Pas le temps d'écrire du neuf ce soir, mais les dernières annonces gouvernementales de nouveaux déremboursements pour tenter d'écoper le déficit abyssal (21 milliards !) de notre sécu à la petite cuiller me font penser à vous rediriger vers cet ancien article satirique sur notre merveilleux symbole du modèle social français: "Santé, sécu et génie français". Extrait:
"Mais il est là, le génie Français ! Une assurance maladie qui n'assure plus la maladie ! Personne n'y avait pensé avant ! Voilà qui redonne à la France la place incontestée de leader de l'exploration des solutions politiques aux problèmes du monde, assurément ! L'assurance maladie qui n'assure pas est à la santé ce que l'art contemporain subventionné est à la culture: un aboutissement de la démarche déconstructive des vieux schémas intellectuels qui nous empêchent d'inventer le monde de demain"
Sans oublier un de mes préférés, "si la restauration était gérée comme la santé" - Extrait :
"L'état, soucieux de corriger cette inégalité devant le couvert, oblige alors les restaurants non pas à vous facturer directement le repas, mais à envoyer la note à une caisse centrale, qui, après l'avoir augmentée de 5% de frais de gestion, en prélève une quote-part proportionnelle à votre salaire sur votre feuille de paie, en la camouflant sous les sobriquets de CAG - contribution alimentation généralisée - et de charges patronales, vous laissant croire que « c'est votre patron qui paie ». L'illusion de gratuité étant totale, vous délaissez le sandwich et fréquentez deux fois par jour les restaurants, rebaptisés « établissements d'alimentation », l'ancien vocabulaire ayant une connotation par trop... ancien régime !"
Bonne lecture !
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Ce qui est affligeant, c'est que l'on dérembourse pour des questions d'économies (de bout de chandelle de surcroit), au lieu de faire des choix fondé sur la redéfinition du paradigme d'assurance maladie.
Que l'on arrête de rembourser le smecta n'est pas en soit choquant : jamais un médicament aussi peu cher, soignant des maux aussi bénin et courant que la diarrhée ne devrait rentrer dans le cadre d'une assurance dont le rôle devrait être de couvrir des RISQUES (et la diarrhée comme le rhume ne sont pas des risques). Ce qui est choquant, c'est qu'on en vienne à le dérembourser pour faire des économies de bout de chandelle, sans qu'on se pose la question de réformer le coeur du système. C'est exactement le même problème que pour les retraites : on dérembourse le smecta comme on repousse d'un an ou deux l'age légal.
Le problème numéro des système d'assurance santé, qu'ils soient public ou privé d'ailleurs, et comme le démontre bien le second extrait cité par Vincent, c'est le principe du tiers payeur, et l'illusion de la gratuité qu'il confère.
Rédigé par : ST | mercredi 29 septembre 2010 à 11h14
En complément de ce que je disais juste au dessus, je tombe sur cet article fort significatif de la dérive de compréhension qu'implique un système de tiers payeurs :
http://lci.tf1.fr/economie/conjoncture/2010-09/le-budget-sante-des-menages-creve-le-plafond-6080043.html
L'article indique que "Le budget santé des ménages s'est envolé de 50% entre 2001 et 2008". Ce qui est évidemment grotesque : c'est la part des dépenses de santé non remboursée par la sécurité sociale qui a augmenté dans ces proportions. On fait ici comme si les cotisations de sécurité sociale ne faisait pas parti du "budget santé des ménages", quand bien même elles en constituent l'essentiel !!!
D'ailleurs on lit un peu plus loin "Le désengagement de l'assurance maladie impute une part croissante du financement de la santé directement aux ménages" : parce que l'assurance maladie n'est pas financée par les ménages ????
Rédigé par : ST | mercredi 29 septembre 2010 à 18h01
> parce que l'assurance maladie n'est pas financée >par les ménages ????
