Une affaire saisissante - LeMonde.fr.
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Ca y est, la machine judiciaire se met en route. Le double niveau d'investigation empêchera un enterrement de première classe par les obligés de Wall Street à Washington.
Attorneys General in 40 States Launch Investigations on Foreclosures - Bloomberg.
Feds launch foreclosure fraud investigation
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Le Foreclosuregate prend des proportions incroyables outre Atlantique, forçant le président Obama a opposer son veto sur une législation (code HR3808) votée en catimini par la chambre puis le sénat visant à légaliser les actes notariés du MERS sur tout le territoire, ce qui aurait constitué un début de "bailout furtif".
En complément de mes précédents articles, un tour des meilleurs articles de la presse anglophone (la presse française est sur ce coup indigente)
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En Français
Challenges: "la polémique enfle" - superficiel, "totally misses the point" - représentatif de la presse française.
Une vingtaines d'articles du même tonneau: "les banques américaines suspendent leurs saisies à cause d'irrégularités". Circulez, y a rien à voir. Même BFM n'a pas saisi l'importance de l'affaire.
Rappel : Objectif Eco, la seule véritable synthèse française du Foreclosuregate.
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En Anglais
Beaucoup d'articles informatifs ou analytiques de grande qualité par des chroniqueurs de talent.
Breaking news: Bank Of America suspend ses procédures sur tout le territoire
Quand le procureur de Pennsylvanie invite les familles expulsées à se porter partie civile
New york times: le Foreclosuregate commence à retarder des ventes immobilières
Et une class action co contre MERS et un gros foreclosure mill de Floride, une...
Le retard dans les liquidations va transférer la peine financière des détenteurs de bons junior vers les détenteurs de bons sénior et autres considérations de technique financière, par le Wall Street Journal.
Market watch: la guerre entre familles et banques ne fait que commencer
Barry Ritholtz : la crise des faillites révèle une grave crise structurelle du droit
Le Washington Post: "c'est potentiellement beaucoup plus grave qu'une simple affaire de papiers falsifiés"
Mish Shedlock: considérations variées sur le scandale (excellente synthèse) - La SEC a totalement failli dans le rôle de régulateur que le législateur lui avait pourtant assigné - Et notemment ce passage:
Le sénateur Grayson évoque un "risque systémique" et demande la saisine de la commission ad hoc créée par la loi Dodd-Franck
Felix Salmon, Reuters: Un chaos législatif et financier inimaginable
Gretchen Morgenson : Les agences de notation ont DELIBEREMENT ignoré dès 2006 des avertissements étayés sur le caractère foireux des prêts alimentant les MBS - Article paru le 27 septembre, Je l'avais raté, celui là...
Mr. Johnson said he took this data to officials at Standard & Poor’s, Fitch Ratings and to the executive team at Moody’s Investors Service.
“We went to the ratings agencies and said, ‘Wouldn’t this information be great for you to have as you assign tranche levels of risk?’ ” Mr. Johnson testified last week. But none of the agencies took him up on his offer, he said, indicating that it was against their business interests to be too critical of Wall Street.
Felix Salmon:Goldman, Citigroup, Deutsche Bank, UBS, Merrill Lynch, Bear Stearns et Morgan Stanley pourraient être poursuivis pour informations mensongères sur la qualité des prêts alimentant leurs RMBS...
Interview de Janet Tavakoli :"La plus grande fraude de l'histoire des marchés financiers" - extrait remarquable:
Wapo: Given that our financial system is still fragile, isn’t that a disaster for the economy? Will credit freeze again?
Tavakoli : I disagree. In order to make the financial system healthy, we need to recognize the extent of our losses and begin facing the fraud. Then the market will be trustworthy again and people will start to participate.
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Bonne(s) lecture(s) !
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, crises, foreclosure gate | Lien permanent | Commentaires (5)
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Le scandale du Foreclosuregate a fait une entrée récente remarquablement rapide dans la presse grand public américaine, et le terme de "foreclosure" connaît sur Twitter une popularité inhabituelle. La presse française commence à évoquer ce rebondissement dans la crise financière, mais reste pour le moment assez superficielle.
