Lorsqu'une grande banque privée suisse familiale, Lombard Odier, existant depuis plus de deux siècles et présente dans 20 pays, donne son avis sur la résolution de la crise européenne, on l'écoute, forcément. Et, plus intéressant, son analyse conforte celles que j'ai développées inlassablement depuis deux ans: la salut de l'Europe ne se trouvera ni dans les eurobonds, ni dans la monétisation, mais dans des faillites en bon ordre.
>> Lire la minute d'auto-satisfaction du Pr. Bénard sur Objectif Eco
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Plutôt que d'envisager une monétisation pure et simple équivalente à un suicide - nous sommes tous d'accord - et pour cela peu probable, pourquoi ne pas envisager le scénario qu'on essaye de nous vendre actuellement qui ressemble à plus à cela :
A court terme : intervention de la BCE sur le marché secondaire sans création monétaire ( d'après ce que j'ai compris sur d'autres sites, en augmentant ses dépôts ou en agissant sur je ne sais quoi, c'est possible ); les obligations rachetées lors d'une envolée fiévreuse des taux sont revendues progressivement, une fois que les taux se sont stabilisés.
A moyen terme : Rigueur budgétaire et celle-ci une fois EFFECTIVE, allocation par la BCE d'une certaine somme issue de la création monétaire. L'idée est de compenser la baisse de la consommation par des investissements en infrastructure - empêchant une dépression et préparant une reprise lointaine - j'en conviens.
D'où ma question : que pourrait-il se passer en cas de création monétaire dans une situation de déflation ? Il doit y avoir un effet pervers, à coup sur...
A long terme :
1/ On se contente simplement avec de nouvelles institutions de contrôler la tentation au parasitisme et on en reste là...
2/ On va encore plus loin et on tente aussi de résoudre les problèmes structurels entre les économies. Autrement dit, fédéralisme...
Rédigé par : Hokno | lundi 19 décembre 2011 à 12h00
@Hokno
La partie court-terme de votre solution est de la création monétaire. Ceux qui veulent jouer sur les mots en disant que cela n'en est pas, et bien, jouent sur les mots. Ensuite, c'est faire le pari que cela va stabiliser les taux et qu'on pourra recontracter la masse monétaire à ce moment là. Mais le problème est que c'est bien l'inverse qui pourrait se produire : si la BCE se met à monétiser ouvertement pour limiter la hausse des taux, cela peut au contraire pousser les taux vers le haut, car quel investisseur voudra acheter à des taux plus bas des bons qui lui seront remboursé en monnaie dévaluée ? Le risque est grand d'entrer dans une spirale l'intervention progressive de la BCE chasse les vrais prêteurs du marché de la dette publique : in fine la BCE pourrait se retrouver seule prêteuse sur ce marché, dont on connait l'importance des montants à refinancer dans les prochaines années : la promesse d'une utilisation limitée de la planche a billet pour endiguer la hausse des taux, se transformerait alors en cercle vicieux conduisant à l'hyper inflation.
Pour votre solution à moyen terme, je vois deux problèmes. Sur la partie rigueur budgétaire : des promesses, encore des promesses, toujours des promesses, par ceux qui ont prouvé qu'ils ne tenaient par leurs promesses. Si un politicien n'est pas capable d'équilibre le budget aujourd'hui, il ne faut pas lui faire confiance pour le faire demain. Des siècles d'histoires nous le confirment. Ensuite, vous voulez compenser les dépenses à crédit pour la consommation par des dépenses à crédit monétisé de surcroît pour l'investissement en infrastructure : la dépense est de la dépense et la dette est de la dette. Dans tous les cas, vous retirez de l'argent du marché pour le dépenser à sa place via la puissance publique. Dans tous les cas cela conduit au malinvestissement, à l'allocation sub-optimale des ressources. Ca n'a pas d'intérêt est c'est encore et toujours les mêmes solutions et promesses.
> que pourrait-il se passer en cas de création
> monétaire dans une situation de déflation
Faire grossir artificiellement la masse monétaire dans une situation naturelle de déflation, c'est essayer à tout prix de contrer la déflation pour l'empêcher de faire sont oeuvre et de rééquilibrer les choses. C'est exactement ce qu'on a fait depuis 2008 : on a empêché la correction déflationniste de faire son effet, moralité les problèmes sont toujorus là, mais plus gros.
Pour dire les choses simplement, gonfler la masse monétaire pour éviter la déflation, c'est créer ou alimneter une bulle. C'est combattre le mal par le mal. C'est confondre le remède (la déflation) et le mal (la bulle).
Enfin pour votre solution long terme sous tendu par la tentation fédéraliste : ce n'est pas en appliquant au niveau supranational les mêmes solutions qui n'ont pas marché et au contraire causé des problèmes au niveau national, qu'on y arrivera mieux. Le problème n'est pas de savoir si on doit décentraliser ou fédéraliser etc ... c'est a dire se poser la question du niveau auquel agir ... Le problème c'est la place de l'Etat, le niveau de la dépense publique et de l'endettement. Vous pouvez avoir ce problème au niveau local, national comme supranational.
Rédigé par : ST | jeudi 22 décembre 2011 à 17h19
Merci de votre réponse.
Une précision néanmoins : La feuille de route proposé par moi-même n'est pas une solution de mon cru et je n'y adhère nullement. J'ai seulement essayer, profane que je suis, de synthétiser la feuille de route que nous propose les politiques aux commandes.
N'est ce pas possible pour la BCE tout en recourant à de la création monétaire de faire en sorte que la masse totale d'argent en circulation n'augmente pas plus vite que la normale ? ...
En "confisquant" la création monétaire faite habituellement par les banques privées en jouant sur les taux directeurs... en obligeant à une augmentation des fonds propres indispensables ?
A moins que les banques, aujourd'hui menacée, sont plus occupée à combler les trous de leurs bilans qu'à prêter...
Concernant la rigueur, je suis de votre avis. Beaucoup de bonnes intentions, des pesanteurs institutionnelles et des habitudes de vie ainsi que les élections prochaines : autant d’éléments faisant qu'elle sera différé tant que le pourra.
Concernant la création monétaire en situation de déflation, si celle-ci est trop importante : à quoi faut-il s'attendre ? Perte de confiance dans la monnaie ? Bank run ?
Rédigé par : Hokno | jeudi 22 décembre 2011 à 19h42