Le
débat sur la "nécessaire régulation" de la finance fait rage, non sans
quelque raison. Mais visiblement, personne ne se pose la question des
caractéristiques d'une bonne et d'une mauvaise régulation. Aussi
beaucoup voudraient qu'il y ait PLUS de règles, et PLUS de régulateurs
pour les faire appliquer, croyant que cela suffirait à remettre le
secteur financier coupable de tous les maux dans le droit chemin.
Or,
les échecs, incontestables, du monde financier actuel, ne sont pas le résultat d'un MANQUE de règles. Il sont celui de l'incapacité,
pour des raisons variées souvent évoquées ici, des états, de
conserver aux réglementations en vigueur leur cohérence, et la capacité
de les faire appliquer.
On ne peut aborder le sujet de la régulation sans tenter d'en définir des objectifs, les modes d'intervention, les mesures du résultat, avec une démarche intellectuelle rigoureuse. Il n'est pas question de faire le tour de tous ces sujets dans un seul article, mais de progresser au fur à mesure vers une approche systématique et cohérente des différents modes de régulation, de leur efficacité.
Voyons aujourd'hui les apports possibles et réels de l'état régalien à la régulation financière.
L'état régalien
L'Etat régulateur a fixé de nombreux objectifs à ses interventions. Sans discuter de la pertinence de ces objectifs ou de leur atteinte effective, citons: la normalisation technique, la fourniture des moyens de l'échange (routes et monnaie), la prévention des risques, la prévention des faillites bancaires, l'aide aux démunis, la redistribution des richesses, la protection de l'environnement... L'état est il légitime à intervenir dans tous ces domaines ? Est-il efficace ? Pourrait-il l'être ? Tous les articles de ce blog traitent peu ou de cela, pêle mêle. Mais quid de ses fonctions basiques ?
Historiquement, le premier rôle des premières formes de pouvoir fut de protéger les communautés des agressions extérieures et des mauvais agissements de certains de ses membres, soit préventivement, soit curativement. Les premières formes de pouvoir étant le plus souvent organisées autour d'un souverain, s'arrogeant le monopole de cette défense, ces missions essentielles furent qualifiées par la suite de régaliennes.
Il existe plusieurs courants de pensée au sein du libéralisme. L'un d'entre eux, le courant anarcho-capitailiste, voit en toute forme d'intervention publique une menace implicite et qui pense que toute problématique doit être prise en charge par des institutions de nature privée. L'autre, le courant libéral "classique", largement majoritaire, estime que la société libérale ne peut se passer d'état, pourvu qu'il respecte un certain cahier des charges, pour assumer ces missions régaliennes.
Laissons de côté les questions de défense, sans rapport direct avec la régulation financière et économique en général, et intéressons nous plutôt à la régulation de la malhonnêteté, tout à fait essentielle dans un état de droit, et plus particulièrement de la malhonnêteté économique.
La régulation de la malhonnêteté : sanction et prévention de la prédation
Il existe trois façons de gagner sa vie: s'inscrire dans un système d'échanges libres, y échanger son travail contre celui des autres, et s'y comporter en honnête homme, c'est à dire, selon l'éthique libérale définie par Jacques de Guénin, "s'interdire d'obtenir quoi que ce soit de quiconque par quelqu'un par coercition ou tromperie". Ce comportement peut être qualifié de "producteur", ou "d'honnête homme".
A l'opposé du spectre, il existe des individus qui trouvent que la coercition et la tromperie ne heurtent pas leur morale personnelle et qu'il y a pour eux avantage à l'utiliser. Ce comportement est typique du prédateur. Il vise à obtenir plus en donnant moins.
Enfin,il existe une troisième famille de comportements, que certains appellent "rentier", "exploiteur" ou "assisté", selon ses préjugés, ou selon que la rente soit d'origine capitaliste, assurancielle, ou d'une politique redistributive des états. La classification des bénéficiaires de ces rentes est l'objet de débats souvent houleux entre libéraux et socialistes, cet article ne l'abordera pas.
Retenons simplement que l'homme oscille constamment entre la tentation prédatrice et la raison productrice. L'homme est il par nature bon ou mauvais ? Producteur ou prédateur ? Est il amélioré ou corrompu par le système dans lequel il vit ? A ce jour, il n'y a aucune réponse scientifique sérieuse à cette question qui est l'une des sources majeures de réflexions philosophiques, éthiques et juridiques depuis la nuit des temps.
Mais une expérience intéressante apporte quelques éléments de réponse qui en valent bien d'autres. Cette expérience est relatée par Levitt et Dubner (photo) dans le très controversé ouvrage "Freakonomics" qui leur valut un succès d'édition notable, et des polémiques sans fin.
Une histoire de Bagels : 13% de "pourris naturels" ?
Très méticuleux, notre fabricant a consigné toutes ses corbeilles durant des années.
La moyenne retournée pour 100 bagels a toujours été à peu près constante autour de 90$ pour 100 bagels, avec un minimum à 87$ avant l'été 2001. La mythologie autour du nombre 13 trouvera là sans doute un nouveau sujet de création artistique !
Plus intéressant, notre fabricant a trouvé que plus la corbeille était posée dans des étages proches de ceux de la haute direction, moins le retour des corbeilles était bon. Cela n'a rien d'étonnant. Ces places sont rares, chères, et il est compréhensible qu'une partie des personnes qui s'y trouvent aient été sélectionnées par leur aptitude aux "coups tordus". Le même phénomène se retrouve au sommet des pyramides politiques, et, lorsque l'on regarde le who's who des politiciens français qui ont été impliqués dans des affaires plus que douteuses, l'on se rend compte qu'au niveau de responsabilités nationales, le pourcentage de gens à la morale personnelle élastique, donc potentiellement prédatrice, excède très notablement 13%.
Il ne faut pas faire dire à cette expérience plus qu'elle ne dit. Mais on peut raisonnablement estimer que dans un certain environnement institutionnel et culturel qui est celui des quartiers d'affaires aux USA, le taux de "prédateurs naturels" varie autour de 10-13%, avec une certaine propension à augmenter dans certains milieux, notamment aux sommets des pyramides hiérarchiques. Dans un autre pays avec une autre culture, ce pourcentage serait peut être plus faible ou plus élevé. Au fond, plus de 85% d'honnêtes gens, voilà qui est plutôt rassurant pour l'espèce humaine. Mais évidemment, le problème posé à la société est celui du potentiel de nuisance de la fraction malhonnête restante.
Bonnes et mauvaises incitations
Intéressons nous aux facteurs qui auraient pu faire varier ce pourcentage.
Imaginons maintenant que notre fabricant de bagels ait eu à sa disposition un moyen imparable d'identifier les mauvais payeurs et de leur envoyer un gentil courrier de relance avec menace de dénonciation aux autorités. Le plus probable est que la plupart des 13 % de voleurs auraient soit renoncé à consommer un bagel, soit accepté de payer le dollar réclamé. Notre vendeur aurait alors retiré, disons, 94$ par corbeille de 100 bagels, 4 ou 5 invendus, et le taux de fauche serait tombé à 1 ou 2% par un ou deux irréductibles voleurs congénitaux qui ne pourraient pas s'en empêcher et trouveraient le moyen de contourner la surveillance de M. Feldman.
Vous me direz, à ce stade, que vous ne voyez pas le rapport avec la crise financière.
Mais imaginons maintenant que, le risque d'être pris étant faible, l'enjeu de la rapine ne soit pas un bagel à un dollar, mais l'argent de l'entreprise et des actionnaires, et qu'un dirigeant haut placé mais peu ou pas actionnaire de sa grande banque ait les moyens, disons, d'exposer sa banque à un niveau de risque insoutenable à long terme, mais permettant à très court terme de se verser des bonus élevés, voire de choisir le bon moment pour vendre son paquet d'actions personnelles au plus haut, avant le grand plongeon: quel pourcentage de dirigeants auraient allègrement franchi le pas ?
Bref, le risque de rencontrer des acteurs économiques malhonnêtes (M) est égal à une fraction incompressible de l'humanité (K) MOINS un terme fonction du risque de se faire prendre et punir (R) PLUS un terme fonction croissante de l'espoir de gain (G).
