La question du travail dominical rebondit avec la récente décision de la cour d’appel de Versailles
d’interdire à la chaîne Bricorama d’ouvrir le
dimanche autour de Paris. Passons sur le caractère injustement discriminatoire de la loi
ici invoquée par le tribunal: les concurrents de Bricorama, la plupart
détenus par de grands groupes de distribution, peuvent rester ouverts
parce qu’ils sont implantés dans des “PUCE”, “Périmètres d’Usages de Consommation Exceptionnelle” (Seule la bureaucratie française pouvait créer un tel chef d’oeuvre d’ “art administratif”),
alors que l’indépendant Bricorama a choisi de répartir des magasins
plus petits selon un maillage plus fin, mais hors zones privilégiées
par l’administration.
Pour
sortir de cette situation injuste, certains commentateurs estiment que
la loi “devrait rajouter le bricolage” parmi les exceptions à
l’obligation de fermeture dominicale des commerces, au même titre que le
jardinage. Mais cette façon de procéder ne fait que... bricoler des
lois mal faites en leur ajoutant des exceptions bancales. Allons au delà
du cas Bricorama: ce sont tous les magasins qui devraient être
autorisés à ouvrir le dimanche, selon les souhaits de leurs
propriétaires. Ce n'est pas à l'état de décider qui a le droit ou pas le droit d'ouvrir selon des critères abscons et pour le moins peu transparents. Analysons plus en détail les implications de l'ouverture dominicale des commerces.
Les bénéfices de l'ouverture dominicale
Les
bénéfices économiques de l’ouverture généralisée des commerces le
dimanche seraient indiscutables, quand bien même cela n'est pas intuitif
de prime abord. Les sceptiques affirment que l’extension des plages
d’ouverture ne créera pas de demande supplémentaire, et que le chiffre
d’affaire des magasins, réparti sur plus de jours, fragilisera les
petits commerces, incapables de rémunérer plus de force de vente pour un
volume d’affaires identique.
C’est
oublier que la valeur ajoutée des commerces réside autant dans les
produits qu’ils vendent que dans leur capacité à les mettre à la
disposition des acheteurs. Autrement dit, la mise à disposition
elle-même crée une valeur à la quelle les consommateurs sont sensibles.
Sans quoi, pourquoi ne pas ouvrir les magasins seulement sur trois ou
quatre jours, puisque le chiffre d’affaires serait soi disant insensible
à la durée d’ouverture des magasins ?
Le
surcroît de valeur créée par l’ouverture dominicale présente l’intérêt
de ne pas requérir d’investissement complémentaire en surfaces de ventes
: de même qu’une usine tournant en trois-huit rentabilise mieux ses
équipements qu’une autre qui ne fonctionne que huit heures par jour,
rentabiliser une installation commerciale sur 7 jours au lieu de 6
permet de réduire certains coûts fixes liés à l’acte de vente. Il en
résulte que les commerçants concernés, sous réserve que leur offre
trouve preneur, peuvent distribuer plus de revenus soit à leurs salariés
existants sous forme d’heures supplémentaires, soit à de nouveaux
salariés intéressés par le travail en week-end, tels que les étudiants,
par exemple, qui voient là autant d’opportunités d’améliorer leur
pouvoir d’achat, lequel ira à son tour irriguer l’économie.
Des acheteurs en meilleure position vis à vis des vendeurs
Si
gagner 16% de temps d’ouverture passera pour un gain “faible” du point
de vue des vendeurs, l’ouverture dominicale constitue en revanche un
gain bien plus important pour les acheteurs. Du point de vue d'une
personne travaillant du lundi au vendredi, et disposant donc d'un temps
théorique de 2h par jour de semaine, et de 12 heures le samedi, pour
effectuer ses achats, soit 22 au total, le fait d'ajouter une plage
d'ouverture de 12 heures le dimanche augmente son temps "de chalandise"
de plus de 50 % (34 heures au lieu de 22). Pour nombre de ménages, voilà
qui crée une sérieuse opportunité pour pouvoir optimiser les achats en
fonction des goûts et du budget. Si le terme n'avait été réduit à sa
connotation financière, on pourrait parler "d'augmentation du pouvoir
d'achat", au sens de “pouvoir mieux acheter”.
