Le Foreclosuregate prend des proportions incroyables outre Atlantique, forçant le président Obama a opposer son veto sur une législation (code HR3808) votée en catimini par la chambre puis le sénat visant à légaliser les actes notariés du MERS sur tout le territoire, ce qui aurait constitué un début de "bailout furtif".
En complément de mes précédents articles, un tour des meilleurs articles de la presse anglophone (la presse française est sur ce coup indigente)
-------------
En Français
Challenges: "la polémique enfle" - superficiel, "totally misses the point" - représentatif de la presse française.
Une vingtaines d'articles du même tonneau: "les banques américaines suspendent leurs saisies à cause d'irrégularités". Circulez, y a rien à voir. Même BFM n'a pas saisi l'importance de l'affaire.
Rappel : Objectif Eco, la seule véritable synthèse française du Foreclosuregate.
-------------
En Anglais
Beaucoup d'articles informatifs ou analytiques de grande qualité par des chroniqueurs de talent.
Breaking news: Bank Of America suspend ses procédures sur tout le territoire
Quand le procureur de Pennsylvanie invite les familles expulsées à se porter partie civile
New york times: le Foreclosuregate commence à retarder des ventes immobilières
Et une class action co contre MERS et un gros foreclosure mill de Floride, une...
Le retard dans les liquidations va transférer la peine financière des détenteurs de bons junior vers les détenteurs de bons sénior et autres considérations de technique financière, par le Wall Street Journal.
Market watch: la guerre entre familles et banques ne fait que commencer
Barry Ritholtz : la crise des faillites révèle une grave crise structurelle du droit
Le Washington Post: "c'est potentiellement beaucoup plus grave qu'une simple affaire de papiers falsifiés"
Mish Shedlock: considérations variées sur le scandale (excellente synthèse) - La SEC a totalement failli dans le rôle de régulateur que le législateur lui avait pourtant assigné - Et notemment ce passage:
Someone is sure to blame this mess on the "free market". Nothing could possibly be further from the truth. The Fed's loose monetary policies were the great enabler in this scheme. The mere existence of the Fed, Fannie Mae, Freddie Mac, and the FHA run counter to free market philosophies.
Note too, that the big three rating agencies (Moodys, Fitch, S&P) were sponsored by the SEC. Please see Time To Break Up The Credit Rating Cartel for details.
Regulators in Bed with Industries they are Supposed to Regulate
Finally, and as I have pointed out on many occasions, the one legitimate function of government is to protect civil rights and property rights, with everyone treated equally under the law. Regulation designed to prevent fraud, does just that.
However, and as is typically the case, regulators get into bed with those they are supposed to regulate.
How does this happen? Look no further than the appointment process itself. How many key players in the Bush and Obama administrations have ties to Goldman Sachs and JPMorgan? How many have other ties to Wall Street and other large banks?
Le sénateur Grayson évoque un "risque systémique" et demande la saisine de la commission ad hoc créée par la loi Dodd-Franck
Felix Salmon, Reuters: Un chaos législatif et financier inimaginable
Gretchen Morgenson : Les agences de notation ont DELIBEREMENT ignoré dès 2006 des avertissements étayés sur le caractère foireux des prêts alimentant les MBS - Article paru le 27 septembre, Je l'avais raté, celui là...
Mr. Johnson said he took this data to officials at Standard & Poor’s, Fitch Ratings and to the executive team at Moody’s Investors Service.
“We went to the ratings agencies and said, ‘Wouldn’t this information be great for you to have as you assign tranche levels of risk?’ ” Mr. Johnson testified last week. But none of the agencies took him up on his offer, he said, indicating that it was against their business interests to be too critical of Wall Street.
Felix Salmon:Goldman, Citigroup, Deutsche Bank, UBS, Merrill Lynch, Bear Stearns et Morgan Stanley pourraient être poursuivis pour informations mensongères sur la qualité des prêts alimentant leurs RMBS...
