Des (mauvais) économistes aux commentateurs économiques, l'unanimité est quasi totale. "Un état n'est ni un ménage, ni une entreprise ! Il ne peut obéir aux mêmes règles de gestion ! Son rôle économique est différent !" - Et de justifier, ainsi, 37 années consécutives de déficits budgétaires dont les niveaux croissants aboutissent à des niveaux d'endettement dont nous pouvons envisager qu'ils deviennent insoutenables.
J'ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne vois pas pourquoi l'état ne devrait pas être géré "presque" comme une entreprise. Avec un bilan convenablement tenu, et un compte de résultats digne de ce nom, bénéficiaire de surcroît.
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Depuis la LOLF, l'état publie un bilan et un compte de résultat comparables au bilan d'une entreprise. La première partie de votre texte est donc en partie réalisée(on pourrait discuter des choix comptables faits, mais ils sont expliqués et documentés).
http://www.performance-publique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ressources/Comptes/2010/Compte_General.pdf
Sur la conclusion, je ne peux qu'être d'accord, l'Etat, à l'instar d'une entreprise, doit se recentrer sur son core business, et diminuer drastiquement la voilure pour redresser son bilan.
Mais je crains que ce ne soit un voeu pieux...
Rédigé par : Stéphane | vendredi 16 septembre 2011 à 09h59
Le problème des gens qui refusent la comparaison de l'Etat avec un ménage ou une entreprise, c'est que généralement il ne disent pas cela pour mettre en avant telle ou telle différence structurelle entre l'Etat et tel autre acteur économique, ce qui peut tout à fait se discuter et s'argumenter, mais pour extraire l'Etat de toute réalité économique. Ce faisant, ils font de l'Etat une sorte d'entité magique, qui ne serait pas gouverné par les règles du réel (il ne peut pas faire faillite, son endettement n'est jamais un problème, il peut créer de la richesse ex-nihilo etc ....). Et ce genre de pensée, qui mine de rien se diffuse dans la société encourage les gens à souhaiter qu'il prenne en charge toujours plus de tache dans nos vies (c'est vrai, si l'Etat n'est pas contraint par la réalité économique, comme le fait qu'on ne peut pas dépenser plus que l'on gagne, autant lui confier nos dépenses de santé, d'éducation etc etc ..., ce serait dommage de pas en profiter).
On peut voir des exemples tous les jours de cette vision magique dans le discours des gens. Quand quelqu'un vous dit par exemple : "de toute façon, les banques ne feront pas faillite, l'Etat ne peut pas se permettre de laisser faire ça, sinon ce sera la révolution", jamais l'interlocuteur ne se demande : "mais est ce que l'Etat a simplement la capacité de faire cela, est-il en mesure de le faire, a t-il l'argent pour le faire". Pour lui, le sous-entendu est clair : le fait de renflouer les banques est une question de volonté étatique, pas de capacité de financement.
On est réellement dans la pensée magique. L'article de Vincent nous rappelle la dure réalité.
Rédigé par : ST | vendredi 16 septembre 2011 à 12h59
Au sujet de votre remarque sur le caractère immérité de la note AAA française, et le fait que la promesse de remboursement soit liée à une promesse d'extorsion future : j'ai récemment été stupéfait d'apprendre que les obligations émises par la CADES étaient notées AAA.
La CADES (Caisse d'amortissement de la dette sociale), c'est le machin étatique dont l'unique objet consiste à "gérer" le trou de la Sécu. On lui refile des dettes, elle émet des obligations pour les financer, et elle touche des taxes extorquées aux Français pour les rembourser.
Une entreprise parfaitement saine, comme on le voit. Une structure de défaisance, une coquille vide, une poubelle mafieuse qui ne tient que par la force des baïonnettes (et encore...) est donc notée AAA.