Comme
dans tout processus de réallocation de ressources, les ménages
profitant de l'aubaine achèteront mieux, détournant une part de leur
budget de consommation vers des producteurs plus efficaces, et les
ressources qu'ils économiseront de ce fait pourront leur permettre
d'envisager des achats ou de l'épargne qu'ils n'auraient pu espérer
sinon. L’ouverture dominicale, du point des vue des consommateurs que
nous sommes tous, est indiscutablement un choix gagnant.
Ceci dit, il convient de mettre en face de ces gains les objections courantes qui sont opposées à l’ouverture dominicale.
“Cela va tuer le petit commerce”
Affirmer
que le petit commerce souffrira de sa moindre capacité à s’adapter
contre les grandes surfaces est abusif : les petits commerces qui ont
survécu aux grandes surfaces sont ceux qui ont su démarquer leur offre
de celles des hypers. Beaucoup de ces petits commerces ont d’ailleurs
migré dans les allées des galeries commerciales de ces grandes surfaces,
offrant à nombre de salariés des opportunités d’emploi qui n’auraient
pas été possibles sans cela : ces commerces là ont tout intérêt à
l’ouverture dominicale.
Certains
affirment que les commerces de centre ville pâtiront de cette
concurrence des grandes galeries périphériques : c’est déjà le cas dans
de nombreuse villes, et il faut sans doute en chercher les causes dans
l’affligeante stagnation des revenus disponibles après taxes que connaît
notre pays, ou dans les politiques autophobes menées par nombre de
municipalités – No parking, no business… Ainsi,
à Paris, l'économiste Rémy Prud'homme a publié des travaux montrant les
conséquences des politiques autophobes de l'équipe Delanoë sur la
vitalité de l'économie locale (PDF).
Accuser systématiquement la concurrence des grandes surfaces d’être le
seul problème que vite le petit commerce est un moyen pour les politiciens de détourner
l’attention de leurs choix politiques les plus discutables (un autre exemple plus anecdotique chez H16).
Bien au contraire, de nombreux économistes (comme Cahuc et Zylberberg, cités ici)
ont montré que le petit commerce tire mieux son épingle du jeu dans
les zones où la concurrence entre grandes surfaces fait baisser les
prix, puisque les ménages ont plus d’argent à consacrer au “commerce de
niche”. Malheureusement, les lois Raffarin et Galland de la fin des
années 90, s’ajoutant aux lois Royer des années 70, ont cassé cette
dynamique, augmentant les marges des distributeurs établis, empêchant
les nouveaux entrants de s’installer, et par conséquent, réduisant la
part du budget des familles pour les achats moins “standardisés”. Une
réouverture de la concurrence entre grandes surfaces redonnerait donc
largement au petit commerce le bol d’air qui lui permettrait de négocier
le virage de l’ouverture dominicale avec sérénité.
“Cela va faire monter les prix”
Il
existe un risque que certains commerces soient enclins à augmenter
leurs prix, tout simplement parce que leurs coûts variables
augmenteraient plus vite que leurs coûts fixes ne diminueraient du fait
de l'allongement des durées d'utilisation des locaux : il faut bien
payer le personnel qui travaille le dimanche ! De fait, le travail
dominical, dans certains pays (Canada, Suède, Pays Bas), s'est révélé
légèrement inflationniste au début, avant que la nouvelle concurrence
générée par la redistribution des cartes ne force les choses à revenir
dans l'ordre.