Sans risque de sanction, il n'est point de régulation possible
Tout comme l'histoire des bagels de M. Feldman, les comportements des dirigeants de certaines banques avant le déclenchement de la crise (et après aussi...) montrent qu'en l'absence de risque de sanction, ou du moins lorsque le risque de sanction perçu est faible, alors l'occurrence de tricheurs est inévitable, et que la propension à la tricherie – et le pouvoir de nuisance sociétale qui en résulte - est fonction sans doute croissante de ses bénéfices attendus. Et peut être, à partir d'un certain point, exponentiellement croissante.
Pour avoir négligé cet aspect inhérent à la nature humaine, certains économistes, y compris libéraux, ont cru que les simples "forces de marché" auraient pu éviter d'en arriver là, du moins à une telle échelle. Le plus emblématique d'entre eux est Alan Greenspan qui a déclaré au congrès, alors qu'il était entendu en tant qu'ex président de la FED, que :
L'erreur de Greenspan vient de ce qu'il n'existe pas d'intérêt des organisations, mais que des intérêts des individus qui la composent. Si la plupart des salariés ont intérêt que leur entreprise soit durablement bien portante, certains peuvent faire un calcul différent et essayer de prendre beaucoup très vite, et laisser aux suivants le soin de réparer les dégâts éventuels.
Les économistes ne sont pas tous de bons sociologues, et à leur décharge, reconnaissons que l'inverse est également vrai. La sagesse populaire sait depuis longtemps que lorsque l'on ouvre un pot de confiture devant un enfant, il va plonger les mains dedans si rien ne l'en retient. La peur de la sanction est absolument indispensable pour réduire la probabilité qu'un dirigeant non ou peu actionnaire de son entreprise n'arbitre en faveur de ses intérêts à court terme, et contre ceux de ses actionnaires à long terme.
Et pour que la peur de la sanction soit effective, il faut que quelques conditions soient remplies.
Tout d'abord, les moyens de détection de la prédation doivent exister. Ensuite, il doit être possible de se saisir de la personne et des biens du prédateur, afin de pouvoir d'une part rembourser, autant que faire ce peut, les préjudices causés aux victimes, et ensuite punir le prédateur pour son mauvais comportement, et ce de façon à ce que la perte liée à la découverte de son méfait soit supérieure, voire très supérieure au gain qu'il en a retiré.
Bref, il faut que les gens honnêtes puissent avoir la possibilité de se comporter comme des prédateurs vis à vis des prédateurs. Autrement dit, la prédation est indésirable lorsqu'elle est "offensive" et s'exerce du prédateur vers l'honnête homme, mais elle est hautement indispensable lorsqu'elle est "défensive" et s'exerce des honnêtes gens envers les prédateurs "offensifs".
Seul problème, qui va décider qu'une personne est un prédateur, et qui va dans les faits pouvoir exercer la contre-prédation ?
Pourquoi l'Etat ?
Le problème est que les personnes en charge de la "prédation contre les prédateurs" doivent pratiquer la "prédation honnête". Dur paradoxe, quand votre spécialité est justement l'emploi de la coercition contre des tiers. Or, n'oublions pas que, d'après les bagels du bon M. Feldman, il y a dans chaque groupe une moyenne de 10 à 13% de malhonnêtes congénitaux (aux réserves sur l'universalité de ce chiffre près), et que le ou les organismes contre-prédateurs n'échapperont pas à cette fatalité. Or, si le contre-prédateur utilise sa force contre l'honnête homme, il cesse lui même d'être un honnête contre-prédateur défensif, désirable, et devient un prédateur offensif, nuisible.
Des polices et justices purement privées, sans qu'il existe une puissance qui les dépasse capable de briser leurs aspirations prédatrices, tendront à se comporter comme n'importe quel CEO de Countrywide ou de Lehman Brothers: parce qu'elles comporteront en leur sein une proportion suffisante de gens malhonnêtes, elles transgresseront l'interdit pour maximiser leur avantage, elles tricheront avec l'honnêteté pour "recevoir plus en donnant moins". Pire même, il est probable que leur nature attire à elles d'authentiques prédateurs attirés par les perspectives de gain liés à un usage détourné de la force : elles concentreront dans une même entité une capacité d'usage de la force supérieure à la normale et une propension à la prédation tout aussi hors norme.
La seule réponse, nécessairement imparfaite (mais l'homme est imparfait, rien de ce qu'il crée ne peut être parfait), mais praticable, que les humains ont expérimentées pour que le contre-prédateur soit cantonné dans les limites de la sanction des malhonnêtes, est la démocratie fondée sur la séparation de divers pouvoirs, avec un pilier législatif fondé sur les principes simples de la Rule of Law, et des systèmes d'équilibre entre pouvoirs empêchant que l'un prenne le pas sur les autres et puisse se muer en prédateur incontrôlable. C'est ainsi que les armées sont divisées en corps sous commandement différents, que la gendarmerie est clairement identifiée comme une composante spécifique, complémentaire des polices civiles, qui peuvent être nationales ou locales, le tout sous le contrôle de trois piliers (exécutif, législatif, judiciaire) qui doivent s'équilibrer et empêcher l'un d'entre eux de sombrer dans l'excès prédateur.
Certes, les échecs de l'état contre-prédateur comme les exemples d'états dont les représentants deviennent eux mêmes prédateurs existent, et prennent une ampleur inquiétante dans le contexte actuel. Mais une organisation totalement privée du maintien de l'ordre, dans le même contexte, n'obtiendrait pas de meilleurs résultats.
En effet, sans crainte d'une sanction par un acteur auquel l'impôt donne une puissance financière, et la démocratie une légitimité populaire hors d'atteinte d'un opérateur privé, alors les forces de contre-prédation privées ne sauront résister longtemps à la tentation prédatrice. Le chaos dans lequel se sont enfoncés des sociétés où les prérogatives régaliennes relevaient de facto quasi-exclusivement de l'action privée, tels que le Liban d'avant 1976 ou la Somalie, dès qu'un prédateur un peu puissant a été lâché dans ces sociétés, montre empiriquement que hélas, sauf à inventer quelque chose de nouveau, des pouvoirs publics sous contrôle populaire démocratique ayant les moyens effectifs de lutter contre les prédateurs sont le seul moyen, fut-il très imparfait, d'éviter une telle évolution de la société.
Les anti-libéraux utilisent souvent l'image du renard libre dans le poulailler libre pour discréditer l'idée libérale. Mais les libéraux classiques l'ont toujours rappelé : sans un berger armé pour faire comprendre au renard qu'il a intérêt à contrarier sa nature prédatrice pour pouvoir lui aussi vivre en paix, la coexistence des deux sera impossible. Quand bien même les poules seraient armées elles aussi, face au renard, la lutte serait de toute façon très inégale. Hayek ou Bastiat ont reconnu la nécessité d'un pouvoir public pour limiter la prédation offensive. Le marché fournit un excellent cadre aux échanges libres entre producteurs, mais les outils qu'il a développés pour cette fin ne se révèlent pas aussi bien adaptés à la gestion du rapport de la société à ses prédateurs.
Nous voyons donc pourquoi l'état régalien est un élément indispensable au bon fonctionnement des sociétés humaines. Le problème de nos sociétés modernes est que l'état, en voulant s'investir dans l'économique, le social, le technologique ou le culturel, semble avoir totalement négligé ses devoirs en terme de répression des prédateurs, quelle que soient la forme qu'ils prennent, bandits de banlieue ou grands financiers en costume de luxe. Pis même, trop souvent, le berger semble avoir passé un accord avec le Renard.
Quand l'état protège le prédateur
Les constructions juridiques actuelles rendent difficile la poursuite au pénal de comportements plus que litigieux comme on peut le voir dans le cas de l'affaire des fonds "créés pour chuter" par des banques telles que Goldman Sachs. Nul doute qu'une législation plus basique aurait considérablement réduit l'incitation de cette banque aujourd'hui au centre de bien des scandales à créer certains montages litigieux.