Quel actif tangible achètent ceux qui détiennent des obligations de la CADES ? Prêtent-ils à une entreprise pour lui permettre de développer des aciéries, un réseau de chemin de fer, un moteur de recherche Internet ? Dont les profits futurs permettraient de payer les intérêts, et de rembourser le principal en toute sécurité ?
Pas du tout ! Ils prêtent leurs fonds à un organisme mafieux, en échange d'un pourcentage sur les sommes volées, sous la menace du pistolet, par les collecteurs du parrain, qui extorquent leur pourcentage sur des activités, elles, parfaitement légitimes et productives.
Ca vaut un AAA... tant que la bande mafieuse garde le pouvoir.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 16 septembre 2011 à 15h03
@ Stéphane : la LOLF est une excellente réforme, mais qui ne va pas assez loin. Et le fait est que la comptabilité publique - même si on commence aujourd'hui à l'améliorer partiellement - demeure très largement archaique.
Ca me conduit à apporter une seule nuance à cette excellente étude de M. Benard: oui, l'Etat doit être mieux géré, "comme une entreprise" (= ne pas avoir de dettes) ; non, l'Etat ne doit pas nécessairement être géré 'comme une entreprise" (au sens cette fois, de se voir appliquer les mêmes règles, puisqu'il convient de les adapter). Exemple - justement tiré de la LOLF : le patrimoine immobilier des collectivités territoriales et des établissements publics. Il doit être comptabilisé, comment ? On ne peut chiffrer la valeur du Louvre et donc, "comptabiliser" cette immobilisation; en revanche, on peut dresser la liste du patrimoine de l'Etat -ce que les lois de finances seraient bien incapables de réaliser - et évaluer les rentrées potentielles - chose là encore possible mais rarement effectuée!!!
Exemple effarant: certains hopitaux parisiens vivent sur de l'or - des milliers de km2 de logements qu'ils pourraient louer, valoriser... - et rien derrière, parce qu'ils ne savent même pas ce qui leur appartient (et seraient, accessoirement incapables de les gérer sans les transférer à un délégataire privé) !
Or, une bonne comptabilité ne fonctionne que si l'on connaît l'étendue de son patrimoine. Si un patron le sait (du moins j'espère qu'il connait l'emplacement de ses usines !!!) il n'en va pas de même pour l'Etat et d'autres personnes publiques.
Et cette remarque vaut pour tout le reste.
Rédigé par : Philippe Jaunet | vendredi 16 septembre 2011 à 15h18
@Philippe
Bien d'accord avec vous, ma remarque visait juste à dire qu'un semblant de comptabilité patrimoniale commence à émerger de Bercy, mais c'est bien entendu notoirement insuffisant.
A la lecture du bilan de l'Etat, il ressort que les monuments historiques sont valorisés pour un euro symbolique...
Votre exemple des hôpitaux parisiens est effectivement effarant; en effet, un bilan comptable ne vaut rien s'il n'est pas le reflet fidèle du patrimoine de l'entreprise. Ne pas connaître son patrimoine ou ne pas pouvoir le valoriser correctement, alors même que l'Etat impose aux entreprises privées de le connaître à la perfection pour pouvoir le taxer, n'est pas rassurant quant à l'image fidèle que le bilan de l'Etat donne.
Rédigé par : Stéphane | vendredi 16 septembre 2011 à 16h29
@ Stéphane : Merci ! Comme quoi l'omni-focalisation des médias sur le "budget" m'a induit en erreur. ça sent l'erratum.
visiblement, ils n'en font pas la pub. En tout cas, la situation nette calculée est négative, en valeur absolue à 70% de l'actif : je comprends qu'ils ne crient pas cela sur les toits !
Rédigé par : vincent | vendredi 16 septembre 2011 à 19h04
@ Stéphane : rassurez-vous ce n’était pas une critique, juste une remarque sur le fait que la LOLF mérite encore de nombreux ajustements (on attend toujours une révision du décret du 29 décembre 62 sur la comptabilité publique). L’important est de voir qu’en raison de cadres techniques inadaptés, il y a réellement un problème de sincérité dans l’évaluation du budget (point de vue dépenses, point de vues rentrées…) et dans l’évaluation du patrimoine public.