Dans
ce cas, il conviendra pour les magasins de savoir si leurs clients sont
prêts à payer plus cher pour pouvoir faire leurs achats à un moment qui
leur convient plutôt mieux, et de moduler leurs horaires en fonction de
leurs analyses. Puis la concurrence, si elle existe, les forcera à
trouver les moyens de ne pas faire supporter la facture à leurs clients,
en augmentant leur productivité. Toutefois, les limitations actuelles
de cette concurrence (cf. Plus haut) pourraient réduire cet avantage à
néant. L’ouverture dominicale sera d’autant plus efficace qu’elle
s’inscrira dans un cadre concurrentiel amélioré.
“Cela va transformer les employés des commerces en esclaves”
Ceci
dit, les arguments de nature sociale de certains opposants au texte ne
sont pas à négliger. Il est évident que même en intégrant des garde-fous
à un éventuel texte de loi, une partie des salariés travaillant le
dimanche le fera contrainte et forcée par la peur d’être mal vue de sa
hiérarchie et d’en souffrir professionnellement, quand elle ne subira
pas “d’amicales pressions” pour accepter des horaires très flexibles.
Mais ces comportements d’employeurs peu respectueux des contraintes de leurs salariés existent déjà en semaine. Le
risque de voir ces comportements étendus au dimanche doit-il servir de
prétexte à empêcher le travail dominical sur une base volontaire ? Les
peurs des uns doivent elles brider les opportunités des milliers
d’autres qui seraient heureux de trouver un job de fin de semaine ?
Certainement pas.
Le
meilleur moyen de lutte contre les quelques employeurs aux tendances
esclavagistes est de créer les conditions d’un marché du travail
dynamique, dans lequel les salariés s’estimant mal traités ont
l’opportunité de voter avec leurs pieds en changeant facilement
d’emploi.
Malgré
leurs difficultés actuelles, les économies anglo-saxonnes ont su plus
que la nôtre développer une culture du respect mutuel entre employeurs
et salariés, parce qu’il est plus difficile pour un mauvais patron de
conserver ses employés. L’ouverture dominicale, à elle seule, ne saurait
suffire à créer une telle dynamique. Mais en augmentant le besoin de
main d’œuvre dans les commerces, elle participera au développement de
nouvelles opportunités d’emplois qui permettront d’améliorer la position
des salariés par rapport à leurs employeurs.
“Et mon jour de foot ? Et mon jour du seigneur ?”
Enfin,
certains arguent que l'ouverture dominicale sonnerait le glas de
nombreuses activités familiales actuellement fortement concentrées sur
le dimanche. Outre que cela ne devrait pas être perçu comme un problème
si cela résulte de libres choix des familles –
Mais nos élus sont tellement habitués à vouloir faire notre bonheur
malgré nous que l'on ne s'étonne plus d'une telle rhétorique
-- l'argument est d'une insigne faiblesse: en étendant la plage
accessible aux ménages pour le shopping, l'ouverture dominicale permet
aux ménages qui le souhaitent de redistribuer sur d'autres jours de la
semaine des activités actuellement plus concentrées sur le dimanche. La
liberté crée des opportunités, elle n'en supprime pas.
La
question du culte relève clairement de cette logique. Rien
n'empêcherait une église de s'adapter aux évolutions des populations et
de répartir ses activités sur d'autres plages. Si le poids de la
tradition religieuse l'empêche d'accomplir une telle réforme, tant pis
pour elle. L'immense majorité de non pratiquants que compte le pays n'a
pas à supporter des contraintes législatives imposées par quelque groupe
religieux que ce soit, et ce débat dépasse très largement le cadre du
seul travail dominical !
“Et ailleurs ?”
D'une
façon générale, le gain économique du travail dominical est réel mais
pas spectaculaire. C'est plutôt un petit pas dans une bonne direction.
Mais un petit pas statistique n'en reste pas moins une grande bouffée
d'oxygène pour ceux qui peuvent améliorer leurs revenus ou leur
condition salariale de cette façon.
Les études exhaustives du phénomène en Europe sont relativement difficiles à trouver. Citons deux exemples.
En
1996, les Pays-Bas ont laissé les municipalités décider d'autoriser ou
non l'ouverture du dimanche. La mesure, analysée 10 ans après par le
ministère néerlandais de l'économie (Dijgraf Gradus, 2005),
a été jugée favorable à la croissance, et aucune cannibalisation
réellement significative des commerces des zones fermées par les zones
ouvertes n'a été observée.
