Barack Obama a lancé une polémique aux USA en déclarant à des chefs
d’entreprises que sans l’investissement de l’état, ce qu’ils ont créé
n’aurait pu exister, sous entendant que le mérite des réussites
entrepreneuriales était d’abord celui de l’état. Cette phrase, “you did’nt build that”,
a provoqué l’ire de ses adversaires, puis des contre-réactions tout
autant enflammées de la gauche américaine. En France aussi, il n’est pas
rare de voir socialistes et libéraux s’écharper sur l’utilité
respective de l’action publique et privée, en de stériles débats de la
poule et de l’oeuf dont nous sommes friands.
Public contre privé, quel est le vrai débat ?
La
réflexion du président US est dans la droite ligne du courant de pensée
néo-socialiste qui, sans nier l’importance de l’entreprise privée, contrairement aux socialismes "durs" d'avant guerre,
estime que l’état lui est d’essence supérieure. Ce même courant de
pensée refuse que l’état soit “géré comme une entreprise”, puisque,
alors que le déficit privé conduit à la mort certaine, le déficit public
aurait des vertus économiques qui permettraient de “relancer”
l’économie en crise.
Y-aurait-il
une préséance de l’économie étatique sur l’économie privée ? Cela
place-t-il l’état en dehors des “lois de la gravité” qui régissent
l’économie privée ?
Pour répondre à cette question, évacuons temporairement la nature privée et publique des entreprises et de l’état, et considérons les comme des boites noires comptables, avec un revenu brut (Chiffre d’affaires ou recettes fiscales), des achats extérieurs, et un résultat net de fin d’exercice.
De la création de valeur: valeur pour les clients
Une entreprise crée de la valeur ajoutée pour ses clients, sans quoi elle n’aurait aucune raison d’exister. La valeur ajoutée brute de l’entreprise est égale à ses revenus moins ses achats.
De même, n’en déplaise aux plus anti-étatistes de mes lecteurs, l’état crée de la valeur ajoutée brute, quand bien même on peut trouver qu’il n’en crée pas assez: un voleur arrêté, ou un enfant qui sait lire, sont des preuves de l’existence de valeurs ajoutées brutes par l’état. Et le fait est que pour l’instant, les contribuables ne se révoltent guère, ce qui veut dire qu’ils acceptent de plus ou moins bonne grâce de payer le prix demandé par l’état (au sens large, avec les collectivités) pour cette valeur ajoutée “brute”.
Lorsque M. Obama affirme que sans l’éducation produite par les écoles publiques ou les routes construites par l’agent des villes et états, l’entreprise X n’aurait pu accomplir sa propre création de valeur, on peut lui rétorquer que l’entreprise X doit tout autant aux voitures produites par Ford, aux ordinateurs Dell, aux logiciels IBM, aux batiments d’entreprise “machin”, à l’électricité “bidule”, et ainsi de suite. L’entreprise X est cliente d’autres entreprises et “cliente” des services vendus par le secteur public, elle n’est pas plus cliente de l’état que des autres. Le service public est quant à lui tout ce qu’il y a de plus client d’entreprises telles que Dell, IBM, etc...
Bref, l’état bénéficie de la valeur ajoutée brute crée par les entreprises exactement au même titre que les entreprises bénéficient de la valeur ajoutée brute créée par l’état, ou de celle créée par d’autres entreprises. De ce point de vue, l’état est un apporteur de service comme un autre, qui s’insère au sein d’un système de coopération où chaque rouage contribue à la production de valeur générale. Et il est impossible de prouver que la production de l’état ait plus d’importance pour la population que celle du secteur privé, que l’école soit plus importante que l’alimentation ou l’automobile.
Alors, l’état, une entreprise comme une autre ? Si seulement...
De la création de valeur: fixation de capital pour soi-même
La grande différence entre l’état US (ou Français) d’un côté, et Dell, IBM, et n’importe quelle autre entreprise, est que ces dernières non seulement créent de la valeur pour leurs clients, ce qui est leur raison d’être, mais créent aussi, sur la durée, de la valeur pour elles mêmes, ce qui est la raison pour laquelle elles survivent. Leurs passages à vides (années déficitaires) sont l’exception, les bénéfices sont la règle. Celles qui détruisent trop de valeur meurent et sont remplacées par d’autres, plus performantes, car offrant plus de valeur “brute” pour moins de consommation de ressources.