Nuance : L'assurance maladie n'est pas financée uniformément par tous les ménages. Ce n'est pas comme l'assurance auto où celui qui paie cher sera remboursé, rubis sur l'ongle, de la moindre égratignure sur sa carrosserie mais celui qui a oublié de payer n'aura que les yeux pour pleurer s'il a planté son 4X4 BMW.
Donc vous voyez bien que le terme "assurance" est impropre à la couverture maladie et personnellement, je lui préfère l'ancienne dénomination de sécurité sociale.
> (on) dérembourse le smecta.
Je traduis: Le giuvernement Fillon dérembourse le smecta.
je ne vois pas ce qu'il y a de choquant à voir le gouvernement réduire les dépenses comme le ferait n'importe quel chef d'entreprise.
Cela étant, et sans minimiser les dépenses de médicaments, qui affectent très lourdement les dépenses de santé, le gouvernement n'est pas stupide et sait très bien que le plus gros des dépenses proviennnent du fonctionnement des hopitaux.
Concernant les dépenses de médicaments: toutes les études montrent que c'est la carte vitale qui est la cause de l'explosion de la dépense.
Aujourd'hui, vous repartez de la pharmacie avec vos boites de médicaments sans avoir à payer car toutes les opérations comptables entre les caisses (SS et mutuelles) sont informatisées.
Cette impression de gratuité "pousse" à la consommation.
Auparavant il fallait payer, en avançant de la trésorerie, puis faire une démarche de remboursement et attendre plusieurs semaines pour encaisser le remboursement.
Un chef d'entreprise me disait avoir constaté le même problème dans une entreprise pour les frais de repas des cadres.Lorsque ceux-ci avançaient l'argent et rapportaient leurs factures, les dépenses étaient mieux controlées mais le jour où pour simplifier, on a donné une carte de paiement (débité direct sur le compte de l'entreprise) les frais de repas ont explosé.
C'est bien les défauts de chaque individu qui sont en cause, pas l'état ni le gouvernement !
Ainsi, quand vous proclamez: il faut responsabiliser l'individu ! cela me laisse assez sceptique.
Conernant l'hopital,nous sommes d'accord, il y a un vrai scandale.
Il n'est pas normal que le prix de revient d'un même traitement thérapeutique varie du simple au double entre l'hopital public ou une clinique privée.
A l'hopital public les personnels ont bénéficié au cours des dernières decennies, de trop d'acquis sociaux et statutaires qui ont fait exploser les coûts et la compétitivité des établissements.
Il suffit d'aller dans une clinique privée pour voir que les taches les moins qualifiés sont confiés principalkement à de la main-d'oeuvre d'origine étrangère, car les personnels médicaux traditionnels refusent les salaires et les conditions de travail et cherchent à se faire embaucher dans le secteur public hospitalier.
Tant qu'on aura pas résolu cette situation de crise et de disparités ,on ne pourra juguler les dépenses de maladie.
Mais pour cela, vous le savez très bien, il faut réformer en tapant très fort, sans craindre "la rue".
Rédigé par : maurice b. | jeudi 30 septembre 2010 à 10h15
@maurice b.
> Nuance : L'assurance maladie n'est pas
> financée uniformément par tous les ménages.
Certes, mais l'article parle clairement du coût de la santé pour l'ensemble des ménages : laisser penser que ce coût se limite aux 4 boites d'aspirines non remboursé est débile.
> je ne vois pas ce qu'il y a de choquant à voir
> le gouvernement réduire les dépenses comme
> le ferait n'importe quel chef d'entreprise.
D'abord, il ne réduit pas les dépenses, il réduit les remboursements. Ce n'est pas pareil. Ensuite, ce qu'il y a de choquant, c'est la capacité continuelle du gouvernement à s'attaquer à un problème à 40 milliards, par des programmes d'économie de 2 milliards. C'est pareil pour le budget 2011 et la soit disante austérité. Que les actions soient à la mesure des déficits, et on en reparle.
Rédigé par : ST | jeudi 30 septembre 2010 à 13h18