pour la collectivité" et donc la réforme impopualire. Ca revient à adopter une logique socialiste. Et ce sans compter que les marges de désendettemetn ainsi créées, sans aucun bénéfice "visible", seront immédiatement gaspillées par le premier politique qui en aura l'opportunité afin de financer une nouvelle dépense clientéliste.
Au final, même si votre étude est juste elle ne convaincra malheureusement que les convaincus.
Rédigé par : Emmanuel M | lundi 31 mai 2010 à 11h18
Magnifique article. Je l'attendais celui là tellement la position sur la rigueur qui va tuer la croissance commence à m'horripiler.
Mais c'est toujours la même chose : ceux qui veulent nous présenter cette thèse confonde la maladie et le remède. Ils voient dans la réduction de la dépense publique la maladie à pourfendre, quand il s'agit du remède au vrais mal, qui est l'excès de dette. Un peu comme un médecin qui accueillerait un malade en cours de traitement pour son cancer, et qui s'alarmerait de la perte de cheveux du patient, ordonnant illico l'arrêt de la chimio.
Personne ne dit que de ralentir sa consommation quand on a consommé au delà de ses moyens pendant trop longtemps sera agréable : on dit juste qu'il n'existe aucune autre solution.
Rédigé par : ST | lundi 31 mai 2010 à 23h41
Réduire les dépenses publiques ne suffit pas, car si la réduction s'accompagne de récession, et donc de diminution de recettes fiscales, le remède est pire que le mal. Augmenter la croissance est mieux, mais insuffisant, parce qu'elle ne diminue pas suffisamment les déficits publics et laisse augmenter la dette. Il faut donc conjuguer croissance et diminution de la dépense publique.
Certaines mesures, telle l'augmentation de l'âge de la retraite et de la durée de cotisation sont efficaces, car elles diminuent le montant global des pensions tout en maintenant le niveau des revenus, à une condition toutefois, que le supplément de personnes actives engendré par cette mesure trouve preneur sur le marché du travail.
Et là, la baisse du cours de l'euro peut y contribuer. Cette baisse, certes, enchérit les importations, dont le pétrole, mais elle permet de compenser la baisse de consommation intérieure par plus d'exportations et plus de consommation de produits et services européens. Certes, elle peut augmenter encore le niveau d'endettement, une partie des emprunts ayant été souscrits en dollars.Mais comme le plus gros des emprunts est libellé en euros, la capacité de remboursement de la dette augmente globalement.
Baisse de l'euro et diminution concomitante de la dépense publique sont n'importe comment indispensables. Leur conjonction peut permettre de donner un peu de temps pour procéder aux réformes profondes nécessaires pour revenir à des budgets en équilibre et rendre à la France et à l'Europe leur attractivité pour les capitaux et les investissements productifs.
Rédigé par : Jean-Michel Bélouve | mardi 01 juin 2010 à 07h58
Cette crise est quand même une sacré aubaine pour les forces néolibéral, un peu plus de contrôle de la par du FMI, coupe drastique dans les dépenses sociales, privatisations et à coter de cela des banques aux mieux de leurs formes, sauver par les contribuables, des bénéfices en hausse vertigineuse. On pourrait presque penser que tout cela soit voulu ...
En attendant vous avez beau disserter sur la relance ou pas, cela reviens aux même c'est à dire l'idéologie néolibéral. Qui il faut le dire s'en prend plein la gueule depuis deux ans. Vous me faites un peu penser à ces capitalistes d'état en URSS qui ne voulaient pas voir la faillite de leurs modèles..
Rédigé par : FrontdeGauche2012 | mardi 01 juin 2010 à 10h44
Superbe travail, je vous remercie pour votre aide, et notez dans un 1er temps que je "plussoie" moi aussi entièrement votre positon ! J'insiste, oui votre article est vraiment bon, je reviendrai régulièrement vous lire... Je vais avoir besoin d'un peu de temps pour réfléchir à tout ça.
Rédigé par : Mutuelle | mardi 01 juin 2010 à 12h29
@FrontdeGauche2012
Pouvez vous définir "néolibéral" ? Parce que pour les libéraux tout court, ou classique, cette crise n'est pas une aubaine, mais l'aboutissement d'une dérive qu'ils ont été les seuls à décrier.
> plus de contrôle de la part du FMI
Personnellement je pense que le FMI ne devrait pas exister. Et je ne considère pas que ce soit un repère de libéraux.
> des banques au mieux de leurs formes
c'est bien là que vous vous trompez, les banques sont toutes en faillite virtuelle. Elles n'ont probablement jamais été financièrement aussi mal en point.