Mais il y a pire. Dans un certain nombre de cas, l'état, loin de poursuivre des personnes dont le comportement a été pour le moins douteux, semble les protéger.
Quelques dirigeants d'établissement financiers semblent avoir, disons, très largement profité de leurs "erreurs de jugement" sur les produits structurés de crédit, entre autres, et n'ont pas personnellement à ce jour beaucoup souffert des pertes que leurs décisions à court terme ont causé à leurs établissements, à leurs actionnaires, à leurs salariés licenciés. Nous pouvons citer entre autres Angelo Mozilo, le CEO de la banque Countrywide, qui aurait semble-t-il régulièrement harcelé Fannie Mae et Freddie Mac pour qu'ils achètent en portefeuille des obligations émises par des MBS packagées par ce même monsieur Mozilo, et qui, sentant parfaitement la nature fragile du montage, aurait revendu la plupart de ses actions avant la débâcle finale. M. Mozilo est actuellement sous investigation par la SEC, mais pour l'instant, aucune charge ne semble retenue à son encontre. Il est également soupçonné d'avoir octroyé à des membres du congrès des prêts particulièrement avantageux: pas de suites non plus.
Nous pouvons également nous rappeler d'un autre personnage (déjà cité ici), Franklin Delano Raines, ex CEO de Fannie Mae jusqu'en 2004, qui fut convaincu par la SEC d'avoir enjolivé les comptes de sa sociétés pour permettre à lui même et son staff de toucher de gros bonus au début des années 2000, reportant les pertes aux années suivantes, et engageant sans états d'âmes Fannie Mae dans la politique de crédits faciles qui allait mettre à genoux cette entreprise garantie par l'état US quelques années plus tard.
J.Johnson (haut), F.D. Raines (Bas),
et A. Mozilo (Droite)
A ce jour, Raines, un membre de l'establishment démocrate, n'a pas été poursuivi par la Justice de son pays. Pas plus que son prédécesseur, un certain James Johnson, dont certaines décisions pourtant ont prêté à discussions... Pas plus que M. Mudd, son successeur, qui a, malgré les avertissements de son département des risques, cédé aux pressions des politiques qui voulaient que Fannie (et Freddie) subventionnent par tous les moyens le crédit pour l'accès à la propriété, en rachetant des quantités considérables de MBS émises par MM. Mozilo et alter ego, faisant monter l'effet de levier de son entreprise à 80 fois ses fonds propres, en intégrant tous les engagements hors bilan de l'entreprise. Ni Johnson, ni Raines, ni Mudd, ni les dirigeants de Merill, de Lehman, de Wamu, de Wachovia, et sans doute bien d'autres, ne pouvaient ignorer que de telles pratiques étaient contraires à des années d'expérience et de savoir accumulé sur les bonnes et mauvaises pratiques en matière de saine gestion des établissements financiers.
Tous ces gens savaient que les escrocs risquent gros aux USA (Bernard Madoff ne dira pas le contraire, bien qu'il ait fallu beaucoup de temps pour découvrir sa pyramide de Ponzi), mais que si leurs méconduites pouvaient être assimilées à de simples erreurs de jugement, alors ils pourraient espérer prendre l'argent et filer, car ils pouvaient compter sur l'appui indéfectible de leurs amis à Washington pour réparer leurs erreurs, de préférence avec l'argent du contribuable.
Cette forme de capitalisme un peu particulier et hautement nuisible, le "predatory capitalism", a pris un essor tout à fait particulier au sein de grands établissements dont les plus grands actionnaires ne possèdent qu'une fraction du capital total, et obtiennent des conseils d'administration des contrats de travail qui tiennent du mercenariat plus que de la protection de l'intérêt à long terme des actionnaires.
De l'art de choisir ses complices
Bernard Maddoff avait omis d'associer l'état à ses combines: cela lui sera fatal, et il pourra y penser longtemps au fond de sa cellule.
Les dirigeants des GSE ou des banques qui leur refilaient des crédits frelatés, au contraire, faisaient partie du schéma mis en place par l'état pour atteindre un objectif politique, "multiplier le crédit aux ménages modestes", qui autorisait toutes les contorsions du droit pour y parvenir. C'est ainsi que toutes les tentatives de rendre plus transparentes certaines opérations de titrisation se sont heurtées au fait que deux acteurs sous parapluie public, Fannie Mae et Freddie Mac, étaient les premiers utilisateurs de ces "SIV" basés off shore, qui leur permettaient d'émettre ou de garantir des obligations représentant 80 fois leurs fonds propres, un effet de levier qui garantissait au staff de ces entreprises de confortables primes tant que tout allait bien, mais qui était insoutenable en cas de retournement de conjoncture.
Plusieurs fois, entre 2002 et 2006, quelques parlementaires éclairés ont tenté de réformer Fannie et Freddie: à chaque fois, il s'est trouvé une majorité de politiciens pour rejeter la réforme. Fannie et Freddie ont dépensé plus de $100 millions en lobbying pour arriver à ce résultat.
En s'autorisant à intervenir dans le fonctionnement de l'économie, soit pour "la stabiliser", "la piloter", ou "corriger les résultats du marché", l'état développe des liens avec les grands décideurs économiques. De fait, ces personnes, intelligentes et dotées de grands moyens, peuvent aisément infléchir les mesures que l'état est amené à prendre pour parvenir à ces résultats pour créer un cadre juridiquement favorable à des agissements peu ou pas défendables, mais très lucratifs à court terme.
Camouflage et hypertrophie textuelle
Le droit, outil essentiel au service de la morale, de la protection des gens honnêtes contre les prédateurs, est aujourd'hui perverti par une inflation textuelle dont les bandits en col blanc savent tirer parti. Le droit est devenu l'instrument de camouflage favori du prédateur furtif. "Lorsqu'il y a inflation de textes, on dévalue le droit" : Jamais cette citation d'Alain Madelin ne parait aussi actuelle que lors des événements auxquels nous sommes en train d'assister.
Le droit devrait donc non pas tenter de décrire absolument toutes les situations et comportements possibles et imaginables, mais au contraire en revenir à des principes simples: Obligation de transparence dans les opérations financières, allant jusqu'à la décomposition en "investissements primaires" des éventuels produits dérivés détenus dans les comptes, sincérité des comptes présentés, visibilité de l'ensemble des acteurs de marché.
Lorsque des acteurs de marché plus performants que la moyenne, comme Harry Markopolos, ont flairé l'arnaque Maddoff, celui ci a réussi à endormir la SEC qui l'a pourtant contrôlé plusieurs fois. Une fois "blanchi" par la SEC, Maddoff pouvait se prévaloir d'une nouvelle virginité et séduire de nouveaux investisseurs. Si au lieu d'être réservée à un bureaucrate de la SEC peu inspiré, toutes les opérations du fonds Maddoff avaient été scrutables par le grand public, nul doute que des dizaines de Markopolos auraient compris le danger bien avant qu'il n'atteigne la cote de 50 milliards... Et même le plus benêt des inspecteurs de la SEC aurait pu bénéficier de ce travail d'observation collectif et confondre l'escroc.
Mais il n'y a aucune chance pour que des lois de transparence voient le jour outre Atlantique, et par la même au niveau international: la plus grande opération de camouflage d'opérations douteuses jamais mise en place est tenue par un opérateur sous statut particulier, la FED, qui a reçu du gouvernement l'onction pour prendre en pension des obligations "toxiques" détenues par des banques en difficulté contre du cash, et ce sans dévoiler les banques bénéficiaires de ces largesses, afin, officiellement, de ne pas entacher leur... Stabilité. L'administration Obama vient une fois de plus de réussir à faire rejeter les propositions parlementaires d'audit de la FED dans la nouvelle réglementation bancaire, qui ne fera que remplacer quelques milliers de pages d'effets pervers par d'autres milliers de pages d'effets pervers.
L'argent facile ainsi gagné par les acteurs les plus déficients du marché servira une fois de plus à alimenter toutes les fraudes, toutes les gabegies, toutes les "erreurs de jugement providentielles", et prises de risques court-termistes.