Après plusieurs articles visant à commenter en direct les différents développements de cette affaire, il m'a paru utile d'en faire une synthèse, pour tenter de vous donner un aperçu général de la situation. Potentiellement, sauf extraordinaire et peu concevable porte de sortie législative, il s'agit du plus grand scandale financier de l'histoire, rien de moins, de par ses conséquences, reléguant l'affaire Maddoff ou les péripéties de "notre" Jérôme Kerviel au rang de simples faits divers.
>> Lire la suite sur Objectif Eco
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nb. Je tiens à rassurer mes lecteurs, je compte prochainement recommencer à écrire sur d'autres sujets. Mais l'affaire est tellement énorme que je n'arrive plus à m'en détacher. Le Climate Gate, à côté, c'était une broutille.
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, crises, foreclosure gate, international | Lien permanent | Commentaires (21)
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Les collyres modernes ayant accompli une sorte de miracle sur ma vue, j'ai pu continuer ma couverture du scandale des saisies immobilières aux USA, que personne ne semble vouloir nommer "foreclosure-gate", dommage.
Et heureusement que la médecine s'est occupée de mon regard, car à chaque nouvelle révélation, j'en prends plein les yeux. Dans cette livraison, donc, nous passons de la négligence à de graves soupçons de fraude massive :
- Une société de services fournissait aux banques pour une trentaine de dollars des attestations de transfert de créances antidatées, d'authentiques faux en écriture, si je puis dire. De nombreuses banques étaient ses clientes...
- Des analystes font remarquer que si les créances n'étaient pas transmises correctement, ce n'était peut être pas que par négligence, mais parce que les créances ainsi "refourguées" aux Mortgage Backed Securities ne respectaient pas les chartes internes d'octroi responsable de prêts des banques...
- Les demandes de moratoires sur les expulsions se répandent à de nouveaux grands états.
- Le comportement au mieux très négligent, au pire frauduleux, des banques et MBS pourrait avoir, entre autres répercussions, de lourdes conséquences... fiscales, qui achèveraient de flouer les épargnants.
- Des détenteurs d'obligations émises par les MBS lancent une première Class Action dans le Kentucky contre une dizaines de sociétés financières et parafinancières.
- La grande presse, la télévision, et Good Morning America reprennent l'info
>> Lire les détails (ahurissants) sur Objectif Eco !
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, crises, foreclosure gate | Lien permanent | Commentaires (9)
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Je vous ai régulièrement informés des embarras des banques US d'abord avec leur système d'enregistrement électronique des hypothèques, le "MERS", considéré comme insuffisamment fiable par un nombre croissante de tribunaux (MERS (1), MERS (2)). Depuis, ces embarras semblent se transformer en véritable bourbier judiciaire, que j'ai qualifié de foreclosure-gate, avec ma sale habitude de voir des scandales partout (climategate...).
Les nouveaux développements de l'affaire ne laissent plus guère de doute: son impact financier sera important.
>> Lire la suite sur "Objectif Eco"
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, crises, foreclosure gate | Lien permanent | Commentaires (9)
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Pas le temps d'écrire du neuf ce soir, mais les dernières annonces gouvernementales de nouveaux déremboursements pour tenter d'écoper le déficit abyssal (21 milliards !) de notre sécu à la petite cuiller me font penser à vous rediriger vers cet ancien article satirique sur notre merveilleux symbole du modèle social français: "Santé, sécu et génie français". Extrait:
"Mais il est là, le génie Français ! Une assurance maladie qui n'assure plus la maladie ! Personne n'y avait pensé avant ! Voilà qui redonne à la France la place incontestée de leader de l'exploration des solutions politiques aux problèmes du monde, assurément ! L'assurance maladie qui n'assure pas est à la santé ce que l'art contemporain subventionné est à la culture: un aboutissement de la démarche déconstructive des vieux schémas intellectuels qui nous empêchent d'inventer le monde de demain"
Sans oublier un de mes préférés, "si la restauration était gérée comme la santé" - Extrait :
"L'état, soucieux de corriger cette inégalité devant le couvert, oblige alors les restaurants non pas à vous facturer directement le repas, mais à envoyer la note à une caisse centrale, qui, après l'avoir augmentée de 5% de frais de gestion, en prélève une quote-part proportionnelle à votre salaire sur votre feuille de paie, en la camouflant sous les sobriquets de CAG - contribution alimentation généralisée - et de charges patronales, vous laissant croire que « c'est votre patron qui paie ». L'illusion de gratuité étant totale, vous délaissez le sandwich et fréquentez deux fois par jour les restaurants, rebaptisés « établissements d'alimentation », l'ancien vocabulaire ayant une connotation par trop... ancien régime !"