Une étude Allemande portant sur les disparités réglementaires géographiques et dans le temps (Kirchner – Painter, 1999),
montre qu'économiquement parlant, les meilleurs résultats sont atteints
lorsque commerçants et salariés sont libres de négocier l'ouverture
dominicale sur des bases contractuelles individualisées. Toutefois,
lorsque politiquement, une telle liberté est difficile à faire voter, la
décentralisation au niveau des aires communales de la réglementation de
l'ouverture dominicale donne tout de même de bons résultats, car la
souplesse permise alors permet aux communes de s'adapter aux évolutions
de leur électorat, et d’évaluer la pertinence de leurs décisions à
l'aune des performances des collectivités voisines ou plus lointaines.
Et si l'on décentralisait ce type de décisions ?
Ces
deux exemples du nord de l'Europe nous montrent qu'à défaut d'unicité
territoriale de la loi, de bons résultats peuvent être obtenus en
laissant chaque collectivité locale décider démocratiquement ce qui lui
conviendra le mieux.
Même
si une libéralisation générale du droit de l'ouverture dominicale
serait la meilleure solution, car plus respectueuse des libertés de
travailler et d'entreprendre, un pis-aller, en cas d'opposition
politique incontournable de notre parlement, consisterait à mettre en
concurrence les collectivités et de leur laisser décider localement de
la réglementation applicable, pour que les bonnes expériences puissent a
la longue s'imposer.
Une
telle méthode dans la réforme est évidemment contraire à notre
tradition jacobine ultra-centralisatrice. Pourtant, cela serait une
bonne occasion de jeter les bases d'une décentralisation bien plus importante des décisions de politique économique et sociale,
ce qui constituerait sans doute un moyen de faire sauter bien des
blocages qui minent encore la société française, faute de pouvoir faire
accepter nationalement une évolution très libérale de notre cadre
législatif.
La
question du travail dominicale aurait été un excellent thème pour
expérimenter une véritable concrétisation du mouvement de
décentralisation commencé en 1982 avec de bons principes mais hélas bien mal réalisé dans les faits.
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Lire également :
La grande distribution, un atout pour le petit commerce
Décentraliser les politiques sociales, une nécessité
Mes lecteurs les plus anciens auront noté que j’ai largement recyclé un ancien article traitant du même sujet
en l’adaptant au contexte actuel. C’est tout le problème d’avoir écrit
sur à peu près tout: se renouveler est difficile ! Alors je ressuscite
de vieux écrits au gré de l’actualité, en les retouchant à peine.
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Les arguments des anti-dimanchistes sont d'une mauvaise foi en béton armé.
Les anti-dimanchistes se répartissent en deux catégories : les gauchistes et les catholiques. Le plus curieux est qu'ils ont à peu près les mêmes arguments. Plus curieux encore : les catholiques n'utilisent pratiquement jamais l'argument religieux.
Ils ne disent jamais : les catholiques doivent aller à la messe le dimanche, donc il faut interdire le travail ce jour-là. Ils ne disent pas non plus : le dimanche doit être consacré à honorer le Seigneur, et non à travailler. Ils disent: le travail le dimanche porte atteinte à la vie de famille (argument qui n'a rien de particulièrement catholique, et qui est d'ailleurs faux).
Je me permets de reproduire ici un échange auquel j'ai participé sur le blog catholique le Salon Beige, que je crois révélateur.
Suite à un billet sur Bricorama, plusieurs commentateurs expriment tout d'abord leur opposition au travail dominical :
"Si la baisse du CA du dimanche suffit à faire fermer le magasin, c'est qu'ils sont déjà très mal gérés et à l'agonie : ce président est donc un incapable qui gère des incapables. Il devrait laisser la main à quelqu'un de compétent..."
[L'Etat fait tout pour que les entreprises échouent, mais si elles échouent, c'est la faute du patron.]