Ce que Marx appelait le “profit”, en donnant à ce terme une connotation péjorative, est simplement la preuve que l’ensemble des ressources que l’entreprise a consommées pour satisfaire ses clients (achats, salaires, érosion du capital, rémunération des créanciers, et “taxes”, correspondant à ses “achats” à l’état, fournisseur un peu particulier) vaut moins que la valeur estimée de ses services par ces mêmes clients. Ce profit est la valeur ajoutée “ultime” de l’entreprise. Une partie va rémunérer les actionnaires (dividendes), l’autre sera conservée dans l’entreprise, constituant ses réserves.
Comptablement, cela se traduit par une accumulation de fonds propres par les entreprises qui survivent et grandissent, qui compense largement la destruction de capital qui se produit chez les entreprises peu performantes... Prenez n’importe quelle entreprise vivante, ses fonds propres, parfois accumulés sur des dizaines d’années, sont positifs, signe qu’elle a pu créer de la valeur pour ses clients ET pour elle même. Un exemple: si vous additionnez les fonds propres des entreprises du Cac40, vous obtenez un total d’environ 800 Milliards d’Euros.
L’état, destructeur net de valeur
Or, l’état français, lui, selon les documents officiels publiés par le ministère des finances, vient d’accumuler 39 exercices déficitaires (depuis 1974), et encore, la comptabilité de l’état n’est pas aussi sévère que celle d’une entreprise privée, puisque le “déficit” annoncé chaque année ne comprend pas les amortissements de son capital, ce qui explique d’ailleurs la décrépitude des conditions de travail de nombreuses administrations.
Pour comprendre à quel point l’état détruit plus de valeur qu’il n’en crée pour ses “clients”, il suffit de regarder son bilan, que le ministère des finances s’est décidé à publier depuis le milieu des années 2000: en 2010, le bilan de l’état fait apparaître des fonds propres NEGATIFS de 756 milliards d’Euros. Autrement dit, l’état Français a détruit a lui seul a peu près autant de richesses que les entreprises du Cac 40 n’en ont crées.
L’étude des déficits de l’état fédéral américain, et l’état de décrépitude des équipements publics de nombres d’état fédérés, laisse penser que les institutions publiques américaines n’échappent pas à la même critique. Et les hyper-états de l’époque communiste ont largement confirmé empiriquement cette propension des états à détruire leur capital, et par voie de conséquence leur qualité de service.
Tel est la grande différence entre un état et une entreprise:
- L’entreprise crée de la valeur (brute) pour ses clients et consomme moins de ressources, elle est donc CREATRICE NETTE de valeur.
- L’état déficitaire crée aussi de la valeur (brute) pour ses clients, mais consomme plus de ressources, il est donc DESTRUCTEUR NET de valeur.
La
plupart des états contemporains détruisent de la valeur, seule leur
force coercitive leur permet de prélever l’impôt et de ne pas déposer le
bilan, comme le ferait n’importe quelle entreprise dans la même
situation comptable.
Conséquences économiques d’un état fortement destructeur de valeur
L’état
est donc comparable à une entreprise mal gérée qui subirait un sauvetage
permanent, par l'impôt et l'endettement. Cela ne vous rappelle rien ? Ah oui, les grandes banques...
De même que le sauvetage de ces dernières est fort justement critiqué
parce qu’il récompense les mauvaises entreprises destructrices de valeur
au détriment des bonnes, ralentissant de ce fait la création de valeur
nette par les agents économiques vertueux, le bailout
permanent de l’état par le contribuable récompense un agent économique
qui détruit de la valeur nette au détriment de ceux qui en créent.
L’état ? C'est la destruction de valeur du Crédit Lyonnais plus Dexia...
Multipliés par 100 !
Et voilà pourquoi de nombreuses études récentes ou anciennes (comme celle ci, portant sur la période 1961-1998, citée sur mon blog en 2004)
montrent une assez forte corrélation négative entre le poids de l’état
dans une économie de l’OCDE et la croissance du PIB: prendre l’argent
aux meilleurs pour le donner aux nuls rend plus difficile la création de
valeur nette...