Bonne lecture !
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, santé | Lien permanent | Commentaires (4)
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Grace à M. Jan Laarman, à qui vont tous mes remerciements, l'hommage de Russell Roberts (un des duettistes du Cafe Hayek) à Friedrich Hayek que je mentionnais dans les brèves de Vendredi est traduit en Français. Bonne lecture.
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Le come-back de Friedrich Hayek
Russell Roberts, 28 juin 2010, Wall Street Journal -
Il est né au 19ème siècle, il a écrit son livre le plus influent il y a de plus de 65 ans, et il n'est pas aussi connu que l'actrice mexicaine sexy qui partage le même nom de famille*. Et pourtant, la cote de Friedrich Hayek est en hausse.
Quand Glenn Beck** a récemment exploré le grand classique de Hayek, La Route de la servitude, dans son émission sur Fox News, le livre est devenu n° 1 des ventes sur Amazon, et il reste dans le top 10. Hayek est aussi devenu la vedette avec Keynes d’un clip de rap « Fear of the Boom and Bust », visionné plus de 1,4 million de fois sur YouTube et sous-titré en 10 langues.
Pourquoi cet intérêt soudain pour les idées d'un économiste viennois, prix Nobel 1974, largement oublié par la majorité des économistes ?
Hayek n'est pas le seul économiste mort à avoir récemment attiré sur lui l'attention. La plupart des économistes en vie ont perdu de leur crédibilité lorsque la Grande Récession a succédé à la Grande Modération tellement vantée. Et les craintes d'une autre Grande Dépression ont tourné les regards vers le passé. Lorsque Ben Bernanke, président zélé de la Réserve Fédérale, a augmenté le bilan de la Fed, il avait sûrement à l’esprit l’acte d'accusation de Milton Friedman contre l'inaction de la même Fed dans les années 1930. Sur le plan budgétaire, Keynes était aussi soudainement en vogue à nouveau. Les politiques de plan de relance ont été adoptées à grands renforts de « multiplicateurs keynésiens » et de « stimulation de la demande globale ».
Mais maintenant que le stimulus a à peine ébranlé le taux de chômage, et face à des dépenses publiques et des déficits croissants, il est naturel de se tourner vers Hayek. Il défend quatre idées importantes qui valent la peine d’être examinées en ces temps troublés.
Tout d'abord, lui et son collègue économiste autrichien Ludwig von Mises ont fait valoir que l'économie est plus compliquée que la simple histoire keynésienne. Stimuler la demande globale en maintenant des enseignants au travail ne contribuera guère à aider les salariés de la construction et du secteur manufacturier qui ont le plus souffert de la récession actuelle. Si les enseignants n’achètent pas plus de maisons, les ouvriers du bâtiment pourront toujours attendre avant de trouver du travail. Les keynésiens aiment prétendre que creuser des trous puis les remplir à nouveau, c’est mieux que rien, car cela met de l'argent dans l'économie. Mais le principal effet est d'augmenter les salaires des creuseurs de trous, avec des effets limités en dehors de ce secteur.
