Les collyres modernes ayant accompli une sorte de miracle sur ma vue, j'ai pu continuer ma couverture du scandale des saisies immobilières aux USA, que personne ne semble vouloir nommer "foreclosure-gate", dommage.
Et heureusement que la médecine s'est occupée de mon regard, car à chaque nouvelle révélation, j'en prends plein les yeux. Dans cette livraison, donc, nous passons de la négligence à de graves soupçons de fraude massive :
- Une société de services fournissait aux banques pour une trentaine de dollars des attestations de transfert de créances antidatées, d'authentiques faux en écriture, si je puis dire. De nombreuses banques étaient ses clientes...
- Des analystes font remarquer que si les créances n'étaient pas transmises correctement, ce n'était peut être pas que par négligence, mais parce que les créances ainsi "refourguées" aux Mortgage Backed Securities ne respectaient pas les chartes internes d'octroi responsable de prêts des banques...
- Les demandes de moratoires sur les expulsions se répandent à de nouveaux grands états.
- Le comportement au mieux très négligent, au pire frauduleux, des banques et MBS pourrait avoir, entre autres répercussions, de lourdes conséquences... fiscales, qui achèveraient de flouer les épargnants.
- Des détenteurs d'obligations émises par les MBS lancent une première Class Action dans le Kentucky contre une dizaines de sociétés financières et parafinancières.
- La grande presse, la télévision, et Good Morning America reprennent l'info
>> Lire les détails (ahurissants) sur Objectif Eco !
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En ce moment les cygnes noirs volent en formation serrés. Cette crise est vraiment pleine de surprises « inattendues ».
Rédigé par : JB7756 | mardi 05 octobre 2010 à 11h11
Ca s'est ce qui arrive quand les "affreux régulateurs staliniens" s'estiment infondés à surveiller les agissement de "gentils ultra-libéraux" à la place de la "main invisible" du "saint libre marché infaillible".
Rédigé par : Bernique | mardi 05 octobre 2010 à 12h17
@Bernique
Non, c'est l'inverse. Ici, on parle de fraude. Et la fraude est combattue et sanctionnée par la Justice, devant un tribunal. La régulation et les régulateurs, noient les agents économiques dans une jungle réglementaire qui fait perdre de vue la confiance, l'honnêteté, etc... C'est la régulation à outrance qui a créé les conditions de ces fraudes. C'est à la Justice de régler le problème, et à la dérégulation qui conduira à une re-responsabilisation des agents économiques et sociaux de s'assurer qu'il ne se reproduise plus.
@Vincent
Excellent le coup de l'outsourcing de faux en écriture.
Rédigé par : ST | mardi 05 octobre 2010 à 13h17
En tout cas je peut vous dire que le jour ou vous supprimez la "jungle réglementaire" je transforme immédiatement ma monnaie fiduciaire en actif tangible (idéalement de l'or et à défaut des métaux rares). Je peux vous assurer que quel que soit l'état de la réglementation il faudrait avoir la volonté de la faire appliquer. Les premières alertes sur la fraude aux subprimes dateraient de 2004 quand-même. Ceci pour dire que si le système est très imparfait il est indispensable compte tenu de l'honnêteté très relative des financiers et de l'assymétrie absolue d'information entre vos "acteurs économiques (et pas en faveur de l'honnête épargnant).
Rédigé par : Bernique | mardi 05 octobre 2010 à 19h15
@ Bernique
Ben justement les libéraux sont contre le système de banques centrales et pour les monnaies métalliques, idéalement un système de banques et monnaies libres (sachant qu'historiquement lorsque le marché monétaire a été libre, ce fut l'or (et l'argent) que les gens, c'est-à-dire le marché, ont choisi).
Et nous sommes bien d'accord pour dire que le système doit être changé... Car il est profondément anti-libéral.
Rédigé par : Mateo | mardi 05 octobre 2010 à 20h56
@ Bernique: La qualité d'un système législatif se peut grossièrement se résumer à une fonction de deux paramètres :
- La qualité de la règle applicable
- La qualité du régulateur.
Le problème est que ces deux paramètres ne sont pas totalement indépendants.
l'état US, en quittant son rôle de pur régulateur pour faire du constructivisme économique et social (Fannie-Freddie, CRA, quotas de prêts subprimes etc...) a créé de mauvaises régulations, lesquelles ont créé leur propre faisceau d'incitations au déconnage et au contournement.
Si vous me lisez depuis un certain temps, ce qui je crois est le cas, vous savez que je pense qu'une régulation forte suppose:
- Des lois simples pour ne pas dire basiques, voire quasi "bibliques".
- Un état totalement en retrait des questions économiques et sociales de façon à ce que sa volonté de refaire le monde n'interfère pas avec son role de régulateur.
Le libéralisme, ce n'est pas la jungle dé-réglementée, c'est le gardien des poules qui se contente de règles simples lui permettant de savoir quand tirer sur les renards, sans essayer de bâtir un "renard nouveau" ni de pactiser avec lui.
Rédigé par : vincent | mardi 05 octobre 2010 à 22h03
@JB: "En ce moment les cygnes noirs volent en formation serrés" - Excellente métaphore !
Rédigé par : vincent | mardi 05 octobre 2010 à 22h26
Mais je suis tout à fait pour un système simple de produits financiers assorti d'une nomenclature d'appellations contrôlées pour éviter les dénominations trompeuses genre CDO qui ou ne disent rien ou même induisent en erreur. Cependant, je ne suis pas sur que la réglementation ne soit pas condamnée à courir derrière l'inventivité des gros acteurs de la finance que l'on a laissé se concentrer de manière tout à fait excessive.
Sinon le "forclosure-gate" est plus largement englobé sous l'expression Mortgage Meltdown Mess (Débâcle des prêts immobiliers). Un exemple à : www.zerohedge.com/article/foreclosure-mess-mbs-hate-triangle-emerges-junior-versus-senior-bondholders-versus-servicers. Désolé, c'est en anglais mais très instructif de la manière ou "l'industrie" complexifie les produit pour endormir le "client".
Rédigé par : Bernique | mercredi 06 octobre 2010 à 10h14
@Bernique
> je ne suis pas sur que la réglementation ne
> soit pas condamnée à courir derrière
> l'inventivité des gros acteurs de la finance
Absolument, et c'est pour ça que la réglementation n'est pas la meilleure des idées. Des lois simples, claires, interprétables par les tribunaux sur la fois de principes eux mêmes simples et clairs seraient autrement plus efficaces.
> la manière ou "l'industrie" complexifie
> les produit pour endormir le "client"
Exactement. Et la réglementation endors les clients de la même manière. Votre proposition de nomenclature, par exemple, c'est typiquement le genre de chose qui endors les acheteurs : c'est une "mvnbzo", noté AAA par l'agence de notation "officielle", donc je me pose pas de question, et je regarde pas ce qu'il y a dedans. Et de toute façon j'investis via un compte qui a la garantie de la FDIC etc etc ... Tout cela retire le facteur confiance : on fait confiance au système, à la réglementation, alors que c'est au produit qu'on devrait s'attacher à faire confiance, ou pas. Aucun investissement ne devrait être garantis : si chacun devait assumer seul son risque, les gens seraient plus regardant, et les agences de notations privées qui les aideraient dans ces choix seraient plus sévère car payé pour être sélective (l'inverse de maintenant).
Rédigé par : ST | jeudi 07 octobre 2010 à 10h14