Ainsi donc, le gouvernement chercherait à rédiger un texte de loi visant a empêcher le versement de "trop grandes rémunérations" à ses cadres dirigeants, et, selon les "échos", penserait à taxer les entreprises qui versent de gros salaires ou de gros éléments de rémunération variable.
Bigre. Je dois dire qu'à chaque fois que l'on croit qu'un sommet d'imbécillité économique a été atteint par nos politiciens, il ne s'écoule à peine qu'un mois pour qu'un nouveau mur du çon, comme dirait le "Canard Enchainé", ne soit franchi avec la plus apparente décontraction par les premiers de la classe qui nous gouvernent.
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Le gouvernement révèle ici sa vrais nature. Ce genre de proposition est vraiment confondant. S'arroger le droit de venir contester certaines rémunérations dont on peut être à peu près certains qu'elles représentent la plupart du temps une portion négligeable de la masse salariale globale est profondément débile et choquant. Pour rappel, le salaire annuel record de 8 millions d'euros de Carlos Ghosn à la tête de Renault et Nissan, redistribué entre tous les salariés des deux groupes donnerait une hausse de salaire mensuel de 2.5 euros par personne. Laisser penser que le "faible" salaire de certains découlent du fort salaire des autres est un mensonge éhonté. Ce qui veut dire aussi que cette mesure absurde (si elle venait à être mise en place) est purement d'ordre moral et n'a rien a voir avec une quelconque redistribution des richesses. Que le gouvernement puisse parler de morale sur les rémunérations d'employés de sociétés privées, payés avec de l'argent privé, est proprement hallucinant, surtout quand l'on connait les rémunérations et avantages payés par de l'argent public pour nos politiques et très hauts fonctionnaires (bien que j'ai cru comprendre qu'une partie de la rémunération de nos politiques - et apparemment de nos journalistes - était versée en nature par des gouvernements étrangers, surement une idée pour limiter la dépense public chez nous ...).
Rappelons également que les parts de rémunérations variables sous la forme d'action ou de stock-option ne peuvent être assimilés à des salaires : c'est de l'argent pris aux actionnaires et à eux seuls, qui seront dilués d'autant.
Maintenant, sur le fond du débat des très grosses rémunérations des cadres dirigeants, il y a un élément à prendre également en considération et qui explique en partie pourquoi on est à certains postes, sur-payés par rapport aux nombres de personnes potentiellement qualifiées pour assurer les mêmes fonctions à moindre prix : ce sont des postes où l'on ne peut pas se permettre de faire des essais. S'il y a 10 000 personnes en France qui ont les compétences pour être à la tête de telle entreprise, ou pour être trader sur le marché du sucre, il n'y en pas peut être que 300 qui ont pu le prouver de manière concrète, et c'est parmi ces 300 que s'effectuera la plupart du temps la sélection, car identifier a priori les 9700 autres est trop complexe et risqué. Si j'ai un trader qui fait correctement son boulot, et que se présente à moi une nouvelle recrue prêt à bosser pour 2x moins, mais qui représente une potentialité de faire moins bien que le trader en place, vais-je prendre ce risque sachant que l'impact sur les revenus de la société sont sans commune mesure avec l'économie réalisée sur le salaire en question ? La difficulté d'identification des profils à haut niveau crée en effet un entonnoir qui fait choisir les cadres de directions des très grosses sociétés parmi un pool de candidat potentiel très limité, ce qui tire les salaires vers le haut. C'est comme ça. Ca coûte moins cher de débaucher à prix d'or l'as du marketing qui a fait ses preuves dans une autre société, que de faire l'essai d'un nouveau venu prometteur mais qui n'a pas pu démontrer toutes ses capacités. Ces gens sont donc sur-payés pour des raison essentiellement économiques. Est ce scandale pour autant ? On ne vit pas dans un monde parfait. Un cadre de direction très bien payé l'est moins pour sa compétence, probablement partagé par bien d'autres, que pour la certitude de la part de son employeur qu'il détient bien ce niveau de compétence. Et non, ce niveau de compétence ne se détecte pas dans un QCM de recrutement, mais par des démonstrations réelles à la tête d'un département d'une très grosse société (ca limite drastiquement les tests d'embauche).
Enfin, sur la question des parachutes dorés : commençons d'abord par les supprimer dans le public et la vie politique (retraites démesurées sans cotisation, primes de départs comme DSK au FMI, promotion à quelques mois de la retraite, éviction des mauvais par promotion, nomination comme préfet hors cadre ou je ne sais quel poste fantôme aux rémunérations bien réelles). Ensuite, pour choquant que ca puisse paraître, c'est le problème des actionnaires, et de personne d'autre. Maintenant, à titre personnel (mais ce n'est pas mon argent, alors mon avis n'engage que moi), je pense que c'est une mauvaise idée sur le principe : je ne mettrais personnellement pas une confiance démesurée dans quelqu'un qui à ces niveaux de rémunérations protège autant ses arrières. C'est mon côté entrepreneur : je pense qu'à la tête d'une entreprise il faut des gens qui partagent le risque. Ceux qui cherchent à trop limiter leur risque personnel ne me semblent pas les meilleurs personnes pour assumer ce genre de responsabilité. Mais encore une fois, aux actionnaires de décider, chacun fait ce qu'il veut avec son argent.