Deuxièmement, Hayek a souligné le rôle de la banque centrale dans le cycle économique. Les taux maintenus artificiellement bas par l’ancien président de la Fed Alan Greenspan de 2002-2004 ont joué un rôle crucial en gonflant la bulle immobilière et en faussant les décisions d'investissement dans les autres secteurs. La politique monétaire actuelle ne fait plus que différer les ajustements nécessaires pour guérir le marché du logement.
Troisièmement, comme Hayek affirme dans La Route de la servitude, liberté politique et liberté économique sont inextricablement liées. Dans une économie à planification centralisée, l'État intervient inévitablement sur ce que nous faisons, ce que nous aimons, et où nous vivons. Lorsque l'État a le dernier mot sur l'économie, l'opposition politique a besoin d’obtenir de l’Etat la permission d'agir, de parler et d’écrire. Le contrôle économique devient un contrôle politique.
Même lorsque l'Etat essaie d'orienter une partie seulement de l'économie au nom du «bien public», le pouvoir de l'État corrompt ceux qui détiennent ce pouvoir. Hayek a souligné que les pouvoirs bureaucratiques n'attirent pas les anges ; ils attirent des gens qui adorent diriger la vie des autres. Ils ont tendance à prendre soin de leurs amis avant les autres. Et ils trouvent attirante l’augmentation du pouvoir. Le capitalisme de connivence ne doit pas être confondu avec le capitalisme véritable.
Rapidement, la quatrième idée de Hayek est que l'ordre peut émerger non seulement de haut en bas mais de bas en haut. Le peuple américain souffre des ordres donnés d’en haut. Le président Obama a étendu le contrôle fédéral des soins de santé. Il voudrait faire de même avec le marché de l'énergie. Grâce à Fannie Mae et Freddie Mac, le gouvernement dirige le marché hypothécaire. Il possède maintenant également des participations dans des entreprises américaines phare. Le président bafoue la primauté du droit en extorquant des promesses à BP plutôt que de laisser les tribunaux faire leur travail. En augmentant la taille du gouvernement, il nous a laissé moins de ressources à affecter par nos propres décisions.
Hayek avait compris que le contraire du collectivisme « par en-haut » n'est pas l'égoïsme. Une société libre moderne dépend entièrement de la coopération. Nous nous associons avec d'autres pour produire les biens et services dont nous bénéficions, sans ordre d’en-haut. La même chose est vraie dans tous les domaines d'activité qui donnent sens à la vie : quand nous chantons et nous dansons, quand nous jouons et quand nous prions. Nous laisser libres de nous joindre à d'autres comme bon nous semble, dans le travail et dans les loisirs, voilà la route de la prospérité véritable et durable. Hayek nous en a donné la carte.
Malgré les caricatures qu'en ont fait ses détracteurs, Hayek n'a jamais dit que le totalitarisme est le résultat inévitable de l'expansion du rôle du gouvernement dans l'économie. Il nous a simplement avertis de cette possibilité et des coûts qu'elle implique. Nous devrions tenir compte de son avertissement. Je ne sais pas si nous sommes sur la route de la servitude, mais en voyant où nous nous dirigeons, Hayek nous conseillerait certainement de faire demi-tour.
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Russell Roberts est professeur d’économie à l’Université George Mason. Une version originale non payante de son article est lisible sur http://www.hoover.org/news/daily-report/35386
Cette traduction est également publiée comme il se doit par l'Institut Hayek
-------------Rédigé par Vincent Benard dans actualité, divers | Lien permanent | Commentaires (32)
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Ce qui provoque la décision de report sine die du projet de taxe, c’est la fronde qui s’ensuit au sein même de l’UMP. Les députés de ce parti ne craignent plus de monter publiquement leur désaccord avec une politique qui les a aiguillé vers une impasse. Comme, de plus, le projet est devenu inopérant vis-à-vis des Verts, il n’y a plus qu’à le renvoyer aux calendes grecques. Voila comment se bâtit la politique de la France.