Rédigé par : PK | 1 nov 2012 11:28:09
"Il faut arrêter ce délire qui consiste à brandir, à chaque fois qu'on veut interdire le travail le dimanche, la menace du chômage ! Si les gens ont vraiment besoin de Bricorama, ils iront faire leurs achats en semaine !"
[Le commerce de détail selon Staline.]
"Je ne crois absolument pas à l'épouvantail de la baisse du chiffre d'affaires. La vie se résume-t-elle à la consommation et seulement à cela ?"
[Euh... non, et alors ?]
Rédigé par : AML | 1 nov 2012 15:24:33
"D'autant plus que nombre de ces magasins font une soirée où ils ferment tard, qui s'appelle je crois 'nocturne'."
[Donc la nuit, c'est bon, mais le dimanche, faut pas ?]
"On ne voit pas le grand bénéfice du magasin qui ouvre le dimanche."
[Ben... Bricorama, il le voit, apparemment.]
Rédigé par : Jean Theis | 1 nov 2012 16:38:26
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 05 novembre 2012 à 23h03
Sur quoi, je réponds :
"Une récente étude (qui m'a beaucoup surpris) assure que 30 % des Français travaillent régulièrement ou occasionnellement le dimanche."
"Dont un nombre appréciable de fonctionnaires : policiers, médecins des hôpitaux, magistrats, conducteurs de locomotives, techniciens de centrales nucléaires, gardiens de musée, et même professeurs corrigeant leurs copies à domicile. Mais aussi, boulangers, vendeurs sur les marchés, cafetiers..."
"Voilà qui jette un tout autre éclairage sur la revendication de supprimer le travail du dimanche."
"En somme, il ne s'agirait pas de supprimer le travail le dimanche, car je n'ai entendu personne, jusqu'à présent, réclamer que l'on interdise le travail dominical aux catégories susnommées."
"Il s'agirait essentiellement d'interdire aux gens de fréquenter les grandes surfaces le dimanche, grandes surfaces supposées particulièrement nocives."
"Voilà ce que recouvre, en réalité, cette revendication. Il s'agit d'une revendication néo-marxiste et paléo-franchouillarde."
"Si ce n'était pas le cas, les partisans de l'interdiction du travail le dimanche insisteraient pour que l'on ferme les boulangeries, les bistrots, les marchés, les musées et les librairies de gauche ce jour-là."
"Je n'ai jamais entendu personne, d'aucun parti politique, d'aucune catégorie sociale, d'aucune confession religieuse, s'indigner que les établissements ci-dessus soient ouverts le dimanche."
"Curieusement, c'est toujours sur Bricorama que ça tombe."
"Acheter des gâteaux, ce n'est pas de la 'consommation'. Boire un canon au bistrot, c'est sacré, c'est un peu le prolongement de la messe."
"En revanche, acheter des plaques de placoplâtre, ça c'est véritablement satanique, cela prouve que vous êtes bassement matérialiste et obsédé par la 'consommation'."
"Remarquez aussi que 'l'interdiction du travail le dimanche' (revendication largement de gauche), consiste, pour les fonctionnaires (catégorie sociale largement de gauche), à interdire aux autres ce qu'ils s'autorisent à eux-mêmes."
"A preuve, les catégories que j'ai énumérées ci-dessus."
"Pour un agent du service public, c'est tout à fait normal qu'un musée ou une médiathèque municipale soient ouverts le dimanche. Quitte à ce que les nobles Fonctionnaires qui y officient soient payés davantage. Ce n'est pas de la consommation. C'est de la Kultur."
"En revanche, si la FNAC ouvre le dimanche, c'est une intolérable exploitation des pauvres petits prolétaires par le grand patronat capitaliste avide de superprofits, qui s'emploie à abrutir les masses en les obligeant à CONSOMMER."
"Malgré elles."
"Laissez-moi trouver cela légèrement hypocrite."