Conséquences sociales
Pire
encore, la notion de “valeur ajoutée” brute, dans le cas de l’état, est
de plus en plus évanescente. Car avouez le, sans la peur du percepteur,
vous ne payeriez pas de votre plein gré pour des services aussi
médiocres. L’état, qui tient ses clients captifs et qui n’est pas
sanctionné économiquement pour sa destruction de valeur, n’est pas
“naturellement” incité à améliorer ses prestations. Et comme en France,
il n’y a pas d’aiguillon politique fort capable de remplacer la pression
du résultat économique, l’état ne compte que sur la conscience
professionnelle de ses meilleurs agents et dirigeants pour progresser:
cela est hélas très insuffisant.
Pire,
la qualité de service se dégrade alors que son prix augmente. Ainsi,
entre 1973 et 2010, l’état a fait passer sa dépense de 36% à 56% du PIB .
Entre temps, l'illettrisme a progressé, le classement des écoles et des
universités françaises dans les comparaisons internationales tombe
année après années, l’équipement de nos hopitaux ne soutient plus la
comparaison avec la moyenne de l’OCDE (souce: OCDE), le nombre de victimes officiellement recensées d’actes de violence a été multiplié par 4 (source Insee),
sans parler de ceux qui n’osent plus porter plainte, et le chômage,
dont l’état était censé s’occuper pour notre bien, a été multiplié par
15. Liste hélas très loin d’être exhaustive.
Conclusion : la privatisation des services de l’état, une nécessité
Barack
Obama se trompe: les services de l’état n’ont rien de magique par
rapport à ceux des entreprises, ils ne créent pas plus de valeur a
priori, mais leur expansion tend à rendre plus difficile l’activité des
entreprises privées concurrentielles, du moins celles qui agissent sans
bénéficier du copinage public. Voilà pourquoi il convient de privatiser
la plupart (*1) des structures supposées apporter un “service”, c’est à
dire une valeur brute, aux contribuables.
En
France, ces privatisations pourraient concerner les écoles, l’assurance
maladie, les prestataires de santé, les transports urbain et
ferroviaires, l’agence France-Trésor, les banques publiques
d’investissement, les ports, aéroports, réseaux routiers longue et
moyenne distance, les musées, etc... Rien ne s’oppose techniquement à
leur privatisation, seuls des préjugés idéologiques et l’intérêt
matériel bien compris de ceux qui vivent très bien de leur inefficacité
oeuvrent en faveur du statu quo.
Cette privatisation, sous réserve qu’elle crée une véritable mise en concurrence des offreurs de service (et
non une “fausse privatisation” comme celle de l’eau, par exemple, qui
n’a fait que distribuer des prébendes à des monopoles privés complices
de l’état et des villes) forcera nombre de stuctures ex-publiques à redevenir créatrices nettes de valeur ou à être remplacées par d’autres. Ainsi, nous bénéficierons de beaucoup plus de valeur offerte pour beaucoup moins cher payé !
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En Résumé
- L’état n’est qu’un offreur de services parmi d’autres, juste un peu plus gros que les autres pour des raisons historiques
- Les services de l’état n’ont rien de magique. Ils ont une valeur et un prix de revient, comme ceux des entreprises privées.
- Les entreprises privées arrivent à vendre leurs services en fixant du capital: ce mode de création de valeur est soutenable
- L’entreprise “état” détruit plus de valeur qu’elle n’en crée de façon continue: ce mode de création de valeur n’est pas soutenable
- Le comblement du gouffre financier de l’état par l’emprunt ou l’impôt n’est économiquement pas supérieur au sauvetage d’une banque mal gérée par le contribuable. Ce sont deux actions économiquement tout à fait similaires et nuisibles
- Ceux qui affirment que le déficit public est économiquement producteur de richesses sont soit des incompétents, soit des escrocs intellectuels
- La privatisation des services actuellement rendus par l’état ne peut qu’augmenter leur valeur perçue, tout en en diminuant leur prix de revient
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(*1) Note:
Hors du champ de cet article, la bataille fait rage entre libéraux
classiques et anarcho-libéraux pour savoir si les services comme l’armée
et la police peuvent être intégralement privatisés. Ma réponse (détaillée ici)
est non, même si des pans de ces activités peuvent être sous-traités au
privé. En deux mots: les outils du marché ont été conçus pour remplacer
avantageusement la prédation par l’échange, mais de ce fait ne sont pas
à mon sens de bons régulateurs de ceux qui continuent de préférer la
prédation.