A aucun moment on n’a voulu considérer les doutes grandissants sur la validité du fondement scientifique des politiques carbone. On n’a pas mis en balance la situation économique et financière du pays, qui mériterait que tous les efforts soient concentrés sur le seul redressement de cette situation, et la complète inefficacité de notre taxe carbone nationale sur les émissions globales de gaz à effet de serre. « Il ne faut pas plomber la compétitivité de nos entreprises », déclare le Premier Ministre. Cette question, il n’en avait eu cure lorsqu’il a élaboré le premier texte qu’il a fait voter par le Parlement en 2009 !
Rédigé par Vincent Benard dans actualité, fiscalité | Lien permanent | Commentaires (10)
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Pendant le ClimateGate, qui m'a quelque peu occupé ces derniers jours, la terre, bizarrement, a continué de tourner. Entre autres mauvaises nouvelles routinières, la crise financière aux USA, sur laquelle je reviendrai ce week-end ou lundi, la mise en redressement d'Olympia, un scandale législatif à la française, sur lequel j'aimerai trouver le temps d'écire, mais hélas, mes journées n'ont que 24 heures, et surtout, la faillite déclarée hier matin de la première entreprise publique de Dubaï, le promoteur immobilier chargé du développement de l'émirat, entrainant son état de tutelle avec elle.
Cette faillite n'aurait dû surprendre personne. Pourtant, de très nombreux prêteurs, selon l'article du monde lié plus haut, semblent pris au dépourvu, et se retrouvent en danger de devoir enregistrer de nouvelles très lourdes pertes. Il est question de 13 milliards d'euros pour les banques européennes dont quelques banques Françaises...
Pour comprendre pourquoi la chute financière de Dubaï était écrite et outrageusement prévisible pour les tenants des cycles autrichiens de la monnaie et du crédit, voici une explication de la faillite du promoteur World Dubaï que vous ne trouverez certainement pas dans la presse mainstream.
Dubaï : la malédiction des gratte-ciels ?
La faillite du premier promoteur, quasi monopolistique et sous contrôle de l'état via la famille princière, World Dubaï, dont la dette représente 80% de la dette de l'émirat, ne devrait surprendre personne. D'abord parce qu'une structure publique de cet accabit, gérée par des gens habitués à l'argent facile, est l'archétype des structures candidates aux pires erreurs de gestion.Or, nulle part ailleurs qu'à Dubai, les projets de construction plus orgueilleux et délirants ne se sont multipliés, dont la tour de 824m de haut "Burj Dubaï" (photo). Depuis un an, des vidéos circulent sur Youtube, montrant que les immeubles ou les villas des "îles palmier" ne trouvent pas preneur. La folie des grandeurs des nouveaux pharaons les a précipité dans un mur financier. Les constructeurs privés qui se sont associés à World Dubaï vont certainement l'accompagner dans sa chute. La vidéo ci dessous (anglais remarquablement audible) est éclairante. Tournée et diffusée en février 2009, elle montre l'étendue du désastre, avec des pertes estimées déjà à l'époque de plus de 50 milliards d'Euros pour l'ensemble du secteur de la construction.
Rédigé par Vincent Benard dans actualité, environnement | Lien permanent | Commentaires (10)
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Le déficit budgétaire 2008 s'élèvera à 56 ou 57 milliards d'Euros au lieu de 42 prévus par la loi de finances initiale. C'est en substance ce qu'a déclaré le ministre du Budget Eric Woerth sur Europe 1 ce dimanche soir.
15 milliards d'Euros d'erreur: certes, le gouvernement aura beau jeu d'affirmer que cela ne représente que 1% du PIB. Mais Cela représente surtout environ 6% des recettes nettes du budget de l'Etat. Ou encore, 35% de la prévision initiale de déficit. Une paille.
Plus inquiétant: le dérapage est à mettre au compte d'une baisse de 12 milliards des rentrées fiscales pour 2008. Or, tout porte à croire que le phénomène se reproduira en 2009, car les résultats des grandes entreprises du CAC et du SBF, principales pourvoyeuses d'IS, s'annoncent mauvais, crise oblige. Les rentrées de TVA, d'ISF, et d'IRPP sur les revenus de capitaux, ne devraient pas être fameuses non plus. Par contre, les demandes d'indemnisation du chômage, de RMI/RSA et assimilés, vont augmenter.