Malhonnêteté des rues
Bien que cela puisse paraître éloigné des questions financières - mais l'est-ce tant que cela ? - il n'est pas inutile de rappeler le terrible échec de notre état en matière de lutte contre la délinquance "ordinaire", celle des rues et des cambriolages.
Depuis 40 ans, notre état n'a guère été plus efficace à traiter la malhonnêteté des rues que celle des bureaux lambrissés et des salles de marché. Voici les statistiques de l'évolution des actes de délinquance enregistrés entre 1960 et 2000.
année | 1960 | 1974 | 1980 | 1990 | 2000 |
Nb officiel de victimes d'actes de délinquance (en milliers) | 500 | 1300 | 1700 | 2700 | 3400 |
Nb officiel de victimes d'actes violents (en milliers) | ND | 100 | 150 | 200 | 400 |
Source : insee
En outre, ces chiffres ne tiennent pas compte des cas de plus en plus nombreux où les victimes ne portent pas plainte, pour éviter toutes représailles, phénomène régulièrement mis en évidence par des enquêtes de victimation anonymes.
Pendant toutes ces années, l'état Français (avec les collectivités locales), qui n'a jamais vraiment été nain, est passé de 36% à 54% du PIB en terme de dépense totale, une croissance de 50% ! Aucune déduction en terme de causalité, par contre, il est certain que le surcroît de dépenses et d'ingénierie sociales initiées par l'état durant cette période n'a fait aucun bien aux statistiques sur la sécurité.
On peut affirmer sans trop de crainte d'être contredit que les théories post soixante huitardes, excusatoires au possible et voulant à tout prix voir en toute crapule une "victime de la société", ont durablement pourri les relations entre prédateurs et producteurs, que ce soit à l'école, dans l'entreprise ou dans les prétoires, et, sans doute pire encore, au sein des familles.
Mais le rôle de l'interventionnisme de l'état dans l'expansion de la délinquance ne s'arrête pas là. Lorsque l'état oublie son rôle régalien pour se concentrer sur l'interventionnisme économique et social, sous les auspices de théories excusatoires dominantes, il engendre un certain nombre d'effet pervers:
- Plus l'état se donne
le pouvoir de redistribuer le fruit d'importantes ponctions fiscales à
telle ou telle catégorie, plus il créée d'incitation au lobbying pour
appartenir aux catégories bénéficiaires de ces largesses. Il en résulte
une prise d'importance excessive du rapport de force entre groupes de
pression et donnateurs publics.
- L'expression de ce
rapport de force peut dégénérer si la justice se montre incapable ou
n'a plus la volonté de réprimer les violations des droits de propriétés
qui en résultent, ce qui conduit des groupes à privilégier l'action
violente pour s'approprier des avantages que leur mérite propre
n'aurait pu leur procurer. Mouvements pseudo-syndicaux violents,
revendications communautaristes extrêmistes, justifications du
terrorisme, prospèrent sur ce terrain fertile.
- Plus ces
comportements d'appropriation imméritée par pression collective sur
l'état deviennent "légitimes" aux yeux d'une population anesthésiée par
leur répétition, voire leur normalisation, plus l'atteinte violente aux
droits de propriété est légitimée dans l'esprit d'un nombre croissant
d'individus. "Pourquoi pas moi si cela marche pour d'autres".
- Le
manque d'exemplarité de l'état, sa tendance à l'auto-protection de ses
brebis galeuses, et son incapacité à sanctionner réellement les
délinquances de type financier renforcent l'attractivité de toutes les
formes de prédation en augmentant l'acceptabilité sociale de la
"magouille".
- Et par conséquent, l'appareil
policier-judiciaire se voit submergé par la constatation de nouveaux
cas de violation de la loi, qu'il se donnera de moins en moins la peine
de réprimer.
- Rappelez vous la formule: M=K-R+G ;
L'inefficacité judiciaire créée des vocations à la délinquance.
L'individu évalue son espérance de gain en fonction des risques
encourus, et si cela ne contrarie pas sa morale personnelle, il
choisira les voies de la spoliation si elles lui semblent plus
prometteuses que celles du travail. En l'absence de changement de cap,
nous sommes en présence d'un risque d'emballement incontrôlable de la
délinquence, dans une période où la police et la justice n'auront pas
plus de moyens pour faire face à cette explosion.
Par la faute d'un état qui ne sait plus les faire respecter, violer les droits de propriété d'autrui devient un mode d'accroissement de plus en plus ordinaire de son patrimoine.
Pire, "battre le système" devient un jeu: les fraudes aux largesses de l'état prennent un tour endémique, des plus petites aux plus amples.
Pendant ce temps, la France qui travaille s'appauvrit: obligée de dépenser plus pour protéger son capital, elle investit de fait moins pour développer les biens et services répondant aux besoins actuels et futurs.
Prenons l'exemple du logement: la sur-protection du mauvais payeur, considéré par avance par la loi comme une victime, alors que son propriétaire n'est aux yeux des lois et souvent, de ceux censés l'appliquer, qu'un vil rentier, conduit un nombre croissant de propriétaires à préférer garder leurs logements vides, et ne rend possible la construction de logements locatifs qu'à grand renfort de carottes fiscales qui ruinent le contribuable... et désorganisent totalement le marché du logement. Un tel gâchis de ressources se fait d'abord au détriment des plus modestes que l'ingénierie sociale voulait pourtant "protéger".
Conclusion
En matière de répression de la prédation et de la malhonnêteté, l'état, quelles que soient ses imperfections aussi inévitables que celle des êtres humains qui le composent, est indispensable.
Or, force est de constater que non seulement l'Etat, un peu partout dans le monde, tend à démissionner de ses responsabilités en la matière, et que pis encore, il se fait parfois complice des prédateurs les plus malins et les mieux organisés.
Un état moderne n'est pas un état qui prétend être l'ingénieur social de toute vie, de toute carrière, de toute production. Un état moderne est celui qui permet aux acteurs privés de la société de se prendre en charge, et qui assure un cadre où l'honnête homme aura peu à craindre de l'inévitable présence de prédateurs, fraudeurs et profiteurs en tout genre.
Pour cela, l'état doit abandonner toute une batterie d'interventions prétextes à toujours plus de fourre-touts législatifs dans les failles desquelles tous les aigrefins s'engouffrent avec délectation, et revenir aux fondamentaux du droit: découvrir et sanctionner sans faiblesse ni excuse ce qui sépare le producteur du prédateur.
Faute de quoi les états devront faire face à une explosion de la prédation, qu'elle s'habille en col blanc ou en blouson noir.
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Lire également :
Moraliser l'étatisme, agent infectieux du capitalisme
Rendons à la social-bourgeoisie ce qui n'appartient pas au libéralisme
Suivre le feuilleton de la loi "Audit the FED": ronpaul.com
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Bonjour,
MErci pour ce long et bon billet. comme d'habitude.
Même si c'est un peu hors du propos de ce dernier, à force de lire ici et ailleurs les évènements grecs et autres, je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec les 5 étapes du deuil.
En effet, on dit que les personnes en deuil passent par 5 étapes :
- le choc,
- la colère,
- le déni,
- la dépression,
- l’acceptation
Je redoute que nous y soyons tous confrontés dans les prochains mois, car nous aurons à regretter la mort de notre état providence, état mama, nounou bienfaisant et omnipotent.
Si je regarde ce qui se passe en Grèce et comment notre personnel politique – et aussi de nombreux journalistes et autres commentateurs – y a réagi, je ne peux en effet m’empêcher de faire un parallèle.
Vint le choc, devant l’incapacité de l’état grec à lever des fonds sur les marchés financiers. L’impensable survenait, la chose impossible apparaissait : l’état grec ne pouvait plus faire face à ses engagements.
Vint ensuite la deuxième étape, la colère. Certes, l’état avait menti, trompé, maquillé, falsifié ses comptes au point que la nouvelle transparence venait de lui faire perdre le peu de crédibilité qui lui restait, mais ce n’était pas sa faute.
Seuls les méchants spéculateurs étaient coupables. Ils en voulaient à l’état grec, au peuple grec.