L’autre gros problème tient au fait que le budget de l’Etat ne comptabilise pas certaines dettes (déconsolidation des comptes) et, surtout, ne tient pas compte des budgets des collectivités territoriales. Or la menace aujourd'hui vient aussi des collectivités surendettées...
Rédigé par : Philippe Jaunet | vendredi 16 septembre 2011 à 19h36
@stephane: erratum intégré dans l'article original
Rédigé par : vincent | samedi 17 septembre 2011 à 09h58
Gérer l'Etat comme une entreprise cela a du faire l'objet de discussions à l'université d'été du PLD ?
Or depuis qu'elle a eu lieu c'est le black-out total. Aucun compte rendu !
Très bizarre tout ça.
Rédigé par : salcedo | samedi 17 septembre 2011 à 22h02
Un état ,géré uniquement comme une entreprise coupe les dépenses comme celles de la défense et se trouve pris au dépourvu quand la bise vient. cf l'armée de terre britannique dans l'entre deux guerre. Nous ne pouvons envisager cela uniquement parce que nous sommes sous "protection" américaine. Cela ne sera probablement pas toujours le cas...
Rédigé par : Bernique | samedi 17 septembre 2011 à 23h31
@salcedo:
Je suppose que les vidéos seront bientôt en ligne, mais ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question.
@bernique : phénomènes indépendants. Entre deux guerres, la France "front-popularisée" a aussi coupé dans ses dépenses militaires. Et s'est trouvée fort dépourvue aussi.
Ceci dit, je suis certain qu'importer des méthodes de gestion entreprenariales dans l'armée éviterait bien des inefficiences et des gaspillages. Avec 50% des appareils cloués au sol faute de maintenance, ce n'est pas l'armée de l'air qui pourra démentir !
Rédigé par : vincent | dimanche 18 septembre 2011 à 10h28
"Un état, géré uniquement comme une entreprise coupe les dépenses comme celles de la défense et se trouve pris au dépourvu quand la bise vient." (Bernique)
C'est calomnier les entreprises et les patrons. C'est partir de l'hypothèse que les entreprises sont par définition mal gérées, et favorisent le profit à court terme au détriment de leur survie.
Si les modalités actuelles du capitalisme, où la finance possède un poids exagéré, peuvent effectivement favoriser de tels comportements, rien ne permet de dire qu'ils soient dans la nature même d'une entreprise.
Bien au contraire. Le premier objectif d'un bon patron, c'est d'assurer la survie de son entreprise. Ce qui passe par des investissements dans ce qui serait l'équivalent de la défense pour un Etat.
La preuve, c'est le nombre de chefs d'entreprise qui se réjouissent de n'être pas cotés en Bourse.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 18 septembre 2011 à 16h48
@ à Salcedo : Eh non, manque de bol le parlement a, ces années là, toujours voté les budgets demandés par les militaires dans la mesure ou ils étaient réalistes par rapport aux capacités industrielles. Le "fautif principal" est le retard technologique pris lors des années de vaches maigres et le manque de commandes justement préjudiciables à l'essor d'une industrie consistante (sauf pour les chars et la marine). Plus, mais secondairement, une certaine désorganisation suite aux nationalisations dans l'aéronautique. Nationalisation rendues nécessaires par le manque cruel de capacité d'investissement des firmes françaises. Ajoutons également que nos amis américains, dans le domaines aéronautique en particulier, ont pour notre commun bonheur, bénéficié de crédit d'équipement qui leur ont fait gagner un temps précieux par la suite. http://fr.wikipedia.org/wiki/Curtiss_P-40_Warhawk
Rédigé par : Bernique | dimanche 18 septembre 2011 à 22h02
Plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Douglas_SBD_Dauntless
http://fr.wikipedia.org/wiki/Grumman_F4F_Wildcat
Quand on sait que dans le pacifique ces deux types d'appareil ont fait l'essentiel du boulot au pire moment...