Or, la prévision de déficit budgétaire pour 2009 s'élève d'ores et déjà à 79 milliards d'Euros (>4% du PIB), soit environ 1/4 des recettes brutes de l'état (hors CL et sécu), et environ 9% de l'ensemble des dépenses publiques (Etat, CL, sécu). Même si l'erreur finale ne sera peut être pas de 35% cette fois ci, on peut s'attendre à une accélération de l'effet "coup de ciseau" sur les dépenses publiques: hausse de la demande d'interventions sociales liées à la crise, entrainant une hausse des dépenses du même nom, combinée à une baisse des recettes de l'état faute de marges suffisantes pour les entreprises. Le déficit final risque donc d'être nettement plus élevé.
Je ne voudrais pas apparaître inutilement pessimiste, mais le mur que j'annonçais dès 2004 (mais en situant le choc plus tard, faute d'avoir prévu la crise des subprimes...) se rapproche dangereusement. Si encore nous étions les seuls à tomber. Mais une grande partie des pays d'Europe et les USA suivent la même pente savonneuse. En cas de chute, aucun "bailout" ne sera à espérer de la part de la "communauté internationale", de l'Europe, ou de qui que ce soit.
Les déficits ne sont financés que par la confiance de ceux qui prêtent aux états. Mais celle ci est elle immuable ? Dans sa dernière édition (janvier 2009), le magazine "éco-people" Capital conseille aux épargnants de... Se tenir à l'écart des obligations d'état. Une première ! L'inquiétude est d'autant plus forte que des analystes réputés (Barron's) recommandent de se tenir à l'écart des bons à longue durée du trésor US, et que le Washington Post estime que pour le trésor US, la fête est finie, et que les taux demandés par les emprunteurs vont fortement augmenter, voire que les USA risquent la pénurie de prêteurs. Et si la dette US n'inspire plus réellement confiance, qu'en sera-t-il de la nôtre ?
Comment se comporteront les institutionnels (banques, assurances) qui assurent la liquidité des marchés obligataires des états, alors que la somme des plans de relance mondiaux qu'il faudra financer en 2009 va alourdir le "stress" sur les capitaux "prêtables", d'au moins 30% ? Quels états continueront d'inspirer confiance envers et contre tout ?
Je crains qu'au vu de telles dérives comptables, l'Etat français ne bénéficie pas du même a priori de confiance que l'état Allemand, par exemple. Et je ne vous parle même pas de l'Italie.
Suffira-t-il à l'état de payer un peu plus cher l'argent pour le trouver ? Beaucoup plus cher ? Ou va-t-il devoir lui aussi faire face à un credit crunch, synonyme de cessation de paiement ?
Les optimistes me rétorqueront que divers organes tels que le FMI envisagent un rebond de la croissance en 2009 (1,9%) et une croissance forte en 2010 (2,6%), ce qui devrait permettre à l'état de retrouver un niveau de recettes lui permettant de limiter ces pertes. Ces prévisions ont selon moi autant de valeur qu'une météo à 100 jours, et relèvent d'une poussée de wishful thinking.
Car pour retrouver un tel niveau de croissance, il est absolument nécessaire que les entreprises investissent, ou que des individus investissent dans des entreprises naissante ou en phase de croissance. Or, pour investir, la confiance dans l'avenir est indispensable. Et avec la perspective d'une fuite en avant dans la dette de l'état, d'une contraction des capacités de crédit des banques, et surtout, aucune éclaircie fiscale sur les revenus de l'investissement productif, je ne vois guère ce qui permettrait à nos entreprises d'adopter un comportement autre que terriblement défensif, ni à nos petites entreprises de trouver les capitaux qui leur permettraient de grandir et d'atteindre une taille moyenne...
