Que ne ferait on pas, en cette année naissante et déjà prometteuse de lendemains qui déchantent, pour sauver cette pauvre planète que les vilains humains et leurs activités à visées économiques font tant souffrir ? Nous avions eu le réchauffement climatique, qui a suscité la création du GIEC, ce qui, depuis une grosse dizaine d'années, nous valait de lire dans notre presse des communiqués comme celui ci:
"De nombreux scientifiques estiment que la terre se trouve à la veille d'une grande vague de réchauffement climatique tout à fait déstabilisatrice pour les activités humaines. Et selon l'ONU, le rythme actuel du récahauffement dû aux activités humaines est plus de 10 fois supérieur à celui de l'évolution naturelle, menaçant de provoquer cataclysmes et épidémies sans précédent"
Je résume, naturellement. 10 ans plus tard, après un climategate, une explosion de scepticisme (cataclysme anti écologiste d'origine anthropogénique) et quelques hivers trop rudes pour être justifiés par le réchauffement carbocentré, quoi qu'en dise l'évêque saint-stephan de Rahmstorf, archi-diacre de Postdam, la folie du réchauffement climatique perd de sa superbe.
Et bien, comme l'entourage de certains ministres de l'environnement le sous-entendait en off depuis un an, non seulement la consommation de whisky du gouvernement n'a pas diminué après le départ de l'ex titulaire du poste, mais encore le chat environnementalo-réchauffiste s'apprête à retomber sur ses pattes. "le climat, c'est dépassé, le vrai tube hype de l'environnementalisme des années 2010, c'est la biodiversité", nous disait encore récemment la femme de ménage de l'Elysée en se rasant le matin.
Et le mouvement environnementaliste mondial de réussir à faire aboutir la création d'un "GIEC de la biodiversité", poétiquement dénommée IPBES, destiné à faire prendre des mesures coercitives au niveau mondial contre les états, et surtout les méchants kapitalistes, qui menacent le scarabée pique-prune.
Dans les communiqués de presse, cela donne ceci (authentique, source : romandie.com):
"De nombreux scientifiques estiment que la Terre se trouve à la veille de la sixième grande vague d'extinction de son histoire. Et selon l'ONU, le rythme actuel de perte d'espèces dû aux activités humaines est "plus de 100 fois supérieur à celui de l'extinction naturelle".
La biodiversité a un énorme avantage sur le climat: les milliers d'études scientifiquement bidonnées qui vont sortir dans les 10 prochaines années pour nous dire que décidément, l'homme fiche en l'air cette putain de planète, seront absolument invérifiables par observation, alors qu'un refroidissement généralisé de l'hémisphère nord est tout de même difficile à cacher aux foules profanes. Allez donc compter les colonies de pique-prune le long d'une autoroute, vous...
Voilà qui donnera l'occasion à de nombreux scientifiques jusqu'ici inconnus de passer à la télévision et de s'offrir des budgets d'études pour analyser la baisse de la concentration des spermatozoïdes chez les caméléons de la baie de Phuket. Chose intéressante, la biodiversité est avant tout une affaire tropicale, inutile d'aller se les geler à forer des carottes de glace au Groenland. Le réchauffement, c'était cool, la biodiversité, ce sera hot ! Oui mon frère, fais toi biologiste diversitaire, si tu as raté ta voie en climatomancie.
Un autre GIEC est possible !
Oui, allons ensemble plus loin pour sauver la planète. Dépassons les frontières étroites de la pensée écologiste classique. Entrons dans l'ère post-climatique, l'heure de la transécologie doit sonner. "Green everywhere" sera notre mantra.
Je suggère aux environnemanticapitalistes (le record du nombre de lettres dans un mot de la langue française vient d'être battu) d'aller encore plus loin pour l'humanité: un GIEC de l'eau s'impose. Le saviez vous ? Nos nappes phréatiques s'épuisent, nos rivières se polluent, seul un GIEC de l'eau peut nous sauver, en nous obligeant à déshydrogéner notre économie: agriculture au goutte à goute, désaltération des troupeaux contrôlée, en attendant les humains. Comme le dit le célèbre photographe Yann Aplus-Delévian,
"De nombreux scientifiques estiment que la Terre se trouve à la veille du plus grand déficit hydrique de son histoire. Et selon l'ONU, le rythme actuel de déplétion des nappes phréatiques dû aux activités humaines, et notamment à la recherche de hauts rendements agricoles, est plus de 1000 fois supérieur à celui de leur épuisement naturel".
Rationner l'eau pour sauver la planète, voilà un vrai combat écologique des temps modernes ! Il est vrai que pendant la conférence de Cancun, nombre de délégués se sont laissé aller à signer une pétition pour un boycott du Monoxyde de Dihydrogène, ce terrible gaz responsable de 60 à 95% de l'effet de serre-moi donc un autre whisky, Jean-Louis. Sans glaçons, hein ? Ils fondent trop vite.