> sauvées par les contribuables
les libéraux ont été les premiers et les seuls à avoir dénoncé cela. Relisez ce blog : nous soutenons que la faillite est la meilleure solution pour régler le problème de surendettement des banques (comme des autres entités économiques d'ailleurs).
> des bénéfices en hausse vertigineuse
La faute à qui ? Aux banques centrales qui fournissent les banques en argent facile et alimentent une nouvelle bulle sur le marché des actions (interprété comme signe de reprise par les économistes myopes de la pensée unique). Encore des politiques que nous dénonçons.
> On pourrait presque penser que tout cela
> soit voulu
N'est ce pas ? Et bien en tout cas, pas par nous.
> Vous me faites un peu penser à ces capitalistes
> d'état en URSS qui ne voulaient pas voir la
> faillite de leurs modèles.
Mais il va falloir vous le dire dans quel langue ? Ce n'est pas notre modèle qui est en faillite et s'effondre, c'est justement le modèle que nous dénonçons. C'est votre modèle qui s'effondre, celui du toujours plus d'Etat, des banques centrales, de la monnaie papier, de l'endettement, de la relance par la consommation.
Si le "néolibéralisme" c'est le copinage entre la haute finance et les gouvernements, la hausse continuelle des dépenses publiques, l'endettement toujours plus important qu'il soit privé ou public, la relance par la consommation, la hausse continuelle de la pression fiscale, une part toujours plus importante de la dépense publique dans le PIB, alors oui le néolibéralisme est responsable de cette crise. Et non nous ne sommes pas néolibéraux sur ce blog puisque nous défendons les idées inverses. Alors arrêtez de nous emmerdé en nous prêtant des intentions qui ne sont pas les notres, des politiques qui ne sont pas les notres, des discours qui ne sont pas les notres. Allez rendre à césar ce qui appartient à césar en laissant vos commentaires sur les sites des groupies de l'UMP ou du PS.
Nous sommes libéraux. Nous n'avons jamais eu le pouvoir en France depuis que nous sommes nées. Arrêtez de nous reprocher l'Etat de l'économie et lisez ce que nous écrivons au lieu de nous appliquer vos fantasmes.
Rédigé par : ST | mardi 01 juin 2010 à 12h36
@
FrontdeGauche est un pur produit du néo conservatisme européen qui a cru pouvoir dépenser sans compter, pour pouvoir permettre à une classe politique et à une frange de la population issue de la fonction publique de disposer d'une rente de situation.
Il est difficile pour de tels individus d'accepter les contraintes de l'économie marchande, alors qu'ils profitent de leurs avantages.
Les expériences malheureuses de la planche à billets pendant la révolution françaises, sous les régimes communistes ou encore plus près de nous avec le Zimbabwe; ont été remplacés par les déficits publics.
Manque de pot, les thories keynésiennes, elles aussi tournent court, et ils voient arriver les échéances ou plutôt, ils essayent de se persuader du contraire, en cherchant un bouc émissaire à leur propre incurie.
Leur discours idéologique face aux derniers événements et leurs tentatives desespérées pour maintenir un status quo de leurs privilèges acquis, devient pathétique.
La dialectique récitée et recyclée en arguments de justice sociale, tente de dissumuler un discours de conservatisme partisan.
Rédigé par : gordon | mardi 01 juin 2010 à 13h21
Il est temps de crever la bulle immobilière, et les bulles en général, avec une bonne hausse des taux.
Que Trichet monte les taux de 1% à 2%, cela va calmer tout le monde et on pourra repartir sur des bonnes bases.
La banque du Canada a pris une sage décision aujourd'hui en augmentant un peu ses taux, à l'instar de l'Australie et de la Norvège.
Il faut supprimer aussi les subventions à l'achat immobilier pour calmer tout le monde.
Cette hystérie collective commence sur l'immo, les mp et l'or, ça commence à me fatiguer.
Rédigé par : Nam | mardi 01 juin 2010 à 17h32
Hello,
>"En contrepartie, si tout l'argent qui serait allé
>à ces investissements était siphonné par l'état, >dont la capacité d'amélioration de la productivité
>est faible -la sienne comme celle du secteur
>privé- et dont les investissements, anémiques, se
>révèlent de surcroit fréquemment peu inspirés (un >exemple), alors ce mouvement sain d'amélioration >continue des offres serait brisé."
Les Keynesiens disent dans leur logique qu'il faut stimuler la demande. Peu importe comment après tout, il faut juste faire un appel d'air qui refera partir la machine.
Vous réfutez cette vision car pour vous l'Etat est dans l'incapacité de créer cet appel d'air ou s'il y parvient, cela débouchera sur rien car entre temps, il y aura soit des problèmes de dettes, soit des problèmes qui compenseront d'éventuel avantage.