Bref, sauf changement radical et rapide de politique publique, l'état va vers de sérieux problèmes de financement quelque part entre 2009 et 2011. Que le gouvernement les anticipe ou qu'il les subisse, il devra, après l'ivresse de la relance, mettre le cap sur une rigueur inflexible s'il ne veut pas que le bateau coule. Un peu comme avait dû le faire un certain François Mitterrand en 1983, pour récupérer de la gueule de bois de 1981-82...
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A défaut d'être climatiquement douce, la rentrée risque d'être chaude sur le front social :
Selon Les Echos, le secteur de la construction est en très grande difficulté: l'organisme qui assure le paiement des sous-traitants (la SFAC, qui a un quasi monopole sur ce secteur. Il faudrait savoir pourquoi, mais pas le temps de chercher...) refuse de réassurer 300 entreprises, ce qui, si elles appliquent strictement la loi, signifie pour ces sociétés un arrêt de leur activité. Et le nombre de contrats de construction signés en novembre est inférieur de moitié à celui de l'an dernier. Bref, 300 constructeurs pourraient n'être que la première vague de dépôts de bilan à venir.
La SFAC et les professionnels se tournent vers... Bercy, pour faire réassurer par le contribuable les ardoises des constructeurs vis à vis de leurs sous-traitants. A 80 milliards de déficit hors sécu pour 2009, on n'en est plus à une petite garantie près. "C'est du hors bilan", comme on disait chez Fannie Mae...
L'interim, indicateur traditionnellement fiable du marché du travail, connaît une baisse d'activité sensible. Or, décembre est traditionnellement un mois ou beaucoup de CDD annuels ou semestriels se terminent. On peut donc hélas raisonnablement supposer que le taux de renouvellement sera plus faible que d'habitude. Les chiffres du chômage de janvier -- qui paraîtront début février -- risquent d'être particulièrement mauvais, sauf miracle du lissage en "données corrigées des variations saisonnières", grande invention s'il en est.
A noter, selon l'article cité en lien, que les professionnels du bâtiment comme ceux de l'intérim comptent beaucoup sur le marché des énergies renouvelables et la mise aux normes des bâtiments pour "créer de nouveaux emplois". Sauf que ces deux secteurs sont lourdement subventionnés, donc toute "création" d'emploi s'y paie par de la destruction ou de la non création d'autres emplois. Sans parler du risque d'éclatement de la bulle verte, qui me parait assez inéluctable, quoique il soit impossible de dire "quand". L'espoir auquel certains se raccrochent tient plutôt du miroir aux alouettes...
Bref, la rentrée d'hiver sera chaude, malgré le climat plutôt rude. Or, pour tout arranger, ne voilà pas qu'une grève dure se profile au nouveau pôle emploi, résultat de la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC.
Peu importe le bien ou le mal fondé de cette décision de fusion sur le principe (à mon avis, une réponse à côté de la plaque à un problème réel mais mal posé. Mais passons. Pas le temps de développer), mais visiblement, d'après des sources internes, cette fusion ordonnée par le politique a été managée façon "haute fonction publique", c'est à dire à la fous-moi-le-camp. Aucun des problèmes bien connus des spécialistes de la fusion des grands groupes privés (organisation du travail, informatique, définition des fonctions et des équivalences salariales, formation, transformation des métiers, etc...) ne semble avoir été traité correctement par le management. Aucun consultant spécialisé dans la fusion d'entités culturellement assez diverses ne semble avoir été engagé. Rien ne semble effectivement prêt à fonctionner normalement, et des milliers de personnes semblent devoir s'apprêter à changer de métier en quelques jours sans formation et sans back-office. Des détails, quoi...
Adoncques, le nouveau pôle emploi semble arriver totalement désorganisé face à la crise. L'efficacité réelle du pôle risque donc de ne pas être meilleure que celle des deux administrations qui l'ont précédée. Et le moral des chômeurs ne devrait pas en sortir grandi. Une coïncidence qui tombe vraiment mal !
Pour peu que la publication des comptes annuels des banques (qui doivent être certifiés, au contraire des trimestriels...) ne laisse apparaître de nouveaux cadavres, ce qui, par les temps qui courent, n'est pas inenvisageable, et nous devrions connaître un début 2009 morose. Très morose.