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 05 novembre 2012 à 23h07
Et je reçois cette réponse stupéfiante:
"@ Robert Marchenoir"
"Je pense que vous mélanger beaucoup de choses. Il y a des services qui doivent fonctionner le dimanche, soit parce qu'on ne peut pas les arrêter (comme les centrales par exemple), soit parce qu'ils sont un besoin nécessaire pour faire fonctionner la société (les transport en commun en sont un mais on peut citer l'hôpital, la police, etc. et on rejoint souvent le premier cas aussi), soit parce qu'ils ont une vocation familiale à compléter le dimanche en famille (comme la restauration, les musées, etc.)."
"De fait, il est vrai qu'un pan entier de la société travaille le dimanche... mais c'est AU SERVICE soit du bien commun, soit de la famille."
"L'ouverture d'une enseigne de vente, quelle qu'elle soit, n'entre aucunement dans cet objectif : c'est purement mercantile."
"Il y a dedans aucune espèce d'indignation avec des relents politiques : bien au contraire, comme le mariage, il s'agit du bon sens, ce qui devrait être la chose la plus naturellement répartie auprès de tous, quelque soit ses opinions religieuses ou politiques."
Rédigé par : PK | 1 nov 2012 22:16:08
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 05 novembre 2012 à 23h11
Du coup, j'attire l'attention de mon interlocuteur sur ces assertions stupéfiantes:
- Il considère qu'un restaurant n'exerce pas une activité mercantile et n'est pas une enseigne commerciale (contrairement, par exemple, à une grande surface de bricolage).
- Lui aime bien, apparemment, aller au restaurant le dimanche en famille, puis se taper une visite au musée, par conséquent le restaurant et le musée sont au service du bien commun et de la famille (contrairement à la grande surface de bricolage, où les gens vont en famille le fusil dans le dos).
- Il ne tient absolument aucun compte de l'effroyable désorganisation de la vie familiale qu'il occasionne aux employés du restaurant et du musée où il se rend le dimanche, puisque c'est sa seule vie familiale à lui qui est au service du bien commun, semble-t-il.
Malheureusement, ces dernières considérations, trop douloureuses pour les anti-dimanchistes, ont été "modérées a priori" par le Salon Beige.
http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2012/11/bricorama-ne-doit-plus-ouvrir-le-dimanche.html#comments
Rédigé par : Robert Marchenoir | lundi 05 novembre 2012 à 23h19
@ Robert Marchenoir
Vous êtes vraiment de mauvaise foi.
On vous dit que les ouvertures du dimanche sont réservés aux commerces qui travaillent dans la branche "loisirs".
Musées, cinémas, discothèques, restaurants font partie de cette catégorie; alors qu'un magasin qui vend des robinets, des prises électriques ou des pots de peinture. NON.
Il n'y a pas à discuter cent sept ans.
Est-ce qu'on autorise les entreprises qui font des tranchées au marteau-piqueur à travailler le dimanche ? Heureusement que non.
Si vous voulez repeindre votre salle de séjour, un dimanche; eh bien, allez chercher votre peinture le samedi.
En revanche si vous voulez, précisément le dimanche, démolir une cloison de votre appartement abstenez vous de le faire, par respect pour les voisins (en espérant que vous respectiez le voisinage,ce qui n'est pas évident).
Rédigé par : surcouf | mardi 06 novembre 2012 à 19h09
Hé bien moi, je suis contre l'ouverture des magasins le dimanche.
Pas pour des raisons économiques ou sociales, les arguments en faveur de l'ouverture l'emportent dans ces domaines.
Pour une raison philosophique : il doit y avoir un jour hors du courant matérialiste ordinaire. J'admets que c'est une position dictatoriale, que je refuse de laisser aux gens la liberté sur ce point.
Quand je serai maître du monde ...
Rédigé par : Franck Boizard | mardi 06 novembre 2012 à 21h28
Mes premiers commentaires se sont mystérieusement évanouis. Du coup, ceux qui sont passés sont incompréhensibles.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 09 novembre 2012 à 21h52
J'adore la tolérance, l'ouverture d'esprit et l'amour de la liberté dont font preuve les gauchistes. Petit échantillon :
"Vous êtes vraiment de mauvaise foi."