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Lire également :
Gérer l'état comme une entreprise, une révolution urgente
L’état ne crée pas de richesses, il les détruit
(PDF) Bilan de l'état français fin 2010, source: ministère des finances.
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Les articles de la série « L’économie du bon sens » :
- L’économie du bon sens (1) : L’économie ou la mort
- L’économie du bon sens (2) : La Valeur Ajoutée, concept clé de l’économie
- L’économie du bon sens (3) : Pourquoi l’État intervient-il dans l’économie ?
- L’économie du bon sens (4) : La croissance économique, pour quoi faire ?
- L’économie du bon sens (5) : Croissance plus contre croissance mieux, ou l’erreur Keynesienne
- L’économie du bon sens (6) : L’état est il la source du succès des entrepreneurs ?
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Bonjour Mr Bénard,
Je lis toujours avec plaisir vos billets qui sont toujours très clairs, précis, et argumentés.
Etant libéral, je suis d'accord avec l'idée que les déficits ne peuvent pas, sur du moyen ou long terme, engendrer de la croissance.
Mais comment concilier cette position économique orthodoxe avec les nouvelles des USA qui montrent un chômage en recul depuis deux mois, de façon assez nette, ainsi qu'une reprise de la croissance ? Les faits semblent aller à l'encontre de la théorie (parce que si j'ai bien suivi, l'administration Obama n'a fait que déverser des fleuves d'argent gratuit dans le système, ajoutés à une poursuite d'un endettement stratosphérique). Le keynésianisme serait donc finalement efficace ??
Est-ce la position particulière du dollar par rapport au reste du monde qui peut expliquer ce résultat contre-intuitif ? N'ayant qu'une culture limitée en économie, je m'interroge...
Rédigé par : MarcusVinicius | vendredi 02 novembre 2012 à 12h48
@ MarcusVinicius
Imaginez que vous soyez à la tête d'un pays qui peut augmenter fortement son endettement sans que cela fasse monter les taux d'intérêt (*). En cas de crise, vous vous mettez à emprunter d'énormes sommes d'argent et vous utilisez cet argent pour embaucher des fonctionnaires. Le chômage baisse.
Ou alors, plutôt que d'embaucher direzctement des fonctionnaires, vous dépensez cet argent autant que possible. Cet argent sera versé à des entreprises, qui embaucheront (ou ne licencieront pas), ce qu'elles n'auraient pu faire sans les nouveaux marchés attribués par l'état. A leur tour, ces entreprises dépenseront cet argent frais en fournitures, salaires etc., ce qui donnera un surplus d'activité aux autres entreprises, qui à leur tour etc. ("multiplicateur keynésien"... Dont personne ne peut prouver qu'il est supérieur à 1).
Résultat: le chômage baisse.
Il baisse jusqu'au jour où il faudra rembourser ses dettes. Ce jour là, il faudra d'une façon ou d'une autre augmenter les prélèvements. Ces prélèvements vont alors constituer un fardeau pour l'économie et le chômage repartira à la hausse.
Mais ce n'est pas grave, car ce jour là ce ne sera plus vous qui serez au pouvoir, et avec un peu de chance, ce sera vos adversaires, et vous pourrez leur mettre la hausse du chômage sur le dos.
Donc oui, la relance keynésienne peut "marcher" à court terme. Mais au prix d'une future récession.
Les keynésiens vous diront que cela permet d'amortir, de lisser les chocs économiques dans le temps.
Les libéraux vous diront que globalement, à long terme, cela a un effet négatif, car on a alors empêché la purge économique de se faire, et donc la destruction créatrice schumpeterienne de se faire. De plus, ce genre de politique peut amener à la création de bulles, vouées à éclater. Et donc au final à amplifier les dégâts sur le long terme (par exemple lorsque le gouvernement US a baissé ses taux suites à l'éclatement de la bulle des dot com, cela a conduit à la création d'une bulle dans l'immobilier, qu'on a combattu par l'endettement des états, ce qui nous a conduit dans la crise de surendettement des états actuelle).