Et bonne année quand même...
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Dernière minute: la Californie, incapable de lever 5 milliards pour faire face à ses échéances, va utiliser une somme identique initialement budgétée pour des infrastructures pour pouvoir faire face à ses dettes... Encore une signature naguère réputée fiable qui se retrouve au bord de la faillite. Selon le Financial Times:
Sachant qu'économiquement, la Californie est de taille et de niveau de développement assez comparable à... La France (38 Millions d'habitants, PIB de 1700 milliards de $, contre 1700 milliards d'euros pour nous), ou à la Grande Bretagne, voilà qui devrait faire réfléchir ceux qui nous affirment doctement qu'une banqueroute des grands états européens est impossible.
La France, pour ne parler que de nous, va devoir lever environ 150 milliards d'euros en 2009 pour rembourser ses tranches venues à échéance, et financer son 29ème déficit consécutif. Ses recettes fiscales sont prévues aux alentours de 272 milliards (cité de mémoire, pas le temps de vérifier les centimes tout de suite). De nombreux autres états européens sont dans des situations similaires, voire pires.
2009 sera l'année de tous les dangers pour les états trop endettés.
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Rédigé par Vincent Benard dans actualité, crises | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
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Je vous parlais il y a peu de difficultés rencontrées par certains états, y compris avec une bonne signature, pour emprunter sur le marché des capitaux. Et bien, le phénomène semble se confirmer: Hier, l'Allemagne, pourtant sans doute la signature la plus sûre d'Europe, n'a réussi que de justesse à trouver des souscripteurs à une toute petite adjudication de 7 Milliards d'Euros sur deux ans, alors que d'habitude, ce genre d'adjudication est souscrite plusieurs fois.
Encore plus curieux, ce phénomène ne s'accompagne pas d'une hausse des taux. Autrement dit, pour l'instant, l'Allemagne peine à trouver des souscripteurs, mais ceux qu'elles trouve acceptent des taux plutôt faibles. Je n'ai pas trouvé d'explication satisfaisante du phénomène, celle liée aux tensions déflationnistes ne me paraissant pas suffisantes.
Mais l'Allemagne n'est pas la seule à éprouver des difficultés pour
emprunter: les Pays-Bas, pourtant une autre signature en "béton armé",
ont vu leur dernière adjudication légèrement sous-souscrite, ce qui est
une première pour cet état bien géré depuis plus de 20 ans. L'Autriche
est également à la peine. Je suis par avance curieux du résultat des prochaines adjudications du gouvernement Grec...
Il faut dire qu'à part BFM, la presse française semble peu loquace sur cette question. Pourtant, selon le Financial Times :
(1er article)
However, the prevailing view among analysts is that problems in raising debt so soon after many governments have announced fiscal stimulus programmes to revive their economies are a worrying sign with vast amounts of supply due in the coming months.
Governments in Europe are expected to issue more than $1,000bn next year, while the US is expected to raise up to $2,000bn. With up to $2,000bn in government-backed bank bonds also expected next year, analysts say the market faces grave dangers of being “crowded out” as some governments struggle to raise debt or have to pay much higher yields.
(2nd article)
This supply (NdVB : of bonds) could start forcing yields substantially higher, undermining the finances of many governments as their interest rate costs rise. This could lead to curbs in public spending as debt stocks rise.
Finalement, la sagesse des prêteurs, rendus inquiets par la perspective d'une baisse sensible des rentrées fiscales de certains états, va peut être nous protéger des plans de relance inconséquents et financés à crédit annoncés ici et là, forçant enfin les états les plus dispendieux à revoir leur train de vie. Seuls les USA semblent pouvoir continuer à emprunter des sommes pharamineuses à des taux plus que bas, que ce soit à 6 mois, deux ans ou 10 ans. Mais les emprunts nés des plans "Obama" ne sont pas encore sur le marché... Qui sait comment celui ci réagira alors.
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