Et l'alimentation ? pourquoi ne pas proposer un GIEC de l'alimentation ? Nombre de prophètes de malheur seraient heureux de collaborer à une grande entreprise d'assainissement de l'alimentation cancérigène que les méchants kapitalisses nous vendent. Comme le disait le professeur Belcouille, spécialiste des pommes empoisonnées par les sorcières du grand capital, à moins que ce ne soit le contraire,
"De nombreux scientifiques estiment que l'humanité se trouve à la veille de la plus grande vague cancérigène de tous les temps. Et selon l'Onu, le rythme actuel d'accroissement des métastases est plus de 10 000 fois supérieur à celui qui s'opérait au bon vieux temps de l'alimentation biologique pour tous, à cause de l'usage de méthodes agricoles non respectueuses de mère Gaïa. Nous sommes à la veille de la plus grave chute de l'espérance de vie de notre histoire".
Ah, la lutte contre les cancers pesticidogéniques, voilà un beau et grand combat vert pour les décennies à venir.
Mais d'autres dangers encore plus grands nous guettent. Tremblons, mes frères, tremblons... Une proposition avant-gardiste de GIEC des météorites, attirées par les champs magnétiques dégagés par la circulation d'électricité autour de la planète, aurait été écartée par l'ONU, "une suggestion intéressante mais encore trop novatrice" pour une opinion jugée indécrottablement conservatrice par les élites alcoo..., pardon, politiques et financières. Pourtant, d'après l'astrologue, pardon, l'astronome Perséïdon Totallystone,
"De nombreux scientifiques estiment que l'humanité se trouve à la veille de la plus grande vague de chutes de météorites de tous les temps. Et selon l'Onu, le rythme actuel d'accroissement des chutes de corps célestes, attirés par le champ magnétique provoqué par la multiplication des circulations électriques autour de la planète, est 100 000 fois supérieur au champ magnétique observé autour des planètes qui en sont dépourvues".
Et enfin, en guise d'apothéose, que nos Phillipulus ne nous proposent-ils pas un GIEC de la pauvreté, pour combattre, donc, la pôôvreté dans le mooonde, fille, comme chacun le sait, de Bali à Cancun, de l'hydre nauséabonde de l'ultra-libéralisme pervasif qui, non content de détruire la biodiversité et d'attirer les météorites, empêche les pays émergents d'émerger. Comment ça, non ? N'écoutez pas les sycophantes ultra-libéraux qui vous prétendent le contraire. Selon le professeur Hermann Von Pippotrompuy,
"De nombreux scientifiques estiment que l'humanité se trouve à la veille de la plus grande catastrophe sociale mondiale. Selon l'ONU, la vitesse d'accroissement de l'écart de richesse entre les plus riches et les plus pauvres atteint 1 000 000 fois la norme historique, et l'activité humaine des pays ayant embrassé le Kapitalisme ultra libérâââl en est indiscutablement la cause."
Cette dernière proposition a hélas un grand inconvénient: elle oublie la nécessaire dose de camouflage et d'hypocrisie contenue dans toutes les autres, et permet aux méchants intellectuels libéraux de se défendre, faits et chiffres à l'appui. Pour contrôler ce phénomène, jugé dangereux pour l'avenir de la planète et de ses élites, un GIEC des libertés et de ses abus, visant à contrôler la diffusion des pensées contraires aux politiques rédemptrices des désordres créés par l'activité humaine, s'impose d'évidence, selon les chefs des gouvernements du point G, réunis à la Saint Barthélémy.
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Lire également :
Les mythes fondateurs de l'église verte totalitaire
Les sous-doués en vacances sauvent la planète
Taxe Carbone mon amour
Lire ailleurs:
Liste de toutes les catastrophes provoquées par le réchauffement climatique
Toi aussi, invente ton GIEC qui sauve la planète dans les commentaires. inutile de poursuivre la course aux exponentielles de 10...
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Pour traiter avec autant de mépris la nature et les hommes qui font votre entourage et vous font vivre (oui il faut de l'air pur, de l'eau non polluée et d'autres êtres pour survivre ici bas, sauf à être de pierre), il faut être complètement dérangé ou dépressif. Je lis vos posts avec intérêt mais là, c'est ecoeurant de dédain et de désinvolture.. vos lecteurs n'ont pas forcemment un profil cynique et morbide, dommage.
Rédigé par : Steph | mardi 04 janvier 2011 à 20h32
@ Steph:
Je vois que l'humour n'est pas le point fort de tout le monde.
Je ne traite pas "la nature" avec mépris, mais ceux qui prétendent nous faire peur par le biais d'annonces catastrophistes généralement dénuées de fondement.
D'une façon générale, la qualité de l'environnement (air, eau, etc...) dans les pays industrialisés est en hausse continue depuis les années 60. Cf. Lomborg.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait aucun problème, mais que globalement, le capitalisme sait répondre aux demandes environnementalement raisonnables sans qu'on ait besoin de prétendre empêcher les hommes de mener leur barque à l'aide de recommandations de "GIECs" de ceci ou de cela, dont les démagos finissent toujours par s'emparer pour détourner le bon sentiment environnemental à leur bas profit.