D'autre part, lorsque l'état s'endette, il y a également un effet d'éviction: ce qui est emprunté par l'état ne peut plus l'être pour les agents privés... Ou alors vous créez de la monnaie ex nihilo, ce qui finira tôt ou tard par se traduire par de l'inflation (**).
Bon tout cela est simplifié, mais c'est l'idée.
(*) Les USA peuvent augmenter significativement leur endettement sans faire monter leur taux d'emprunt car les bons US constituent une valeur refuge, surtout en période de crise, et/ou lorsque l'état incite/oblige à acheter des bons du trésors par diverses techniques.
(**) Le dollar constituant la monnaie internationale, ils peuvent se permettre de créer de la monnaie ex nihilo sans que cela se traduise par une forte inflation domestique.
Rédigé par : Mateo | vendredi 02 novembre 2012 à 19h19
L'efficacité d'une économie repose essentiellement sur l'existence d'un tissus d'entreprises performantes, compétitives, innovatrices et de ressources humaines compétentes. La disponibilité de ressources naturelles importantes est un plus. De telles économies bénéficient, de plus, d'une attractivité qui attirent les capitaux. Tout cela est indépendant des manipulations monétaires et des artifices budgétaires. L'économie des USA répond assez bien à ces conditions.
La théorie Keynésienne envisage le cas de récession, et propose une politique de grands travaux publics venant en relais de l'activité privée, financée par le déficit public, et dont par l'endettement public. Cette démarche n'est susceptible de réussir que si trois conditiona sont réunies.
1 Elle ne peut s'appliquer qu'à un espace économique fermé, protégé par de puissantes barrières douanières, et ne réalisant que peu d'échanges avec l'étranger. Dans ces conditions, l'argent public finançant de grands travaux crée des revenus du travail et du capital qui vont se recycler plusieurs fois dans des échanges commerciaux et produire un effet multiplicateur. En économie ouverte, et encore plus en économie mondialisée, cette stratégie est inopérante, car l'argent public déversé se dilue dans des échanges avec le monde entier, et c'est un gaspillage pur et simple.
2 Le déficit ne doit servir qu'à financer des investissements publics, qui vont accroitre la performance économique globale de l'espace considéré. On crée ainsi les conditions d'un retour à la croissance qui doit permettre un désendettement public ultérieur.
3 La démarche doit être momentanée, le temps du retour à une croissance qui permettra le désendettement.
De tout cela, on peut conclure que le keynésianisme est une doctrine obsolète en économie mondialisée. D'autre part, les politiques de déficit budgétaire chronique et déconnectées de grands programmes d'investissements n'ont rien de keynésien, mais ne traduisent que laxisme et incompétence.
Rédigé par : jean-michel bélouve | vendredi 02 novembre 2012 à 19h46
...
Rédigé par : jean-michel bélouve | vendredi 02 novembre 2012 à 19h47
@MarcusVicinus:
En dollars constants, le PIB/ tête US est toujours inférieur à celui de 2007 (2006: 43743$ / 2012: 43229), Le nombre de personnes employées est passé de 146 millions à 142 (seules des manipulations sur la "population active" rendent le taux de chômage présentable).
Dans le mmême temps, la population a continué de croitre, de 304 à 314 millions. Le ratio actifs/inactifs se dégrade donc à la vitesse grand V.
Ajoutons que l'ObamaCare, pour des raisons expliquées ici par Mish Shedlock, provoque un "boom" des emplois à temps partiel, réduisant certes le nombre de chômeurs, mais au détriment du revenu moyen des salariés.
http://globaleconomicanalysis.blogspot.fr/2012/11/obamanamics-explained.html
Il est vrai que la population employée a repris des couleurs en 2012 (+2M), mais ce fut très long à se décider, c'est la première fois qu'une reprise est aussi lente à se manifester, et à un taux si faible.
Cette brillante réussite a été acquise pour le prix modique de 6000 milliards de dollars de dette supplémentaire, soit +30% du PIB, ou +60% de la valeur de départ, pendant le règne d'Obama (et +40%/+78% en tenant compte de la désastreuse dernière année de Bush)
Je vous laisse calculer le surcroit d'intérêts que cela représente.
Tôt ou tard, cette "sur dette" devra être remboursée. Soit l'économie se libère (hypercroissance), soit elle replonge, si l'endettement ainsi contracté se révèle non soutenable.