Interview de Janet Tavakoli :"La plus grande fraude de l'histoire des marchés financiers" - extrait remarquable:
Wapo: Given that our financial system is still fragile, isn’t that a disaster for the economy? Will credit freeze again?
Tavakoli : I disagree. In order to make the financial system healthy, we need to recognize the extent of our losses and begin facing the fraud. Then the market will be trustworthy again and people will start to participate.
---------
Bonne(s) lecture(s) !
---------
BFM n'a pas saisi l'importance de l'affaire car il n'y en a pas, c'est tout.
Depuis l'affaire des subprimes des gens cherchent à faire peur, à créer un niveau de panique constamment. Dans quel buts ?
les mêmes, sans doute, que ceux des imbeciles qui jubilent en voyant les touristes évacuer la Tour Eiffel, après un coup de temlephone anonyme
Les expulsions des mauvais payeurs de leurs logements (indument occupés) seraient irrègulières, et alors ?
Je ne vois pas en quoi cela ferait sauter le système bancaire US.
Cette soit-disant bombe à retardement va faire "pschiiiit" et c'est tant mieux.
Rédigé par : salcedo | samedi 09 octobre 2010 à 13h22
@ salcedo: et sur quels arguments de fond vous basez vous pour dire ça ?
Des millions de familles qui perdent un logement contre des banques faisant usage de faux en justice, des banques qui annoncent toutes les unes après les autres un gel des expulsions, un président obligé de mettre un veto en catastrophe pour éviter un suicide électoral, et par dessus tout, des témoignages enregistrés devant justice ou des professionnels viennent expliquer que si les "notes" n'ont pas été versées aux MBS, c'est pour que personne ne s'aperçoive que les prêts étaient frauduleux, des témoignages concordants montrant que les agences de notation ont ignoré des avertissement détaillés sur le contenu des produits qu'ils notaient AAA, des parlementaires qui exigent une enquête, certains qui veulent saisir la commission du risque systémique, 40 enquêtes locales et une fédérale (on va dépioter les e-mails... on va rire !),
Plusieurs juristes de renom qui commencent à chiffrer les dommages potentiels en dizaines, voire centaines de milliards de dollars...
Et le marché du papier RMBS gelé tant que l'incertitude demeure.
mais bon, c'est rien du tout, nous dites vous, sans le moindre argument tangible...
Toutefois, si vous me produisez des analyses de ténors du droit US qui prouvent que ça va se dégonfler, vous êtes libre de les communiquer ici, naturellement.
Rédigé par : vincent | samedi 09 octobre 2010 à 17h16
Les millions de famille qui perdent leur logement c'est bien parce qu'elles ne payent plus les traites et pas parce qu'elles ne peuvent pas emmenager dans des logements qui n'auraient jamais été construits ?
Ce serait en France vous dénonceriez les lois qui retardent leur expulsion; donc je trouve ça très étonnant que vous fassiez autant preuve de compassion sur le sort.
Quant à savoir qui sont les véritables propriétaires de ces logements , à l'heure d'aujourd'hui, ce n'est qu'une question de décision judiciaire qui , certes, prendra du temps mais ne provoquera aucun tsunami.
La presse spécialisée française a raison de parler d'autres choses.
Rédigé par : salcedo | samedi 09 octobre 2010 à 18h22
@salcedo:
Je ne fais pas preuve de compassion, j'analyse des faits passibles des tribunaux et m'interroge sur leurs conséquences notamment financières. Et lorsqu'on étudie un peu le fonctionnement de la justice US, on se rend compte que la somme des délits commis par les banques peut valoir de très lourds dommages, et que le temps que l'incertitude juridique se dissipe, nombre d'institutions financières porteuses de RMBS vont devoir mettre de grrrrosses provisions de côté, dont une partie +/- importante se transformera en perte sèche. Evaluation encore difficile...
Deuxio, comme je l'explique, un peu longuement certes, le problème principal n'est pas de savoir qui est le propriétaire des maisons (c'est le trust - les documents qui le prouvent seront juste un peu longs à rassembler... quand ils n'ont pas été détruits !) mais les raisons qui ont poussé les différents intervenants à enfreindre toutes les règles prévues par la loi, y compris présenter des faux en écriture devant des cours de justice.