Nous sommes aujourd’hui dans le déni. D’abord, il nous est expliqué qu’un état ne peut pas faire faillite. Puis, dans une version plus précise, un état moderne de l’UE ne peut pas faire faillite. Précision utile puisque les états européens ont fait faillite par le passé, la Grèce plus que les autres – voir the forgotten history of public debt -.
En conséquence, les autres états de l’UE sont prêts à mettre 750 000 000 000 € qu’ils n’ont pas sur la table.
Je pense que nous allons vers l’étape 4 : la dépression. Espérant atteindre rapidement la 5 : l’acceptation, soit le rééquilibrage entre ce qui est produit et ce qui est consommé.
Ceci arrive à la Grèce, mais je ne vois pas d’autres issues pour notre propre état providence.
N’en déplaise aux bisounours, ce n’est pas le grand méchant marché qui est en cause – pour reprendre un titre célèbre -, mais bien notre état gargantuesque – voir
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/05/16/04016-20100516ARTFIG00198-les-depenses-publiques-se-sont-envolees-en-2009.php - .
Je redoute juste en France les étapes 2 et 3. Je crains une colère rage de gens trop longtemps maternée et un déni comme seuls nos hommes politiques en sont capables.
Rédigé par : Tonton Jack | mardi 18 mai 2010 à 08h37
Félicitations pour cet article didactique exemplaire.
Rédigé par : Patrice | mardi 18 mai 2010 à 09h06
Très intéressant.
Le point qui attire le plus mon attention, c'est celui sur la variation du nombre de "malhonnête" comme définit au début de l'article. Je suis persuadé que le chiffre qui ressort de l'étude de la société de bagels est extrêmement variable d'un environnement socio-économique à un autre. C'est une donnée avant tout culturelle, et cette donné évolue justement en fonction du poids de l'Etat dans la société. Plus l'Etat est présent, moins la conscience individuelle, la responsabilité individuelle est développée, et plus la tentation d'abuser d'autrui (surtout si autrui n'a pas de visage) se développe.
C'est un point extrêmement important car c'est alors un cercle vicieux qui s'enclenche.
J'insiste là dessus, parce qu'au delà du point de vue de l'économiste (jusqu'à quel niveau de comportement malhonnête tel ou tel mécanisme peut fonctionner, reste rentable, comme la vente de bagel "à la confiance" dans les paniers sans surveillance), il y a le point de vue du citoyen, le plaisir de vivre dans une société de confiance.
C'est un point qui me tient à coeur, au delà du curseur de l'efficacité économique du plus ou moins d'Etat, plus ou moins de régulation. Vivre dans une société libre, une société de confiance procure une satisfaction, un plaisir particulier. C'est une chose qui me marque beaucoup à chaque fois que je vais aux Etats Unis, qui bien que sur la mauvaise pente, garde un certain retard sur nous en terme de sape progressive de la responsabilité et de la confiance dans la société. Les exemples sont peut être futiles, mais ils sont légions, et ça change vraiment la perception que l'on a, le plaisir que l'on a dans l'échange social : vous arrivez dans un camping reculé, au bord d'un lac magnifique, et constatez qu'il n'y a qu'une boite au lettre surmonté d'un panneau annonçant les prix, quelques formulaires et des enveloppes (à vous de glisser l'argent dans l'enveloppe en fonction de la durée de votre séjour, et de glisser le tout dans la boite). Quand vous allez au Walmart, le supermarché discount américain, la première chose qui vous frappe, c'est qu'une partie des produits, et notamment des promotions, se trouve AVANT les caisses, comme à l'extérieur du magasin. Vous vous servez, rentrez dans le magasin pour ressortir en passant par les caisses pour régler. Quand je vais au Géant à côté de chez moi, un vigil doit mettre mon sac sous blister : croyez moi, c'est pas la même ambiance. Retour au Walmart, vous passez en caisse, un produit (un vêtement par exemple), n'a pas d'étiquette. Aussitôt la caissière vous demande "vous vous rappelez combien cela coutait ?". Vous donnez un prix, elle le saisit et c'est fini. Ce n'est pas simplement qu'elle vous fasse confiance qui me séduit, c'est le simple fait qu'elle puisse le faire : en France, même au Franprix à côté de chez moi, si une caissière fait une erreur sur sa caisse, elle doit appeler le responsable dont seule la clef peut autoriser la caisse à corriger l'erreur, alors je vous dis pas saisir un prix arbitraire pour un article non étiqueté. Je pourrais multiplier les exemples à l'infini : l'hotel qui dispose d'un mini-mart sans caissier qui fonctionne à l'honor system (vous payez vous même en déposant l'argent correspondant aux achats dans une fente). Les cabines téléphoniques où pour les appels longue distance vous réglez après la fin de l'appel, une fois que l'opératrice vous aura rappelé pour vous indiquer le coût final de l'appel. Etc etc etc ...
Ce sont des restes culturels de la société libérale que furent les Etats Unis. Mais ces pratiques ont tendance à disparaitre, avec la progression de l'Etat Providence, de la mentalité d'assisté, de la perte de responsabilité, du caractère de plus en plus diffus du sens de la propriété. Une société libre est une société de confiance, et une société de confiance est une société de confort. L'Etat régalien peut créer les conditions de la confiance, L'Etat Providence sape invariablement le sens de la responsabilité qui fonde cette confiance.
Rédigé par : ST | mardi 18 mai 2010 à 10h31
Bonjour ST,
Ou les clés laissées sous le paillasson :)
Popper parle, pour ce qui est de l'Etat, de "rasoir du libéralisme" ( en référence au principe d'Occam).
Rédigé par : Leila | mardi 18 mai 2010 à 11h59
Une femme qui congèle trois bébés est une victime. Une victime d'elle-même, mais une victime quand même. Elle s'en tire et sort de prison après trois ans et sept mois de réclusion.
D'un autre côté un homme ou une femme qui allume son téléviseur, qui utilise son automobile et qui achète des produits avec un emballage plastique est coupable. Coupable de crime contre l'environnement et de crime contre les générations futures. C'est un prédateur.
Dans le discours ambiant, et en particulier dans les journaux télévisés, le discours acusatoire est dirigé contre les gens honnêtes et détourné des vrais prédateurs.
Pendant ce temps là, un gendarme fait son chemin dans chacune de nos maisons. La différence et la nouveauté, par rapport à l'état policier, c'est que ce gendarme a huit ou dix ans, et qu'il n'est pas là pour faire régner la aix et l'ordre dans la maison, mais qu'il se donne pour rôle d'éteindre les lumières dès que vous quitter la piece une seconde et de vous réprimender si vous avez eu le malheur de laisser l'écran de télévision en mode veille.
Grâce à l'éducation nationale, il ne sera probablement pas bon en maths ni en français, mais il saura que ses parents sont des criminels.
Rédigé par : VL | mardi 18 mai 2010 à 12h07
Bon article, mais dans votre préambule, vous dites :
"D'après les bagels du bon M. Feldman, il y a dans chaque groupe une moyenne de 10 à 13% de malhonnêtes congénitaux"
Mais vous admettez précédemment dans l'article que plus l'espérance de gain est élevée, plus grande sera la proportion de gens adoptant une conduite malhonnête. Dans ce cas le chiffre de 12% correspond effectivement aux malhonnêtes "irréductibles", mais si le gain était autrement moins insignifiant voir très important (et la probabilité de se faire prendre faible), ne resterait peut être plus qu'une minorité de gens moralement irréprochables... Peut être que c'est ce que vous vouliez dire et c'est moi qui digresse inutilement.
Ajoutez à ça qu'on peut avoir le cas où on vole/triche sans remords si les montants sont faibles et donc que l'acte est perçu comme peu grave et inversement on rechigne à taper dans de plus gros montants parce que ça ferait vraiment de nous un malfrat... enfin c'est sans importance pour le propos mais vous voyez l'idée.
Rédigé par : Mr T | mardi 18 mai 2010 à 16h07
Un exposé lumineux et passionant
Rédigé par : Emmanuel M | mardi 18 mai 2010 à 17h11
De façon générale, l'identification du tryptique :
Producteur/Prédateur/Rentier est fondamentale.