On ne peut pas acheter de croissance durable par l'explosion du crédit.
Rédigé par : vincent | vendredi 02 novembre 2012 à 23h28
Ok, merci.
Rédigé par : MarcusVinicius | samedi 03 novembre 2012 à 09h17
Pris d'une crise de folie, l'anti-spam de mon blog a censuré certains commentaires pourtant parfaitement valides. Toutes mes excuses à Mateo et JM Belouve pour la gêne occasionnée
Rédigé par : Vincent | samedi 03 novembre 2012 à 10h58
La limite à la privatisation se situe là où un monopole, pour des raisons techniques, rend le service plus efficace.
Dans ce cas, soit il est confié à l'Etat -- avec tous les risques d'inefficacité et de complaisance inhérents au fonctionnariat ; soit il est confié à un concessionnaire privé, avec tous les risques de connivence et de corruption propres aux relations entre l'Etat et les grandes entreprises monopolistiques, susceptibles d'annuler l'avantage théorique de l'entreprise privée.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 04 novembre 2012 à 23h47
@Robert : D'accord,
mais je ne suis pas sûr que nous donnions au terme "technique" le même périmètre.
Pour ma part, j'estime que le "core business" de la police et de l'armée ne sont pas privatisables, pour des raisons "sociologiques". J'ignore si vous englobez le "sociologique" dans le "technique".
Mais c'est juste pour pinailler.
Rédigé par : Vincent | lundi 05 novembre 2012 à 08h09
@ MarcusVinicius
Je rajouterais une chose: amusez-vous à calculer combien chaque création nette d'emploi a coûté en terme d'augmentation de la dette. ;)
Rédigé par : Mateo | lundi 05 novembre 2012 à 11h50
Alors que le maire ecologiste de Sevran voit ses demandes de prêts rejetés par les banques et lance un SOS vers l'etat sous peine de déclarer sa commune en faillite.
On apprend que la Banque Postale, comme par hasard, ouvre une offre de crédit de plus de 4 milliards d'Euros pour les collectivités locales.
Cette fuite en avant de la dette est suicidaire.
Les épargnants devraient massivement retirer leurs économies de La Poste, pour les placer chez HSBC ou Barclay.
Rédigé par : richard | jeudi 08 novembre 2012 à 17h56
Vincent,
D'accord pour la police et l'armée, et la justice, et la diplomatie... Pour moi ça doit rester dans l'Etat.
Quand je parlais de monopole technique, c'est là où ça se discute, dans la zone grise : l'électricité, le train...
Le train est un bon exemple. Il y a des cas où le privé est efficace pour faire rouler les trains (les débuts du chemin de fer en France et aux Etats-Unis). Il y en a d'autres où le public est efficace (la SNCF de la grande époque, la Suisse depuis un siècle).
Il y a encore d'autres cas où on sait que la situation est inefficace, mais où c'est difficile d'attribuer la faute au public ou au privé, parce que les deux sont mélangés de façon indémerdable !
C'est le cas en Angleterre, traditionnel argument des anti-libéraux pour prétendre que le libéralisme ne marche pas. Mais l'usine à gaz anglaise se compose de plusieurs compagnies privées qui font rouler les trains, plus une compagnie qui possède les rails, et qui est une espèce de machin faussement privé à statut spécial qui n'a pas le droit de faire des profits, donc qui est, en pratique, public.
Il est bien difficile de dire si le fait que le train anglais est pourri (ce qui est assez largement reconnu) est dû à la présence du privé, à la présence du public, à la présence de plusieurs compagnies de train différentes, à l'attribution des trains et des rails à des entreprises séparées, au statut hybride de l'entreprise qui possède le réseau, ou encore à d'autres facteurs.
Un intéressant résumé historique de la nationalisation des chemins de fer en Suisse :
http://www.cff.ch/groupe/entreprise/historique.html
D'ailleurs, plutôt que de lire d'interminables discussions théoriques sur le sexe des anges libéraux (je ne parle pas de ce blog...), j'aimerais bien lire des études pratiques et concrètes sur ces entreprises de la zone grise, qui évaluent l'efficacité comparée des systèmes publics, privés, ou mixtes ayant réellement existé.