C'est un peu un jeu à somme nulle qui ne fait que retarder l'échéance du jugement dernier ( celui des marchés ). A attendre, on ne fait que retarder la convalescence.
Cependant, à vous entendre, on pourrait croire que l'État jette vraiment l'argent par les fenêtres. Or, à mon sens, il pourrait très bien choisir une relance par l'investissement intelligente. Il s'agirait non pas de faire une simple relance qui compterait sur l'efficacité de l'effet multiplicateur ( qui si on vous suit, serait rendus nulle par les couts qui lui sont inhérents )... SAUF QUE !
Sauf que l'intérêt de certains investissements n'est pas tant leur capacité à stimuler
la demande qu'à créer des externalités positives.
Investir dans la recherche par exemple, c'est générer du progrès technique et in fine, de la croissance.
Construire des autoroutes ou des infrastructures qui auront la vertu de favoriser les échanges.
Bref, je pourrais vous faire une longue liste, vous avez compris le principe. Bref, je trouve que vous êtes dans un aspect bien trop comptable des investissements publics et que vous ne prenez pas en compte les effets indirects.
Meme en restant dans la perspective d'un état strictement régalien, je pense qu'il y aurait à faire. Construire des commissariats, embaucher des flics avec une plus grande sécurité ( en banlieue ) qui là encore, pourrait avoir des effets positifs sur les affaires. Ou comme déjà dit, construction d'infrastructure ( TGV ) etc
>"Plus précisément, depuis 2008, plus de 50% des >emplois nouvellement créés aux USA l'ont été au >Texas, état classé le plus "business friendly" >par les chefs d'entreprises."
Je ne sais pas si l'exemple du texas est bien choisis. C'est quoi le Texas, la Louisiane ? De l'agriculture, de la peche principalement. Quelques centre de haute technologies, je vous l'accorde, mais c'est surtout le PETROLE !!!
L'augmentation de l'énergie a rendu plus que lucratif l'exploitation du pétrole même lorsqu'il est enfouit à 1.5 km sous l'eau. L'augmentation des prix du baril stimule l'industrie par effet d'aubaine et elle créait des emplois. Rien de bien surprenant. D'ailleurs, c'est pour ça que Barack a mit du temps avant de prolonger le moratoire sur l'exploitation pétrolière sous marine dans le golfe du Mexique.
>"Après tout, je croyais moi même que l'Allemagne >réussirait à s'opposer à toute velléité de >monétisation des dettes européennes, et je me >suis trompé."
C'était sur au contraire. L'excèdent commercial allemand est financé par notre dette. Les plans de rigueur vont surtout affecter les allemands.
Rédigé par : christophe | mardi 01 juin 2010 à 19h53
@ Christophe :
Le concept d'externalité, auquel on peut faire dire tout et n'importe quoi, devrait toujours être considéré avec prudence:
1 - Les externalités négatives de l'investissement non rentable sont rarement considérées (dette, effet d'éviction) par ceux qui invoquent à tout bout de champ les externalités positives de l'investissement public.
2 - Si on suit votre intervention, on tend a oublier que l'investissement privé a AUSSI des externalités positives.
3 - Il n'est pas chez moi question de dire que l'investissement public est SYSTEMATIQUEMENT MAUVAIS mais de dire que en moyenne de façon probabiliste, il se révèle nettement plus mauvais que l'investissement privé, pour des raisons sociologiques (et empiriquement constatées): les gens qui décident de l'investissement public ne jugent pas sa réussite sur la présence d'un "+" en bas à droite d'un tableau annuel...
Ajoutons que l'état est incapable de gérer de façon patrimoniale ses investissements. Voilà pourquoi, pour reprendre un de vos exemples, les autoroutes concédées sont infiniment mieux exploitées et entretenues que les routes et autoroutes publiques faussement gratuites. Ou aussi, c'est à cause de cette tare qu'un bon tiers des avions de chasse de l'armée de l'air sont incapables de voler. exemples ad infinitum.
Vous citez l'exemple ferroviaire comme exemple d'investissement "positif": ce point de vue est éminemment contestable:
http://www.objectifliberte.fr/2010/03/transports-en-finir-avec-le-grand-fantasme-ferroviaire.html
Quant à votre vision de l'économie du Texas, c'est une caricature. je compte réaborder le sujet un jour.
Rédigé par : vincent | mercredi 02 juin 2010 à 08h10
En tout cas tout le monde n'est pas aveugle face aux énièmes solutions néolibérales qui vont nous foutre encore une fois dans la merde et heureusement:
http://blog.mondediplo.net/2010-05-18-En-route-vers-la-Grande-Depression
Rédigé par : FrontdeGauche2012 | samedi 05 juin 2010 à 17h34