http://en.wikipedia.org/wiki/Douglas_DB-7
http://en.wikipedia.org/wiki/Martin_Maryland
Rédigé par : Bernique | dimanche 18 septembre 2011 à 22h35
à Robert Marchenoir : non car les états ont des objectifs et missions plus complets et plus étendus, comme l'état sanitaire de la population (initialement pour faire de bons soldats). Ce dont une entreprise comme McDonald ne se préocupe guère à monis que vous me souteniez que le menu commun de chez eux est équilibré. Il est vrai que maintenant que "Les Marchés" dirigent le monde les états sont contraint de se gérer de plus en plus comme des entreprises.
Rédigé par : Bernique | lundi 19 septembre 2011 à 22h32
"Non car les états ont des objectifs et missions plus complets et plus étendus."
D'où ça sort, ça, Bernique ? De votre chapeau, sur le mode : moi j'pense que et pis j'aimerais bien ? Du manuel du parfait petit socialiste ?
C'est une pétition de principes, qui demanderait pour le moins à être argumentée.
Dites plutôt : les Etats s'arrogent des objectifs et des missions plus complets et plus étendus que les entreprises et les individus, car plus leur champ d'intervention est large, et plus cela satisfait les appétits de pouvoir et d'argent des hommes politiques et des fonctionnaires.
Ce qui va tout à fait à l'encontre des intérêts des citoyens, car l'Etat possède cette particularité de n'être point jugé sur ses mérites et de ne pas être soumis à la concurrence, mais de pouvoir imposer sa volonté par la force des baïonnettes -- selon une formule célèbre de la Révolution française, qui a commencé dans le libéralisme pour déraper bien vite vers le socialisme et la dictature.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mardi 20 septembre 2011 à 19h35
Et la défense nationale, vous pouvez me dire qui assure ça? Des militaires je crois, non? L'ordre public jusqu'à plus ample information je crois que c'est des policiers qui l'assure. Si vous êtes dans le déni de réalité, je vous invite à consulter des livres d'histoire pour apprendre ce qui arrive aux nations ne sachant pas cultiver un état performant.
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89douard_III_d%27Angleterre
Rédigé par : Bernique | jeudi 22 septembre 2011 à 20h56
Encore si cela ne vous suffit pas :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Partages_de_la_Pologne
Rédigé par : Bernique | jeudi 22 septembre 2011 à 21h04
Et un petit dernier pour la route :
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel/le-porte-avions-chinois-shi-lang-peut-etre-operationnel-dans-cinq-ans-11-08-2011-1362006_53.php
Rédigé par : Bernique | jeudi 22 septembre 2011 à 21h35
Bernique, ne venez pas donner des leçons sur un sujet que vous ne maîtrisez pas, à des gens qui en savent bien plus long que vous.
Si vous aviez un tant soit peu étudié les sites libéraux en général, et celui-ci en particulier, vous sauriez que la défense et la police sont, justement, parmi les quelques missions essentielles que les libéraux assignent à l'Etat limité qu'ils appellent de leurs voeux.
Votre science toute neuve issue du pompage de Wikipédia n'impressionne personne ici.
C'est vous qui êtes dans le déni de réalité : car la police et la justice, en France, n'assurent précisément pas l'ordre public qui est de leur responsabilité. L'Etat ne peut pas, à la fois, financer des licences universitaires en "arts du clown", décider du type d'ampoules que les gens ont le droit de mettre chez eux, et protéger les honnêtes gens des voyous.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 23 septembre 2011 à 01h39
http://fr.wikipedia.org/wiki/Panoptique
Rédigé par : Bernique | vendredi 23 septembre 2011 à 23h47