Certainement pas. Je suis au contraire extrêmement clair. Je veux la liberté totale de travailler le dimanche pour tous. On ne peut pas faire plus simple et plus franc.
"On vous dit que les ouvertures du dimanche sont réservés aux commerces qui travaillent dans la branche "loisirs"."
J'aime bien les gauchistes qui se prennent pour "on", c'est à dire pour tout le monde.
Manque de chance, tout le monde ne pense pas comme vous, à commencer par les 30% de Français qui travaillent, régulièrement ou occasionnellement, le dimanche.
Manque de chance, "on" dit peut-être ce que vous dites, mais c'est faux. Non seulement ce n'est pas la loi, mais ce n'est pas la réalité. Des boulangeries, des boucheries, des stations d'essence sont ouvertes le dimanche: elles ne sont pas "dans la branche loisirs".
Au demeurant, peu importe ce que dit la loi, puisque mon intervention consiste justement à contester la loi !...
C'est possible, ça ? On a le droit ? Ou bien les graines de dictateurs dans votre genre vont tenter de nous interdire de critiquer la loi -- uniquement quand ça cadre avec leurs opinions, naturellement ?
"Il n'y a pas à discuter cent sept ans."
Dit un petit Lénine de pacotille qui traîne sur le Web.
"On" discutera aussi longtemps qu'on le voudra.
Rédigé par : Robert Marchenoir | vendredi 09 novembre 2012 à 22h04
@robert: suite à une facétie de l'anti spam de ce blog, qui, depuis quelques jours, fait absolument n'importe quoi, vos deux premiers commentaires ont été automatiquement modérés. Je viens de les rétablir.
désolé pour le désagrément.
Rédigé par : Vincent | samedi 10 novembre 2012 à 08h03
Ah, merci Vincent, j'avais la flemme de tout réécrire.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 11 novembre 2012 à 12h32
Tiens, je vois que le Salon Beige a fini par publier ma dernière réfutation de la thèse anti-dimanchiste.
Rédigé par : Robert Marchenoir | dimanche 11 novembre 2012 à 12h41
Le salon beige tourne aussi sous typepad. Ils ont sans doute le même problème d'antispam trop zélé que moi.
Rédigé par : Vincent | dimanche 11 novembre 2012 à 14h34
UN PEU D'HISTOIRE SUR LE REPOS DOMINICAL....
La Loi du 13 juillet 1906, instaurant le Repos Dominical a mis fin à un lon conflit social né d'une Catastrophe Minière dans le Nord et a ouvert une période "d'apaisement religieux" au lendemain de la séparation des Eglises et de l'Etat. Il fallait calmer la colère des Mineurs et éviter les incidents lors des inventaires des biens du Clergé
Cette Loi a donc octroyé aux salariés de l’industrie, un repos de 24 heures après 6 jours de travail. L’article 2 de cette loi fixe ce repos le dimanche, permettant ainsi aux travailleurs la reconstitution de leur force de travail.
Depuis, la lutte des salariés n’a cessé de produire des acquis. En 1919, la journée de 8 heures introduite dans la loi, avec une durée de travail hebdomadaire à 48H, donne la possibilité aux ouvriers de faire leurs courses en semaine et consolidera le repos dominical.
C’est en 1936, avec la semaine de 40 heures que le dimanche est conforté et entre dans ce qu’on appellera le « week-end ». Cette journée de repos permet, depuis, à une majorité de travailleurs de se détendre et de maintenir un équilibre social et familial.
Rappelons qu’au début du 20ème siècle l’espérance de vie se limitait à moins de 40 ans pour 45% des employés et des coiffeurs. Sous le prétexte trompeur de la modernité, il faudrait accepter un recul de plus de cent ans à travers une loi rétrograde qui sacrifie notre dimanche.
Rédigé par : br | lundi 30 septembre 2013 à 09h36