Rédigé par : ST | mercredi 01 juin 2011 à 10h27
@ST
Pour les liberaux, quand on parle de salaires, il semble n'exister en France que deux professions .
- dirigeant de grosse entreprise et trader.
En dehors des professions où il faut savoir "flamber" et "prendre des risques" pour faire de l'argent, le reste de la société ne vous interesse pas.
la "poker-société" n'est pas dans nos valeurs.
Rédigé par : maurice b. | mercredi 01 juin 2011 à 18h50
@maurice b.
Pour les dirigistes, quand on parle de salaires, il semble n'exister en France que deux méthodes.
- taxer et imposer.
En dehors des méthodes où il faut savoir "chasser" et "prendre l'argent là ou il est" pour faire de l'argent, le reste de la société ne vous intéresse pas.
La "racket-société" n'est pas dans nos valeurs.
Rédigé par : Alf | jeudi 02 juin 2011 à 15h22
"Un mauvais patron, même peu payé, coûte beaucoup plus cher à une entreprise qu’un bon patron très bien payé"
Je crois que j'aurais pas dit mieux. Ça s'applique parfaitement à Claude Puel qui a plongé l'OL dans 3 années noires. 250 000 euros par mois, 3 millions d'indemnités (oui, oui, les parachutes dorés), des crises à répétition chaque année, des humiliations chaque année contre des équipes de seconde zone (au hasard, le "0-4" contre Auxerre, alors quasi-relégable).
Les dirigeants se sont complètement vautrés, ce que la presse et les supporters reconnaissent volontiers. Il n'a jamais été question de méchant capitalisme, mais uniquement des erreurs de la direction, notamment en matière de recrutement des joueurs, choix du coach et son contrat en or (4 ans + indemnités). Étrange que ce point de vue appliqué au foot n'est pas appliqué ailleurs. Faudrait qu'on m'explique ce paradoxe.
Finalement, ce qui devrait plutôt nous préoccuper, c'est la bonne gouvernance d'entreprise, qui passe par l'absence de conflits d'intérêts et la circulation des informations dites "privilégiées". Ça serait possible si la SEC ne s'incruste pas dans le marché de la notation et si les transactions d'initiés sont "libérées". Voir Padilla :
http://mises.org/journals/scholar/Padilla5.pdf
Enfin, j'ai apprécié le paragraphe "Loi des conséquences inattendues". C'est le genre qui provoque un cercle vicieux; des réglementations provoquent contournements de loi, nécessitant de nouvelles réglementations provoquant à leur tour ... etc. etc.
Rédigé par : M.H. | jeudi 02 juin 2011 à 18h33
@ M.H
Que vient faire cette information sportive ici ?
Puel n'est pas responsable.
Il ne fallait pas engager des gens comme Bastos, Gomis Briand ou Diakhaté qui ne sont attirés que par l'argent du club pas par ses résultats.
Rédigé par : maurice b. | vendredi 03 juin 2011 à 15h16
L'argument du "y'en a très peu comme ça" n'est pas recevable. Pas plus que celui du "on ne va pas perdre notre temps à former quelqu'un".
Y'en a toujours eu très peu comme ça. Ce n'est pas nouveau. La direction d'entreprise a toujours été un métier difficile et risqué. Comment, alors, expliquer (et donc justifier) l'explosion récente des rémunérations au sommet ?
D'autant que la bonne performance passée ne préjuge pas des performances futures. Ce n'est pas parce qu'un PDG a réussi à la tête d'une entreprise qu'il va réussir à la tête d'une autre.
Quant à l'argument "on va pas perdre notre temps à former quelqu'un" (concernant le trader), il s'auto-annule. Il faut bien que quelqu'un, à un moment, "perde" son temps à former quelqu'un. Sinon, il n'y aura jamais personne de formé !...
Mais effectivement, les patrons français pensent beaucoup comme ça, et pas uniquement pour les traders. Ils veulent des gens jeunes (mais avec beaucoup d'expérience), des gens déjà formés (mais pas trop vieux), etc. En gros, ils refusent le risque.
Si ce n'est pas à l'Etat de limiter les revenus du secteur privé, alors c'est au secteur privé de le faire. La question de l'éthique managériale subsiste. Le problème existe.
Si un salaire élevé permet d'attirer les meilleurs qui sont en très petit nombre (ce qui serait donc efficace pour les performances de l'entreprise), alors a contrario le salaire ne doit pas être trop élevé en toute circonstance, car alors, que resterait-il comme incitations au PDG pour diriger correctement ?
Si nous avons, dans les faits, une caste de très hauts fonctionnaires du privé qui passent d'une entreprise à l'autre avec une espèce de garantie de l'emploi non étatique, et une garantie de gagner des sommes folles quoi qu'il arrive, succès ou insuccès, emploi ou pas emploi, alors où est l'incitation à être efficace ? Où est la prise de risque du dirigeant ?
L'argument se retourne.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 05 juin 2011 à 21h19
The majority of Britons would support action to reduce the pay gap between high and low earners, new research suggests.
The report, by the Institute of Public Policy research, found an overwhelming 82 per cent of those surveyed said government should act to restrain pay in both the public and the private sectors.
Read more: http://www.dailymail.co.uk/news/article-1394515/Government-act-reduce-income-gap-high-low-earners.html#ixzz1ORMrZawP
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 05 juin 2011 à 23h46