Après il y a des hybrides. Le RMIste "par choix" est-il rentier ou prédateur ? La femme de l'agriculteur est elle productrice ou rentière ? Le flic honnête est il producteur ou prédateur ?
Le problème étant que notre état est dirigé par des prédateurs, et que la social-bourgeoisie (je reprends vos termes pour les socdems) impose progressivement le refus de la sanction pour protéger les prédateurs de la régulation.
Je rejoins VL plus haut lorsqu'il mentionne l'affaire des bébés congelés, totalement emblématique du refus du concept de sanction pour des comprotements de prédations.
La sanction existe pour des fautes socialement réprouvées (rouler en 4x4, délocaliser, tenir des discours négationnistes ou être pédophile) indépendamment du caractère prédateur (parfois réel) des actes concernés.
Ce qui m'inquiète, c'est que je ne vois guère d'issue à cette situation qui ne soit violente
Rédigé par : Emmanuel M | mardi 18 mai 2010 à 17h46
La comprehension des principes économiques fondamentaux par une partie importante du publique est la clé. C'est pourquoi des blogs comme celui là sont si importants.
Quand le mythe de l'expoitation du travail s'évanouira,
quand les délocalisation et l'outsourcing seront acceptés,
quand on comprendra que prendre aux riches capitalistes, c'est prendre dans le fond qui alimente les salaires, et qui fait monter les salaires réel, que donc la seule façon durable de faire monter les salaires réels est l'accummulation de capital,
quand les journalistes cesseront de penser que le seul lien qui existe entre nos vie et l'industrie pétrolière, c'est une occasionelle tâche de mazout sur une plage,
Amen
Comme Emmanuel M je suis pessimiste
Quand ils sont exposés clairement(comme sur ce blog), les principes économiques sont simples à comprendre. Mais pourtant les keynesiens et les marxistes sont majoritaire dans la profession économique. Ce qui laisse à penser que la cause profonde de l'abysse devant lequel nous nous penchons est le déni de réalité de l'ensemble de la classe intelectuelle.
Rédigé par : VL | mardi 18 mai 2010 à 18h42
IL faut un état plus simple, tout est bcp trop compliqué depuis les théories fumeuses apparues de la bouche des démagogues dans les années 70.
Rédigé par : Nam | mercredi 19 mai 2010 à 00h38
Monsieur le Président,
Ton "papier" est tout simplement remarquable. Quant aux voleurs de bagel, le problème est que ce ne seront pas tous les jours les mêmes. Un coup tu paies, le lendemain pas; je ne suis pas certain que les "pourris naturels" qui ne payent jamais sont majoritaires. Ce matin, tu es pressé, pas de change sur toi, tu meurs de faim, tu prends un bagel et te promets de revenir plus tard le payer. Tu oublies... Voleur ! C'est le défi de la régulation de devoir s'appliquer à tous, et non aux seuls prédateurs systématiques (le cas en réalité le plus facile : un type qui viole tous les jours est plus facile à repérer que celui qui peut éventuellement certains soirs de "fête" se montrer un peu trop entreprenant).
Quoiqu'il en soit, il existe donc deux réalités : la régulation, et son contrôle.
Quant à la première, en dehors de l'imbécile heureux qui se figure que l'alternative est entre la self-regulation et le seuls actes administratifs arbitraires des "hommes de l'Etat", tout le monde a compris que le véritable enjeu est de savoir doser la part de droit commun, de loi spécifique, de self-governance et codes de bonne conduite (très légitimes et souvent efficaces !), de régulations contractuelles, etc. Sur l'adaptation du droit commun à l'évolution des réalités financières, laissons faire les juges; ils sont aujourd'hui comme de toute éternité, ontologiquement les mieux placés - parce que les mieux informés concrètement - pour ce faire. Quant aux autres modes de régulation, il y a d'abord un formidable défi intellectuel; par exemple : concevoir un dispositif qui, d'une part évite la naissance de nouveaux too big to fail (TBTF), d'autre part soit à même d'éliminer progressivement les TBTF existants. Tout cela alors que de nombreux intervenants - notamment au sein de l'appareil public - ont tout intérêt à ce que ces TBTF se maintiennent. C'est sur ce terrain qu'on nous attend comme intellectuels libéraux, à peine de laisser consacrer des dispositifs monstrueusement arbitraires du type de ce qui qui fait actuellement l'objet d'un examen via amendement devant le Congrès US : la possibilité pour le gouvernement de "casser" une banque ad nutum !
Quant à son contrôle et à la sanction je crois, comme toi semble-t-il, que c'est un problème au moins aussi important que le précédent, certainement en Europe. Le Pacte de stabilité en est un merveilleux exemple. On peut discuter à l'infini de savoir s'il était légitime, intelligent, suffisamment souple ou quoi que ce soit, le fait est que ce Pacte était la REGLE que s'étaient donnée les Etats membres, qui s'empressèrent ensuite de la piétiner constamment, à commencer, on l'oublie, par l'Allemagne (avec la circonstance atténuante de l'absorption de la RDA), et la France (sans excuse). Or il est bien clair qu'indépendamment de ses mérites, une règle dont la violation n'est pas sanctionnée n'existe pas. L'idée de consensus est respectable et nécessaire dans le contexte d'une coopération (on hésite à écrire encore construction !) européenne qui toujours doit ménager les susceptibilités de ces magni homines schmittiens que sont les Etats; mais cette noble idée à trop longtemps servi de paravent à la lâcheté des dirigeants européens.
Pour terminer sur une note plus biblique, je pense comme toi qu'il est hautement souhaitable que les dirigeants d'organismes privés prédateurs, not. américains, rendent des comptes devant la justice. Je serais peut-être moins pessimiste que toi sur ce point, car n'oublions pas le ferment dominant de la Weltanschauung américaine, qui est et reste la démocratie, donc l'idée que nul n'est à l'abri des lois. Avec les garanties procédurales de la justice américaine, qui sont réelles, la probabilité est grande qu'on saura éviter le hideux esprit de lynchage.
Bref, merci pour cette excellente contribution qui incite à réfléchir.
C'est grand honneur de servir dans la guerre des idées sous ta bannière ;-)
Drieu
Rédigé par : Drieu | mercredi 19 mai 2010 à 07h31
Notre ami devient subitement beaucoup moins brillant lorsqu'il s'aventure sur le terrain de la philisophie politique. L'état n'est pas un mal nécessaire, il est un mal inutile. Les libéraux classiques et les minarchistes ne sont pas capables d'appréhender un monde sans état. Il faut avouer que la chose n'est pas aisé. Mais il ne fait pas l'ombre d'un doute que dans quelques siècles on se posera la question de savoir comment nous avons pu être autant esclave de la république pseudo démocratique. La solution passe par une implosion (peut être très proche) de l'état sur un vaste territoire pour revenir à des entités régionales. Ensuite la question de la protection territoriale est fondamentale. Les libertariens appliquent avant toute chose l'axiome de non agression, ce qui est loin d'être le cas des autres courants politiques. Dès lors comme le disait Rothbard, il faut être en mesure de mener une gérilla sans merci à l'agresseur pour le dissuader lui et éventuellement les autres de recommencer. Dans le domaine de la sécurité, comme partout ailleurs, le secteur privé concurentiel apporte de bien meilleurs garanties que le monopole étatique. Hayek a mis 70 ans à comprendre que la justice sociale était un mirage, les libéraux classiques mettront beaucoup moins de temps que lui à ouvrir les yeux sur l'absurdité du concept étatique au regard de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Rédigé par : PaGo4 | mercredi 19 mai 2010 à 10h06
Article intéressant, mais pas forcément très convaincant sur le rôle indispensable de l'état sur les indispensables tâches régaliennes.
Je me tape Tocqueville et sa Démocratie en Amérique écrite en 1830 et des brouettes, dans laquelle il analyse qu'une Démocratie prospère et protectrice des droits inaliénables de l'homme (notamment de la propriété) n'a pu voir le jour aux USA que sur la base d'une société civile dont les moeurs étaient adaptées : rôle prégnant des communes comme autant de socles démocratiques locaux ; société civile partie prenante de cette démocratie ; Etat fédéral qui est "apparu" sur cette base comme un outil de gouvernance aux prérogatives très limitées et contrôlées ; religion protestante "égalisatrice" : chacun est égal devant Dieu...