Rédigé par : vincent | mardi 04 janvier 2011 à 21h59
Comme un chacun devrait le savoir, il ne s'agit plus de la sauvegarde de la planète, mais bien de celle de l'humanité ! (la pauvre)
En effet, la planète n'a d'autre prédateur que dans le cosmos : ses habitants peuvent s'imaginer par quelque prétention incongrue, avoir le pouvoir d'en modifier de façon très éphémère une toute petite parcelle de son apparence superficielle, mais ils ne font que passer au regard de l'échelle immense du temps planétaire… La planète a survécu et continuera de survivre à toute sorte de chatouillis chatouillas, de dinosaures, de météorites, et même d'humains aussi vils soient-ils.
Il est tout de même remarquable qu'une très grande majorité de soi-disant grands hommes se sont précipités sur ces mannes de sujets catastrophistes, alors que la grande majorité populaire est restée très circonspecte et s'est bien gardée de s'emballer en masse dans tous ces leurres mirobolants. C'est parait-il ce que l'on appelle : le Bon sens populaire.
Alors pour sauver l'humanité, nos hommes politiques ont fini par décider, et sans langue de bois, car ça ne se pratique plus du tout de nos jours, de créer un GIEC du bon sens populaire.
"Car de nombreux scientifiques estiment que la terre se trouve à la veille d'une grande vague de d'excitation humanoïde tout à fait déstabilisatrice pour les activités terrestres. Et selon l'ONU, le rythme actuel de l'épilepsie généralisée des divagations humaines est plus de 10 millions de fois supérieur à celui de l'évolution naturelle de l'imbécillité généralisée, menaçant de provoquer cataclysmes et épidémies sans précédent dans les communautés même écologistes"
L'avantage de cette trouvaille, c'est qu'ils n'ont plus besoins de scientifiques, ni d'observations ou d'ordinateurs gigantesques pour prouver leurs dires. Les politiques pourront directement éradiquer le mal du "bon sens populaire" grâce à ce nouveau GIEC (Gestionnaire de l'imbécillité Ecologique Concomitante). Ce dernier aura tout pouvoir pour promulguer de nouvelles règles innovantes comme par exemple : de nouvelles taxes ; de nouveaux fonds d'entraide pour désaxés en tous genres ; de nouvelles cotisations sociales ; et tout ce qui pourra donner de nouveaux moyens à ce GIEC pour lutter contre le bon sens populaire.
Jopechacabri
Rédigé par : Jopechacabri | mardi 04 janvier 2011 à 22h36
@ Jopechacabri: le mouvement environnemental saura tirer un excellent parti de votre proposition, il vous remercie !
Rédigé par : vincent | mercredi 05 janvier 2011 à 18h32
"Pour traiter avec autant de mépris la nature et les hommes qui font votre entourage et vous font vivre (oui il faut de l'air pur, de l'eau non polluée et d'autres êtres pour survivre ici bas, sauf à être de pierre), il faut être complètement dérangé ou dépressif. Je lis vos posts avec intérêt mais là, c'est ecoeurant de dédain et de désinvolture.. vos lecteurs n'ont pas forcemment un profil cynique et morbide, dommage." ai je lu.
Cette réaction est "collector" et m'a fait exploser de rire. Et je vous assure que le cynisme, la morbidité, le dédain et la dépression ne sont pas de mon côté.
Sinon bravo à l'auteur pour cet article si insolent.
Vous avez simplement oublié l'attaque du "chat spatial géant rose" :
"De nombreux scientifiques estiment que l'humanité se trouve à la veille de l'attaque d'un chat spatial géant rose..."
http://politique.lebuzzdesblogs.com/actu_Le-Chat-Spatial-Geant-Rose-2459.htm
Rédigé par : Murps | samedi 08 janvier 2011 à 10h43
Vincent,
Merci pour ce bon moment. La seule façon efficace de traiter les sujets sérieux est l'humour. Que les pisse-froid ("pisa-verde" disait mon prof d'Espagnol) aillent se faire voir.
J'ai pris un grand plaisir à lire cet article, tellement vrai par ailleurs.
Bonne année à vous !
Rédigé par : PapyJako | samedi 08 janvier 2011 à 11h25
Pour ce qui est de la catastrophe en vue, celle de la biodiversité, il faudra plus que des pique-prunes et autres insectes pour faire monter la sauce auprès du grand public. Ce n'est pas la première fois qu'ils essaient cette stratégie et pour l'instant, ça n'a pas vraiment eu les résultats espérés : en quoi changer notre mode de vie va pouvoir influer sur l'espérance de vie du tigre du Bengale ou de l'ours blanc ?... Non, le RCA était une meilleure idée; là, nous pouvions nous sentir impliqués... une des idées les plus tordues que des scientifiques aient jamais eue mais une bonne idée... d'un certain point de vue
Rédigé par : jean l | lundi 10 janvier 2011 à 08h27
Article très drôle. Félicitations.
Rédigé par : MiltonFriedmanFan | jeudi 13 janvier 2011 à 09h14