Je ne pense pas qu'on puisse avoir de position dogmatique a priori sur les secteurs d'activité à monopole naturel.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 14 novembre 2012 à 01h24
Autre secteur d'activité de la zone grise à monopole naturel : le téléphone.
Entre 1945 et 1960 (au doigt mouillé), le réseau téléphonique français (public) était moins performant que le réseau téléphonique américain (privé, sauf erreur de ma part).
C'était l'époque du 22 à Asnières, où la moitié de la France attendait le téléphone et l'autre moitié attendait la communication. En ce temps-là, il était courant de faire intervenir un ministre ou un député (pour ceux qui avaient la chance d'en avoir parmi leurs relations) pour avoir le téléphone sans attendre un an.
Puis, entre 1960 et 1980, le téléphone français (public toujours) est devenu plus performant et techniquement plus avancé que le téléphone américain. Il restait, aux Etats-Unis, des villages entiers qui devaient se partager une seule ligne téléphonique commune (on décrochait le téléphone, et s'il n'y avait personne d'autre qui parlait, c'était bon, on pouvait y aller). Chose absolument impensable en France à cette époque.
Puis, la donne a encore changé avec l'avènement du portable et d'Internet, en faveur du privé (mais avec, désormais, des problèmes d'oligopole, de concession de licences, de création forcée de concurrence par l'Etat, etc : voir l'arrivée de Free dans le portable).
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 14 novembre 2012 à 01h39
Ha ! Encore un com qui a été bouffé par l'anti-spam velu, après avoir été publié une première fois avec succès. Je suppose qu'il est caché à la cave.
Rédigé par : Robert Marchenoir | mercredi 14 novembre 2012 à 01h41
@Robert:
Pour les chemins de fer suisses, naviguez dans
www.rprudhomme.com
et trouvez le PDF qui traite du sujet. Vous verrez que c'est moins mauvais que la SNCF mais pas top. Ceci dit, le cout moyen du km de voie en suisse est incommensurablement plus élevé qu'en France (montagnes partout).
Entre 60 et 80, le téléphone US était un quasi monopole de AT&T corp, fondé par Graham Bell. C'est en 82 ou 83 que ATTC perd un procès anti trust qui la coupe en 7 et permet l'arrivée de concurrents.
Rédigé par : Vincent | mercredi 14 novembre 2012 à 20h15
@ Robert Marchenoir
Certes, les PTT des années 60-70 ont fait passer le réseau téléphonique obsolète des années 50 à l'ére de l'électronique. Je me souviens qu'en 1971, ayant acquis un logement neuf à Marly-le-Roi, j'ai du payer la somme de 20000 francs aux PTT d'Etat pour obtenir le raccordement ! C'est donc grâce à un véritable rackett que l'Etat a modernisé le réseau. Pensez-vous que des opérateurs privés auraient été incapables de mettre en oeuvre les technologies modernes, et à un bien meilleur coût ?
Rédigé par : jean-michel bélouve | lundi 26 novembre 2012 à 11h04
Je me contente de constater les faits. Les 20 000 F que vous avez payés ne sont nullement représentatifs de ce que coûtait une ouverture de ligne à l'époque. C'est une exception.
Si vous avez payé une somme aussi astronomique, c'est, je suppose, que vous étiez loin du réseau.
Si vous construisez aujourd'hui une maison au milieu de nulle part à un endroit éloigné de l'eau courante et des lignes EDF, je suppose que vous paierez aussi ce type de somme, voire davantage.
Et si mon hypothèse est exacte, oui, certainement, vous auriez payé aussi cher avec un opérateur privé, voire il ne vous aurait pas desservi du tout.
On a beaucoup parlé de racket rétroactivement pour les PTT, mais cela ne correspond pas à la réalité. Le scandale, s'il scandale il y a, se situait dans la pénurie de lignes, dans la possibilité de faire intervenir un piston politique pour avoir une ligne plus vite, et dans l'impossibilité de contester les erreurs de facturation.
Vous ne pouvez pas juger les prix de l'époque en fonction des prix d'aujourd'hui. C'est un peu comme si vous disiez que le prix des ordinateurs était scandaleusement élevé en 1980, en les comparant aux prix actuels.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 30 novembre 2012 à 19h24