Bref, il observe assez finement que si la solution est sans doute libérale, il n'y a pas qu'une solution libérale pour tous les contextes ; mais qu'il faut par contre s'inspirer de "l'esprit libéral" qui prévaut à l'établissement d'une démocratie satisfaisante.
Cependant, à l'examen des faits, on observe qu'intrinsèquement, l'Etat dans la démocratie a une fâcheuse tendance à élargir ses prérogatives plutôt qu'à les limiter, faute de contrepoids.
Les sociétés humaines espèrent souvent l'homme ou la solution providentielle à leurs misères, deux choses qui font écho aux rémanences constructivistes qui font fantasmer tout homme d'état (para-)normalement constitué.
Tout ça pour dire que si je suis d'accord avec le constat de base, la solution prônée ressemble un peu à un yakafaucon désabusé ; et je ne vois pas trop comment lui donner voix au chapitre dans nos sociétés étatisées jusqu'à la moëlle.
D'ailleurs, j'observe que les états aujourd'hui les plus libéraux sont ou jeunes, et/ou petits, et/ou sortant d'un système politique traumatisant (post-communistes...). Il y bien les mini-contre-exemples de l'Allemagne très récente (faut le dire vite) ou des USA jusqu'en 1900 peu ou prou (sur leur lancée d'alors), mais bon.
Allez, pour conclure ces réflexions un brin décousues, un chiffre amusant :
Boston en 1830 est une ville paisible avec 24 policiers pour 61000 habitants...
Rédigé par : BastOoN | mercredi 19 mai 2010 à 10h38
Pour comparaison, en France, on a aujourd'hui à peu près un flic pour 220 habitants.
En faisant des recherches sur le sujet, j'ai appris qu'initialement, la gendarmerie portait le doux nom de conne établie, pardon de connétablie (placée qu'elle était sous les ordres du Connétable de France), avant de devenir la maréchaussée et donc la gendarmerie !
Rédigé par : BastOoN | mercredi 19 mai 2010 à 11h10
M. PaGo4 : est-ce que le ton doctrinaire/péremptoire est un tic commun à tous les libertariens ou un qui vous est propre ? Simple curiosité.
Rédigé par : Mr T | mercredi 19 mai 2010 à 14h01
C'est un fait que l'on pet se demander si les banques laissent une chance au "grand méchant état" d'exister encore. Plus sérieusement est-ce que des procureurs élus (à la mode américaine) ne ferait pas du meilleur boulot que nos élites consanguines. Je reconnais d'avance que c'est aux antipodes des traditions française et que ces élections devraient bénéficier d'une surveillance poussée à la paranoïa pour assurer l'indépendance de ces structures.
Rédigé par : Bernique | mercredi 19 mai 2010 à 16h38
1) Je ne me permets pas de parler au nom de tous les libertariens
2) Il faut simplement constater à quel moment de sa vie Hayek a rédigé son ouvrage (remarquable par ailleurs) sur le mirage de la justice sociale.
3) Sans polémiquer sur l'incontestable supériorité des anarcho capitalistes par rapport aux autres libéraux sur le terrain des concepts normatifs en philosophie politique, l'auteur qui est un très bon économiste, nous propose des solutions étatiques minarchistes alors que l'état est en train de faire faillite à tous les niveaux et plus encore pour ce qui concerne ses domaines régaliens. Etrange. Maintenant je tiens à m'excuser si mes propos peuvent paraître péremptoires.
Rédigé par : PaGo4 | mercredi 19 mai 2010 à 16h42
@BastOon et PagGo4
En effet ne rentrons pas dans des polémiques sur le ton des uns et des autres, et à l'inverse, essayons en effet de ne pas choquer gratuitement ceux dont les idées sont nettement plus proches des notres que la grande majorité de nos concitoyens.
Pour ma part, ceux qui me lisent ici savent que bien que me tenant dans la sphère libérale minarchiste qui donne encore sa place à l'Etat, mes penchant libertariens sont visibles et réels et m'inclinent à un respect tout particulier pour leurs idées.
Pour revenir sur la dernière réflexion de PaGo4 :
> l'auteur qui est un très bon économiste, nous
> propose des solutions étatiques minarchistes
> alors que l'état est en train de faire faillite
> à tous les niveaux et plus encore pour ce qui
> concerne ses domaines régaliens. Etrange.
En fait, pas si étrange que ça si l'on considère que justement c'est l'avancée de l'Etat dans le domaine de la justice sociale, l'Etat Providence, qui conduit à la fios simultanément à la faillite financière ET à l'abandon progressif des domaines régaliens. C'est en effet quelque peu paradoxal mais tout à fait explicable : plus l'Etat accapare de nouvelles fonctions hors du champs minimal des fonctions régaliennes, plus il grossit, et plus l'attente et la dépendance créées par ces nouveaux attributs le contraignent à quitter l'exercice plein et entier des fonctions régaliennes. Quand il n'y a plus d'argent, c'est d'abord sur les fonctions régaliennes qu'on fait des économies (la justice par exemple), car il n'y a pas de clientèle bien défini à satisfaire dans ce domaine qui touche tout le monde. Il a aussi une raison idélologique à cela : quand on cultive la notion de droits sociaux, on doit mettre en place des mesures injustes pour pourvoir à ces nouveaux droits (on doit attenter à la liberté et la propriété d'autrui pour transférer la richesse promise). Il est logique qu'on détruise ainsi peu à peu l'importance de ces valeurs fondamentales dans l'esprit des gens, et comme la fonction de l'Etat régalien est est de défendre ces valeurs, ces principes (propriété, justice ...), il n'est pas absurdes qu'on limite petit à petit ces fonctions.
Donc, il n'est pas contradictoire de vouloir le renouveau de l'Etat régalien dans un contexte de faillite de l'Etat. C'est justement en mettant à bas l'Etat Providence, en diminuant drastiquement la place de l'Etat dans la société, qu'on réanimera l'Etat régalien dans ses tâches ô combien essentielles de défense de la liberté, de la propriété et de la justice.
Rédigé par : ST | mercredi 19 mai 2010 à 17h02
@ Anarcaps
J'ai quelques problèmes pratiques avec l'anarcapie:
¨Problème 1"
Monsieur A a un contrat avec la police PA et la justice JA.
Monsieur B a un contrat avec la police PB et la justice JB.
Dans le litige entre A et B, litige non contractuel (exemple: un conflit de voisinage), JA et JB appliquent une norme de droit différente. PA et PB n'acceptent que la norme de droit de JA et JB, respectivement.
Il n'y a aucune autorité supérieure pour trancher.
A refuse les arguments de JB, B refuse les arguments de JA.
"Vous avez violé ma propriété - le droit JA est formel"
"Non. Le droit JB est d'une clarté cristalline. Et de toute façon, je ne reconnais ni PA ni JA. Et d'ailleurs je t'emmerde."
(...)
Sans autorité supérieure, le litige est inréglable, et A et B finissent par se battre en duel.
D'ou l'autorité supérieure tirera sa légitimité ? Soit de la force (féodalité, dictature), c'est à dire que par exemple PA décide de devenir "le seigneur" et élimine la concurrence de PB par la force.
Soit de la démocratie, qqs ses imperfections. Et même si on admet qu'il s'agit d'un pouvoir Local, il s'agit bel et bien d'un pouvoir PUBLIC.
D'ou l'autorité supérieure tirera-t-elle sa force ? Soit de sa taille, soit de son habileté politique. Dans le premier cas, la course à la taille critique créée au fil de l'histoire des regroupements d'entités locales qui finissent par constituer une entité "France". Dans le second cas, les princes de monaco et d'andorre ont vraiment été très forts, mais c'est uniquement l'intérêt bien compris de ses voisins qui les a empêchés de prononcer une annexion pure et simple à un moment donné, et certainement pas la peeeuuuur que l'armée monégasque inspirait à Louis XIV ou Bonaparte.