Et là, il apparait de plus en plus clair que des centaines ou des milliers d'investisseurs qui ont financé indirectement ces prêts ont été victimes de fraudes lourdes, dont l'avenir dira si elles étaient assimilables à des fraudes, mais franchement, ça ne fait aucun doute.
Il existe des moyens de sortir de cette panade, mais aucun ne sera "sans douleur", et le problème est que les grands barons des MBS (voir liste de Felix Salmon) feront tout pour bloquer la procédure.
Bref, dans l'idéal:
1) les chaines de propriétés sont reconstituées, lentement mais surement. Toutefois, au titre des dommages pour toutes les irrégularités passées, les banques sont gentiment priées d'accepter des "haircuts" en principal sur les prêts défaillants pour permettre aux familles de se rebecqueter.
2) les faillites frauduleusement effectuées par le passé à l'aide de faux documents donnent lieu à des pénalités versées aux familles expulsées. compter 2 à trois millions de cas, à quelques dizaines de milliers de dollars chacun.
3) les procès intentés par les porteurs de RMBS se finissent par des accords à quelques centaines de milliards, et les provisions prévues par la loi Dodd-Franck pour résoudre les faillites consécutives s'appliquent. (pas eu le temps de les étudier en détail)
4) les investisseurs lambda se disent qu'enfin, la racaille en col blanc en prend plein la gueule, et que la leçon porte ses fruits, et l'économie redémarre, car avec le dégonflement de la pyramide de dettes, l'optimisme revient.
ça, c'est si tout va bien. Plein de grains de sable peuvent venir gripper ce beau scénario...
Rédigé par : vincent | samedi 09 octobre 2010 à 18h48
@salcedo
> Ce serait en France vous dénonceriez les lois
> qui retardent leur expulsion
Sauf que ce ne sont pas des lois qui retardent ici les expulsions : vous ne semblez pas avoir bien compris le problème. Si une banque est légitimement en détention d'un créance hypothécaire sur une maison, et que l'emprunteur ne paye plus (car ses traites sont démesurées par rapport à la valeur de sa maison), pas de problème, qu'elle expulse et récupère la maison : sur le fond, ce n'est pas la plus mauvaise affaire pour le propriétaire malheureux, car il sera délivré d'un emprunt qui plombe ses fins de mois et pourra se reloger aisément en tant que locataire étant donné le nombre de biens sur le marché et la baisse des prix. Pas de problème.
Mais ici, on a plus de moyen fiable de savoir si la banque qui demande l'expulsion et la mise en vente de la maison en est bien propriétaire. Ce n'est pas un petit problème technique, genre le papier n'était pas tamponné, on remet un tampon et tout va bien : je vous rappelle que l'affaire a explosé quand deux banques se sont retrouvées devant le même tribunal, pour réclamer la saisie de la même maison, et qu'au final aucune des deux banques n'était propriétaire des créances qui avaient été revendues à Fannie Mae. Ce n'est pas un simple problème technique : les juges ne sont plus en mesure de savoir si oui ou non les banques qui réclament des saisies aujourd'hui sont bel et bien fondée en droit à le faire, et ce sont les banques qui sont responsables de ce merdier car ce sont elles qui ont volontairement passé outre le système d'enregistrement légal des actes notariés, système fiable qui permettait à coup sûr de s'assurer que celui qui réclame le bien est bien en possession d'une hypothèque qui lui en donne le droit.
> Quant à savoir qui sont les véritables
> propriétaires de ces logements , à l'heure
> d'aujourd'hui, ce n'est qu'une question de
> décision judiciaire qui , certes, prendra du
> temps mais ne provoquera aucun tsunami.
Rien que le "temps" dont vous parler peut être suffisant pour achever les banques américaines.
Rédigé par : ST | lundi 11 octobre 2010 à 09h55