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Un "anarcap" repenti m'a dit un jour: "le problème, dans une société anar-cap, est qu'il y aura toujours un détenteur de force contractuelle qui un jour dira "maintenant, l'état, c'est moi" et qui écrasera toute vélléité de résistance, dans le sang s'il le faut. La construction anar-cap est par nature instable."
Les réfutations de ce lemme par les anarcaps m'ont toujours paru d'une insigne faiblesse et totalement en déni de réalité sur la diversité de la nature humaine et de sa fraction importante naturellement réfractaire au respect d'autrui.
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"Les libertariens appliquent avant toute chose l'axiome de non agression" - d'une part, vous n'en avez pas le monopole, mais surtout: Et si le voisin du libertarien n'en a rien à faire ?
Problème 2 : la france est devenu un paradis libertarien. Chaque village a des citoyens armés, et auto-défendus. Tout ce petit monde s'ébaudrille joyeusement avec une organisation 100% privée, youkaidi, youkaida.
Mais dans la perfide allemagne voisine, un certain Adolf-Vladimir-joseph Histaliner Prend le pouvoir et transforme son pays en machine de guerre destinée à élargir le Lebensraum et promouvoir le paradis socialiste.
Sera-t-il dissuadé par nos villageois et leurs fusils ? Non, rien ne dissuade un adolf H. Et ne me parlez pas de la suisse en 39-45 : son service militaire n'y est en rien libéral, son armée est on ne peut plus publique, même si les racines de l'état sont bottom up et très préférables aux notres. Sans parler des montagnes et de l'intérêt stratégique assez moyen.
Certes, en 40, la ligne maginot ne l'a pas découragé non plus. et l'état français n'a pas été d'une efficacité de premier ordre pour nous défendre. Je ne dis pas que l'état est parfait, très loin de là. Mais la solution libertarienne ne résout en rien le problème.
Et puis pour nous sortir du merdier, l'état Américain a eu une certaine d'utilité aussi...
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Problème 3 :
Je suis socialiste. Je veux discréditer les libéraux. Vais-je m'attaquer à un minarchiste cohérent sur son terrain ou vais-je tenter d'amalgamer le libéralisme et l'utopie anar-cap en agitant à dessein l'épouvantail du renard libre dans le poulailler libre ?
Vous me direz que c'est une mauvaise raison, et je reconnais une certaine dose de mauvaise foi. Mais en politique comme ailleurs, le but est de vendre et d'élargir son marché, pas de se faire absolument plaisir.
Mais quand bien même je serai anar-cap, ce que je ne suis pas, si mon but est de tenter de semer des graines libérales dans des cervaux stérilisés à la socialine depuis la nuit des temps, je me ferai libéral classique pour avoir la plus petite chance de vendre mon discours, qui est déjà suffisamment "violent" et déstabilisant pour le non initié aux joutes rhétoriques entre Rothbardiens et Hayekiens.
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"Sans polémiquer sur l'incontestable supériorité des anarcho capitalistes par rapport aux autres libéraux sur le terrain des concepts normatifs en philosophie politique"
:-))
En admettant que ce soit vrai -sans polémiquer, ça me fait doucement marrer- et alors ? Combien de concepts parfaits sur le papier sont inapplicables dans le monde réel, parce que de toute façon, ils sont invendables à des humains qui ne saisissent pas la beauté de sa perfection ? Depuis quand la pureté idéologique est elle source de "supériorité" ?
je ne dénie pas quelque utilité au raisonnement libertarien à titre d'exercice intellectuel pour explorer de "nouveaux territoires" de solutions aux problèmes de notre temps. Mais c'est tout.
Tiens, sans polémiquer sur l'indiscutable supériorité des communistes sur les sociaux-dem sur le terrain des concepts normatifs en philosophie politique et en doctrine sociale...
Bon, j'arrête de persifler.
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24 policiers sur 61000 habitants : oui, mais publics ou privés ?
L'argument ne remet pas en cause le raisonnement tenu dans le post.
Et puis ça fait un flic pour 2500 hab, "que" 12 fois moins que la France d'aujourd'hui.
L'argument me parait plus aller dans le sens de l'état minimal - donc on est sur la même longueur d'ondes - que de l'état zéro.
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@ ST: on se comprend parfaitement. Tu veux pas reprendre ce blog ? Je fatigue.
(je déconne...)
Rédigé par : vincent | mercredi 19 mai 2010 à 23h34
@Vincent
Je rebondis sur le problème 2 que tu soulèves et qui ne me parait pas forcément le plus pertinent de la démonstration. La révolution américaine a opposé des "villageois et leurs fusils" à la plus grande et plus forte armée du monde à l'époque. Il n'y avait que des volontaires dans les forces révolutionnaires américaines, pour la plupart miliciens. Tu me diras que les choses ont changé avec l'importance de la technologie lourde dans la tactique militaire. Ce n'est pas totalement faux, mais autant je crois qu'on peut écraser un pays sous les bombes, autant je crois qu'on ne peut occuper durablement un pays contre la volonté de ses habitants s'ils sont décidés à résister.
Rédigé par : ST | jeudi 20 mai 2010 à 09h19
@Vincent
exposé passionnant, bravo !
Rédigé par : gordon | jeudi 20 mai 2010 à 12h36
Note 0/20, je ne peux pas en donner plus désoler...
Vous êtes un bon économiste mais il vous manque une connaissance (capital) pour être non pas un très bon, nie même un excellent, mais un excellentissime économiste.
C'est d'assimilé que AUCUNE loi de la nature ne peut-être détourné par une quelconque organisation humaine, c'est la SEUL chose qui différencie un anarpa d'une autre personne. Un minarchiste n'est pas cohérent par définition, le réalisme ne s'oppose pas à la cohérence intellectuel, ils sont indissociable, l'un ne va pas sans l'autre.
Une petite phrase de notre amis François Guillaumat qui lui a validé cette connaissance:
"Nous autres laissez-fairistes, nous fondons, en dernière analyse, nos convictions sur la logique la plus élémentaire et la plus évidente, et l'absurdité de l'étatisme nous apparaît chaque jour plus choquante : que dire d'autre d'un dogme qui postule essentiellement que la violence agressive peut produire de la valeur et créer de l'ordre quand ce sont les hommes de l'Etat qui s'y livrent ?"
Rédigé par : L'être Bil | mardi 25 mai 2010 à 13h13
> il vous manque une connaissance (capital) pour
> être non pas un très bon, nie même un excellent,
> mais un excellentissime
Il nous manque tous une chose. Vous par exemple, c'est la grammaire et l'orthographe.
OK. C'est un coup bas. Mais pas moins que mettre 0/20 sans nuancer votre jugement. Comme si pour vous un stalinien et un minarchiste finalement se valaient.
C'est dommage, car les arguments libertariens sont généralement forts intéressants, et constituent une critique fort appréciable du libéralisme classique. Mais assénés sans nuance, ils en perdent toute crédibilité. Et ça c'est vraiment dommage.
Rédigé par : ST | mardi 25 mai 2010 à 13h51
Je veux bien de mettre 0,5 pour la première partie de l'intro, mais le reste est or propos, car l'ensemble du texte méconnais la nature de l'État, on croit voir qu'il est de tel façon et on voudrais qu'il soit possible de le faire de tel autre façon, l'erreur analytique est monumental, l'État n'existe pas, les contradictions n'existe que dans notre esprit, l'anarchie originel n'a pas disparue, nul loi n'a été abolie.
Un stalinien et un minarchiste on en commun qu'il sont autoritaire, a un degré différent biensûr, donc non il ne se valent pas, mais tout deux soit appelez des Esclavagiste-absurdiste, vous souhaitez toujours nous maintenir dans un système d'exploitation de l'homme par l'homme
Oui, désolé pour les fautes, mais cela ne détruit jamais un raisonnement.
Nuance une vérité revient a dire 2+2=4 mais que se qui disent que c'est égale à 3,9 ou 4,1 on un peu raison, car le ciel est bleu et on est au printemps...
Rédigé par : L'être Bil | mardi 25 mai 2010 à 14h54